Bramble : The Mountain King | Héritage ou alternative à Little Nightmares ?

par F-de-Lo

Si vous aimez les jeux indépendants, les jeux d’horreur et si vous éprouvez un certain intérêt pour le folklore nordique, vous êtes sur le point de découvrir ce qui pourrait devenir l’un de vos coups de cœur de l’année. Dimfrost Studio est un développeur suédois particulièrement récent, à qui l’on doit la pépite Bramble : The Mountain King, sorti durant le mois d’avril dernier.

L’héritage de Little Nightmares

Olle essaie d’échapper à Näcken © Bramble : The Mountain King, 2023

Tout débute dans la chambre d’Olle, un petit garçon suédois qui réalise que sa grande sœur Lillemor a disparu. Il va alors partir à sa recherche, à travers l’étrange forêt de Bramble, où il fera des rencontres plus ou moins accueillantes. Pour résister à l’obscurité, Olle est armé d’une pierre brillante nommée « Etincelle de courage ». Mais cela sera-t-il suffisant ?

Dès que nous avons la manette en mains – et ce, bien que le jeu soit en 3D –, il est difficile de ne pas établir la comparaison avec la très appréciée saga Little Nightmares. Olle ressemble, à s’y méprendre, à un garçon en porcelaine, amené à explorer des environnements gigantesques, par rapport à lui. Entre deux phases de plate-formes, l’enfant croise la route de créatures titanesques, dont les intentions sont particulièrement hostiles. La mise en scène utilise beaucoup le hors-champ ou les bruitages pour annoncer les boss, sans trop les dévoiler et, de ce fait, alimenter la peur. Les boss en question finissent par vouloir en découdre, ce qui se traduit par des affrontements dangereux où il est essentiel de mémoriser le pattern de l’ennemi, pour survivre. Beaucoup d’éléments du gameplay ou de l’atmosphère rappellent Little Nigthmares ; comme Six, Olle est amené à trop se familiariser avec l’obscurité, à force de la côtoyer…

Un conte macabre inventif

Olle fait une nouvelle rencontre, dans le marais © Bramble : The Mountain King, 2023

Il est toutefois réducteur de simplement comparer Bramble à la saga de Tarsier Studio. Le jeu suédois à son identité propre et excelle tout autant dans les aspects où il innove. Pour commencer, Bramble utilise efficacement la caméra fixe, comme c’était le cas dans les pionniers du survival horror, comme Resident Evil. C’est d’ailleurs l’occasion de délivrer, à chaque plan ou presque, un tableau somptueux tant la direction artistique et la mise en scène sont renversantes de beauté. Cette caméra fixe ne gêne pas la progression ; on peut même dire que le jeu souffre moins de caprices techniques que le premier Little Nightmares. Olle est capable d’accomplir plus d’actions différentes que Six, et les énigmes ou mécaniques se réinventent, sans être pour autant trop nombreuses. En terme de gameplay, Bramble ne révolutionne rien mais il est efficace et parvient à ne se répéter que très rarement. Enfin, son rythme est assez différent de certains jeux d’horreur, qui, tels des entonnoirs, engouffrent les joueurs dans une atmosphère de plus en plus anxiogène. Le rythme de Bramble est plus en dents de scie, car toutes les créatures du folklore nordique ne veulent pas la mort d’Olle. Certaines sont même bienveillantes, comme les gnomes rencontrés au début du jeu. Il ne faut pas trop endormir sa méfiance, cependant. Si la première moitié du jeu peut sembler étrangement simple, certains boss finissent par opposer une résistance légèrement plus ardue, sans être insurmontable. A ce propos, l’un des trophées exige de terminer le jeu sans mourir, afin de décrocher le Platine.

Un folklore nordique méconnu

Certaines visions sont dérangeantes © Bramble : The Mountain King, 2023

Là où Bramble tire son épingle du jeu, c’est en explorant le folklore suédois et nordique. Or, il n’est pas question de divinités ayant le vent en poupe dans la pop culture, depuis quelques années. Ne vous attendez pas à croiser la route de Thor ni Odin. Il est plus question du folklore traditionnel que de la mythologie. En ce sens, chaque créature et chaque boss (sans oublier certains collectibles) permettent de découvrir des légendes méconnues en France, qui valent pourtant le détour. Bramble revisite plusieurs contes, à sa manière, quitte à rendre certaines créatures plus malveillantes. On peut mentionner Näcken, l’équivalent de Neptune ou de Poséidon. Sa silhouette dénudée et décharnée hante les lacs, armée d’un violon dont la musique est aussi attirante que dangereuse. Dans le Skogsrået vit l’esprit de la forêt, une femme cachant ses cornes et sa queue de vache, pour duper les hommes. On peut aussi mentionner Pesta, une vieille sorcière qui arpente les villages pour transmettre l’épidémie. Si la vieille dame porte un râteau, c’est gage de survie. Mais si elle tient un balai, tout le monde mourra. Ces connaissances certes sommaires sur les légendes originales permettent d’apprécier certains détails, que l’on rencontre notamment lors des combats de boss. En effet, l’une des armes de Pesta est un râteau, mais celui-ci est loin d’être un présage d’espoir.

Il est difficile d’en dire davantage sans spoiler toutes les horreurs et merveilles réservées par Bramble. Le jeu fait référence à beaucoup d’autres contes ou récits historiques, et ce, de façon parfois très mature et sombre. Il n’est assurément pas à placer devant les yeux les plus sensibles. Bien que l’histoire d’Olle ait plusieurs sens de lecture possibles, il ne faut pas s’attendre à quelque chose d’aussi cryptique et transcendant que Little Nightmares, mais il est clair que le boss final est diablement marquant, ne serait-ce que grâce à son thème musical. Si la bande originale de Bramble est très bonne, de manière générale, la reprise de « In the hall of the Mountain King », de Grieg, est absolument grisante.

Conclusion

Que dire de plus ? Bramble : The Mountain King est – pour l’instant – mon coup de cœur vidéoludique de l’année 2023. Il s’agit d’un jeu indépendant macabre qui dissimule à peine son admiration pour Little Nigthmares, en terme d’ambiance, de gameplay et de direction artistique. Bramble est pourtant différent, à bien des égards. Le rythme est moins soutenu, permettant davantage de s’aérer l’esprit lors de moments contemplatifs. La mise en scène est absolument renversante, ce qui redouble la beauté des moments poétiques, tout en rendant la semi-présence des monstres plus angoissante. Ce qui rend Bramble si unique, c’est son exploration d’un folklore nordique méconnu mais fascinant. Sans être révolutionnaire, Bramble est efficace dans tout ce qu’il entreprend, et plus d’une scène, à commencer par la fin, sont marquantes. On peut regretter un scénario moins cryptique et ouvert aux différentes théories, mais Bramble est assurément un bon jeu, qui ne peut que nous inciter à surveiller ce que produira Dimfrost Studio, par la suite. Neuf, en format numérique ou physique, le titre ne coûte qu’une trentaine d’euros. Même si sa durée de vie est de moins de dix heures, il n’y a donc guère matière à hésiter.

  • Bramble : The Mountain King est disponible sur toutes les plateformes, depuis le 23 avril 2023.

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