Un tour au pays des nanars

par Hauntya

Vous avez sans doute déjà vécu ces moments où, en cherchant quoi regarder sur une plateforme de VOD, vous finissez par arriver dans les méandres les plus incongrus du catalogue de films proposés. Des titres improbables surgissent, des pitchs sortis d’un mouchoir de poche, des idées qui ne tiendraient même pas la route dans un rêve mais parfaitement lors d’un trip alcoolisé ou acide. C’est ainsi que dans le catalogue Amazon Prime, j’ai fini par atterrir dans les abysses du genre horrifique. Si ce soir-là, il n’a pas été décidé de regarder un de ces nanars, le défi a tout de même été relevé plus tard… ce n’est pas parce que le 1er avril est déjà passé qu’on ne peut pas rigoler de temps en temps !

Et puis, il y a tout de même une certaine curiosité en voyant défiler ces films plus bizarres les uns que les autres. Comment et pourquoi existent-ils ? Qui en a eu un jour l’idée et sous l’effet de quelle substance ou délire et combien d’argent a-t-il été gâché pour les faire ? Y a-t-il vraiment un public friand de ces nanars de mauvais goût et qui, d’ailleurs, ne font souvent même pas rire ? Il fallait en faire l’expérience. Pour la science, et pour Pod’Culture. C’est en se basant uniquement sur les titres les plus invraisemblables que j’ai fait ma sélection de quatre films. Bonne route vers les navets !

Les zombies font du ski de Dominik Hartl (2018)

Comme beaucoup de ces films série Z, le scénario des Zombies font du ski tient sur deux lignes. En Autriche, trois snowboardeurs·euses se retrouvent coincé·e·s dans une auberge en haut d’une montagne. Un scientifique y expérimente une neige expérimentale qui transforme les fêtard·e·s présent·e·s en zombies. Et voilà, tout tient en quelques mots !

© Ambiance mort-vivante en alpages autrichiens, Les zombies font du ski, Dominik Hartl, 2017

Première surprise, les acteurs et les actrices ne semblent pas si mauvais·es que cela au premier abord. C’est correct au niveau du jeu, même si la plupart des dialogues sont d’une banalité et d’une écriture sans nom. L’origine du virus zombie rappelle tout de suite les plus « beaux » jours de la science-fiction où n’importe quel mélange chimique suffit à transformer des gens en morts-vivants. En fait, c’est tout de même très poussif. Il faut subir une longue, longue première partie composée de conversations sans intérêt, d’une rupture amoureuse avec un couple absolument pas attachant, et de visions de skieurs et skieuses qui fêtent le dernier jour de la station de ski à grand renfort de Stiegl (bière autrichienne) en compagnie d’une tavernière en tenue traditionnelle (on pense à Heidi et au yodel, non sans raison).

Fort heureusement, les choses s’accélèrent quand les fêtard·e·s sont enfin toustes contaminé·e·s, mais continuent à tituber sur la piste de danse. Un reste de gueule de bois ? Non, mystérieusement, la musique continue à les faire danser, peut-être un vague souvenir humain de leur dernier instant. C’est là la seule chance qu’aura notre groupe des trois snowboardeurs·euses pour leur échapper, se réfugier au grenier, tenter de fuir en motoneige, et finalement décider de revenir pour sauver leur ami etc.

Tout cela, encore une fois, n’est pas hyper passionnant si on oublie le contexte « original » de la transformation zombie. Certain·e·s zombies sont ainsi un peu gelé·e·s et peinent à se mouvoir dans la poudreuse. Mais l’apothéose arrive à la fin et redonne un petit coup de peps au film, quand les survivant·e·s commencent à tuer les zombies un par un avec ce qu’ils ont sous la main. La tenancière du bar récupère des armes de la seconde guerre mondiale, les snowboardeurs·euses utilisant bâtons de skis et planches de snow pour décapiter ou couper en deux tout ce joli petit monde. Ça vire à un jeu de massacre relativement fun parce que les armes sont drôles, que les personnages se déplacent en snowboard pour glisser et tuer, le tout sur fond de petites musiques classiques enjouées.

Et petit détail sympathique, la tenancière de l’auberge, d’un certain âge (la cinquantaine ; ce qui n’est pas si vieux en soi, mais mortel dans le monde du cinéma pour les actrices), dont je n’aurais pas donné cher de sa peau, se retrouve parmi les survivant·e·s à tuer du zombie avec un certain entrain et une belle vigueur.

C’est presque drôle dans sa dernière partie, les Zombies font du ski, même si tout est facilement oubliable. Y a des zombies chevreuils, aussi, et ils ont la tête aussi ravagée que les humains quand ils se transforment.

Un peu d’histoire (1): d’où viennent les nanars et navets ?

La différence entre nanar et navet est en général assez connue. Un nanar est un film souvent réalisé avec les plus généreuses et loufoques intentions du monde, sérieusement pour son réalisateur, au point que cela en devient trop, surtout quand on y rajoute un petit budget, des mises en scène et acteurs·ices désastreux·ses. C’est tellement mauvais que cela en devient drôle, également parce qu’on sent une intention authentique derrière. Alors que les navets sont simplement de très mauvais films avec les mêmes défauts (faible budget, interprètes sonnant faux, etc.) et qui ne parviennent même pas à faire rire.

©. Evil Dead 2 en célèbre exemple de comédie horrifique, Sam Raimi, Renaissance Pictures 1987

En remontant un peu plus, les nanars semblent venir surtout des années 80, même si on trouvait déjà quelques films mêlant horreur et comédie auparavant (Une soirée étrange, J.Whale, 1932). Evil Dead 2 (Sam Raimi) semble lancer la vague de ces comédies horrifiques, à l’humour noir, qui comptent parmi les classiques du cinéma : Gremlins, Le bal des vampires, Chucky, Hurlements… Les cinéastes des années 80 et 90, d’après le livre Rendez-vous avec la peur (Olivier Bonnard et Olivier Bousquet) rendent hommage aux classiques d’horreur de la Hammer (ces fameux films de monstres des années 50 et 60) tout en y ajoutant une dose de comédie. Un hommage qui dédramatise l’horreur et en détourne les codes, donnant lieu à des productions certes parfois bas de gamme, cracra, sanglantes… Ainsi naît « l’économie du nanar », ces films au mauvais goût assumé, aux budgets ridicules et aux scénarios tenant sur deux lignes, mais divertissants pour peu qu’on se prête au délire. Et ils dérivent parfois jusqu’aux navets, surtout quand ils surfent sur la surexploitation d’un genre, comme les films de requins cannibales.

Hellitosis : la légende de la bouche puante de Robert J. Mulligan III (2017)

En revanche, j’aurais aimé davantage pouvoir oublier Hellitosis en me disant « c’est un nanar presque mignon » comme le précédent. Entre revoir Hellitosis ou revoir The Human Centipede, je crois préférer le second. Dans tous les cas, un seau pour vomir n’est pas de refus.

Hellitosis – qui est un jeu de mot sur la mauvaise haleine, halitose, qu’on peut avoir par la bouche et le nez – a aussi son scénario qui tient sur un mouchoir de poche, et sur 1h10 (dont dix minutes de générique). Autant dire que c’était là un scénario qui ne tenait même pas assez debout pour se rapprocher des 1h20.

Deux agent·e·s dans l’immobilier, accompagné·e·s de leurs clients, se rendent dans une maison délabrée et qui pue littéralement la merde. Coincé·e·s par une tempête à l’extérieur, ce petit monde se retrouve enfermé, s’alcoolise pour supporter l’odeur, avant de se trouver pourchassé par le monstre qui hante les lieux.

© Ma santé mentale en a pris un coup devant Hellitosis, Robert J. Mulligan III, 2017

En fait, c’est un peu traumatisant de parler de Hellitosis, parce que le·a lecteur·ice va forcément penser que j’ai un grain à avoir tenu bon pour regarder un tel film. Il a quand même fallu le faire en deux fois, tellement c’était dégoûtant. On se retrouve donc dans une maison absolument bordélique que personne ne voudrait acheter, même avec un couteau sous la gorge, avec des pastilles à la menthe dans les placards, des bâches dont on ne sait pas l’utilité, une absence totale de fenêtres qui rend l’éclairage d’un jaune sale épouvantable. Les agent·e·s sont les plus mauvais du monde, entre un jeu amateur qui sonne faux, des dialogues dits et écrits avec les pieds (sauf quand ça fait des jeux de mots sur le vomi et le caca). Quand débarque la créature, ce n’est pas mieux. Si la maison semble bâtie, décorée et parfumée aux excréments, c’est parce que le monstre des lieux a un anus à la place de la bouche, s’exprime en pétant, est couvert d’immondices, et sa grande passion est donc de tuer tout le monde en les étouffant (si possible à renfort de matières fécales), de leur tirer boyaux et tripes, voire de les violer après. Le pire est qu’on a même droit à quelques flash-backs pour expliquer comment il est arrivé là.

Tout ça est d’un immense mauvais goût qui ne donne qu’une envie : gerber ou fuir, ce qui est un peu la thématique du film, me direz-vous. Mais le concept d’Hellitosis, s’il peut faire rire au début par son aspect grotesque, devient trop rapidement d’un mauvais goût répétitif : mauvais jeu de tous les acteurs·ices, scènes de meurtres qui se ressemblent toutes (ça sent le petit budget) et que dire des acteurs qui en font des tonnes, ou qui jouent si mal qu’on voit parfaitement qu’ils ne se touchent même pas lors de bagarres. Même les maquillages de sang sont rajoutés… après hors-champ ou changement d’angle de caméra, pour ne pas avoir à donner l’impression de sang qui coule. Bref, Hellitosos, c’est une véritable immondice et insulte même au concept de nanar et des films série Z. Il y a des images que j’aimerais pouvoir effacer de ma mémoire.

Un peu d’histoire (2) : plaisir coupable des nanars, pulp et leçons de cinéma

© Un des films les plus nanardesques et célèbres : Plan from Outer Space d’Ed Wood

Interrogeons-nous encore un peu sur les nanars et navets. Comme on l’a dit auparavant, certains nanars font rire, sont « authentiques » car le réalisateur derrière la caméra y croit profondément. Films paranormaux, de monstres, d’action, science-fiction, etc, le nanar peut être à toutes les sauces mais il a évidemment un profond affect pour l’horreur. Quand il ridiculise acteurs et monstres en carton-pâte, animés péniblement (et on ne parle pas de CGI désastreuse), il ridiculise aussi la peur qu’on peut en avoir. Pas étonnant alors que ces films aient souvent été projetés dans des drive-in à une époque où il était facile d’emmener sa conquête pour avoir faussement peur, et plutôt rire : plus facile pour commencer un flirt !

Le nanar est aussi généreux dans ses… décors et ses déshabillés, notamment lorsqu’il lorgne du côté de la science-fiction. On peut penser alors, outre le male gaze de l’Histoire du cinéma, à tous ces romans pulp des années 50 et 60, promettant des histoires « sense of wonder », où on s’émerveille des mondes créés, même sans aucun fondement réaliste. On n’hésite pas aussi à mettre des femmes plus ou moins déshabillés sur les couvertures, serment d’exotisme tant dans le voyage que dans la découverte d’autres civilisations désinhibées. Et puis, ces couvertures de l’époque étaient aussi là pour faire vendre ces histoires à un public alors très masculin.

Un autre point commun des nanars et surtout navets, et qui explique certainement encore leurs succès dans des festivals de cinéma internationaux : la leçon de cinéma proposée. Dans ces films, on a tout ce qu’il faut éviter quand on veut tourner un long-métrage. Du jeu d’acteur surjoué ou inexistant aux décors carton-pâte, en passant les incohérences de scénario, de mise en scène, de lumières, de photographie, de rythme… On a tout, TOUT ce qu’il ne faut pas faire. Parfois, assumé ; d’autres fois, cela permet vraiment de saisir le langage du cinéma et se rendre compte à quel point il faut le maîtriser pour rendre un film agréable et regardable. Et ne pas perdre ses neurones devant.

Jurassic Shark de Brett Kelly (2012)

Des industriels font du forage illégal sur une île au milieu d’un lac et font fondre une couche de glace libérant un mégalodon, requin historique. Deux filles en bikini se font bouffer. Un groupe d’étudiant·e·s vient sur l’île pour enquêter sur l’usine désaffectée (spoiler : c’est juste un vieux garage, côté tournage) et rencontrent un groupe de braqueurs qui veulent échapper à la police. Le requin finit par manger les méchant·e·s et deux héroïnes sur quatre survivent. Fin. Scène post-générique : ah, mais le requin avait un bébé qui va lui aussi manger des gens.

© Vous êtes sûrs qu’il y a un requin dans votre film de requins préhistoriques ? Jurassic Shark, Brett Kelly, 2012

Les filles en bikini, souvent sans trop de logique : check.
Le gros requin méchant en images de synthèse absolument immonde qui ne peut même pas mâcher un humain correctement : check.
La chef de gang qui fait sa dure à cuire mais joue tellement mal qu’on aimerait qu’elle soit dévorée tout de suite : check.
Les dialogues du scénario qui n’ont AUCUN sens ni aucune logique : check.
Les personnages qui ne savent tellement pas jouer que lors de scènes émouvantes, ça se limite à regarder le sol et prendre la tête entre ses mains : check.
Les (trop) longs plan d’eau, de ciel et de forêt filmés sans aucun sens du mouvement ni de la géographie spatiale : check.

Peut-être que ce film est la quintessence même du film d’horreur navet. On se demande qui a écrit l’histoire de façon aussi invraisemblable, choisi les acteurs et actrices pour leur jeu non-existant, qui a filmé sans savoir manier une caméra ni gérer les lumières. Mais qui a bien pu y mettre de l’argent ? C’est même sorti en format physique !

Disons que Jurassic Shark coche toutes les cases du film horrifique qui a dégénéré. Oui, on va voir des filles en bikini, parce que les films d’horreur ont longtemps vécu avec le male gaze et le prétexte de voir des héroïnes vulnérables face à des tueurs ou des monstres. On a le syndrome de la grosse bébête monstrueuse disparue depuis des milliers d’années qui revient, affamée et prête à tout manger… dans un lac… parce que les requins vivent dans l’eau douce apparemment. On a les scientifiques (identifiables à des blouses blanches) qui se fichent des contaminations de leurs expériences tant que ça rapporte de l’argent. On a la bande de vilains menée par une soi-disant badass en cuir noir, car oui, elle s’habille tout en noir, c’est une méchante, au cas où on n’avait pas compris. À ses côtés, les hommes de son groupe roulent des mécaniques (merci les muscles gonflés à la salle) et sont aussi expressifs qu’une pierre, y compris quand l’un perd son frère.

Est-ce que j’ai parlé du requin préhistorique qui vit dans de l’eau douce et dont les héroïnes craignent qu’il s’échappe en mer… alors que c’est un lac fermé ? Est-ce que j’ai parlé des transitions jour-nuit qui n’ont aucun sens, quand ils vont dormir alors qu’il fait encore plein jour ? Ou encore du fait qu’ils dorment en forêt après avoir marché CINQ heures sur l’île, mais le lendemain, ils se réveillent près de la rive ?

Je dois aussi mentionner le fait qu’en ayant de l’eau jusqu’aux genoux, soit dans quarante centimètres de profondeur à deux mètres de la rive, le requin par ailleurs géant arrive quand même à se faufiler pour les bouffer. Et qu’ils ont du mal à remonter à la surface et font semblant de ne pas réussir à nager alors qu’ils avaient pied une seconde avant. Grâce à Jurassic Shark,je perds le peu de cerveau et/ou de santé mentale qui me restait après Hellitosis.

Un peu d’histoire (3) : l’horreur « analogique »

On connaît bien le sous-genre « Found footage », dont l’influence principale vient du film Blair Witch, où des jeunes filmaient leur recherche d’une sorcière en pleine forêt, la caméra étant le seul témoin de ces événements supposés véridiques. D’autres suivront : REC avec son histoire de zombies espagnols, Paranormal Activity et ses maisons hantées… Ce côté vidéo amateur permet à la fois de rendre une histoire plus proche de nous et théoriquement plus authentique, tout en jouant de ses contraintes (caméras fixes, par exemple) pour créer de la tension et de l’angoisse.

Mais vient ensuite, depuis les années 2010, un autre sous-genre qui prolonge ce mouvement : l’horreur analogique, diffusée via les nouvelles technologies numériques. On pense ainsi tout de suite aux creepy pastas, comme le célèbre Slender Man, mais également à tous ces projets effrayants issus de la culture Internet : la fondation SCP et ses entités étranges enfermées dans un immense centre de recherches, les backrooms, labyrinthe de niveaux déserts, angoissants et inhabitables…

© Il y a bien quelque chose de malaisant dans ce Skinamarink réalisé par Kyle Edward Ball, Mutiny PIctures et Ero Picture Company, 2022

L’horreur analogique est ainsi une forme d’horreur créée à la fois par la culture issue d’Internet et le retour à une imprécision technologique qui rend la peur plus angoissante, parfois reliée directement à nos peurs d’enfance. Les liminal spaces sont nés de ces photos en basse qualité qui nous évoquent des lieux familiers, universels, mais vides, nous mettant mal à l’aise par l’absence de vie. Le film Skinamarink (Kyle Edward Ball, 2022), tourné en extrême basse qualité, comme une VHS, à hauteur d’enfant et empêchant de voir en pleine clarté les détails d’une maison, génère un malaise rappelant nos peurs juvéniles. La volontaire pixellisation de ces films propose une forme de peur inédite, en contraste avec tous nos films 4K et nos jeux hyperréalistes, sans la moindre trace d’ombre. Également, l’horreur analogique est un terme utilisé pour ces long-métrages moins imprécis mais jouant des moyens technologiques que chacun possède chez soi : les caméras des ordinateurs et téléphones portables, l’usage des réseaux sociaux et des sites Internet. Un film représentatif du genre est Unfriended (Levan Gabriadze, 2014) qui utilise tantôt une discussion en vidéo, les pages Facebook et Youtube pour raconter son histoire. On peut aussi penser aux vidéos d’amateur sur Youtube et Tiktok proposant un contenu horrifique, comme les backrooms de Kane Pixels.

Untitled Horror Movie de Nick Simon (2021, uniquement en VO)

Ah, un autre de ces films qui surfent sur la vague pandémique ! Oh, j’ai quand même été un poil déçue : Untitled Horror Movie n’est ni un nanar ni un navet, mais un énième film d’horreur pour adolescents, simplement pas terrible. Les acteurs·ices d’une sitcom apprennent qu’iels sont virés du tournage, en plein confinement. Ils décident alors de continuer le projet fun déjà en cours : faire leur propre film d’horreur, chacun depuis son écran et avec les moyens du bord. Malheureusement, la cruche blonde du film invoque véritablement un esprit avec le pendule qu’elle possède. On suit leur possession et mort surnaturelle via les écrans split de chacun ou les visios sur téléphone.

© Énième flop horrifique avec Untitled Horror Movie, Bronwyn Cornelius Productions, Spectrum Studios, Anarchy Post, de Nick Simon, 2021

Énième histoire de possession, énième film pour ados destiné à faire peur et aussi un peu rire avec tous ces personnages qui prennent des décisions plus débiles les uns que les autres, chacun·e étant par ailleurs très stéréotypé·e. On ne se prend d’affection pour personne, l’humour tombe à plat, la chute est nulle au possible en jouant sur le côté comico-horrifique, mais n’est pas Evil Dead qui veut. Bien que soi-disant basé sur une histoire vraie et présenté comme un autre found footage parmi d’autres, des éléments extradiégétiques comme certaines musiques contrecarrent complètement le côté « véridique » du récit.

En fait, c’est triste car il n’y a pas grand-chose à en dire. Tout est cliché et prévisible au possible, le seul côté original appartenant à ce contexte de film tourné en plein confinement. Ce n’est pas le seul film à s’y être essayé, jouant avec les visuels type « Zoom », écrans splits, visio des téléphones, etc. pour créer un nouveau type d’horreur et renouveler le genre. Le plus drôle étant ici qu’il n’y a jamais la moindre véritable allusion au confinement. Le film s’affirmant comme comédie, il ne faudrait pas rappeler le contexte difficile de la pandémie et de son isolation au spectateur, alors que l’histoire en joue. Bref, ça fait partie de ces films surfant sur une vague et qui essayent de faire quelque chose, mais s’écrasent. Dans le même genre, je conseillerais plutôt Host (Rob Savage, 2020) qui assume pleinement son origine pandémique et réussit à faire un bon film d’horreur paranormal en 40 minutes à peine.

Conclusion

Que conclure de ce voyage au pays des nanars ? J’ai eu un léger aperçu de ce que pouvait être un nanar avec Les zombies font du ski, même si j’ai conscience que cela est bien loin derrière les films les plus cultes du genre. J’ai enchaîné deux navets pour lesquels j’aimerais pouvoir me rincer les yeux à l’eau de Javel, et terminé avec un de ces multiples films comico-horrifiques sans identité ni surprise dont le cinéma nous abreuve depuis des années. Je n’ai pas forcément plus de réponse sur qui (et pourquoi) en vient à faire des horreurs comme Hellitosis ou Jurassic Shark, à part pour espérer se faire de l’argent avec les fans de monstres absurdes et me dire que certaines personnes ont trop d’argent, tellement d’argent qu’ils tentent de faire un film sans même connaître un peu de langage cinématographique.

Cela m’a malgré tout permis de découvrir un peu les origines du genre, de trouver un nouveau seuil de tolérance pour les mauvais films, en découvrant un tout autre niveau abyssal de jeu navrant et de mise en scène à s’arracher les cheveux… et j’espère que cela vous aura fait un peu sourire !

Vous voulez en savoir plus sur les nanars ? Voici quelques ressources consultées pour écrire cet article :

  • Le site Nanarland.com, tenu par un groupe de passionné(e)s des films nanardesques, regroupant chroniques, glossaires, dossiers, etc.
  • L’article Survol d’un cinéma désastreux : le cas du nanar, de William Pépin, est une belle introduction au genre avec plusieurs exemples de films.
  • L’article L’émancipation par les monstres nanars de Christophe Mincke et Quentin Verreycken permet comprendre l’importance du monstre dans ce type de films.
  • Le livre Rendez-vous avec la peur : le cinéma d’horreur de Nosferatu le vampire à Get Out, propose une belle ressource sur le genre horrifique, écrit par Olivier Bonnard et Olivier Bousquet, éditions EPA (malheureusement en rupture de stock).

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