Deuxième BD de Gaëlle Geniller après Les fleurs de grand frère, publiée chez Delcourt, Le jardin : Paris nous emmène à la Belle Époque, à Paris, au cœur d’un cabaret nommé Le Jardin. Un lieu où dansent chaque soir plusieurs femmes aux noms de fleurs, et dont la plus jeune danseuse se trouve être Rose, un jeune garçon tout juste adulte, élevé là depuis son enfance par sa mère, la gérante du cabaret.

Une poésie de couleurs et de formes

©Le Jardin : Paris, Gaëlle Geniller, éditions Delcourt, 2021

Le Jardin : Paris nous plonge dans un univers empli de multiples couleurs, proposant des pages aux nuances douces et feutrées, illuminant l’album à chaque page. Les traits de dessin ne sont jamais agressifs, mais plutôt satinés, ronds et pleins de vie, reflétant l’inspiration de la mode et de l’atmosphère des années 20 choisis par Gaëlle Geniller. Ce qui charme avec Le jardin, ce sont ses couleurs, ses lumières avant tout. La bande dessinée est empreinte de vie, pétille d’une page à l’autre avec sa palette de teintes chaudes, resplendit avec l’Art nouveau présent à chaque case. Le Jardin se distingue, dès la couverture, par son jeu d’ombres et de lumières, d’alternance entre la vie quotidienne douce, intimiste, et les moments sur scène du cabaret, emplis de beauté et de sensualité.

Rarement une bande dessinée aura ainsi autant donné l’impression, en quelques pages, d’une atmosphère confortable et sereine. On sent vite que malgré les sujets délicats abordés – la réflexion sur le genre, les conditions de vie de danseuses de cabaret, la tolérance plus ou moins ouverte de la société – Le Jardin n’est pas là pour emprunter des rouages dramatiques prévisibles, mais bien plus pour proposer une histoire bienveillante, emplie de bons sentiments, sans que cela ne soit niais, au contraire ! L’autrice nous offre une intrigue où les personnages et leurs parcours sont au cœur du récit, avec une simplicité et un naturel remarquables, ainsi qu’avec  des messages justes, réfléchis, mais jamais appuyés lourdement, sur le choix de mener sa propre vie en outrepassant le regard des autres.

Un conte sur la différence, l’acceptation de soi et le fait de grandir

Rose est un jeune homme élevé au milieu des danseuses depuis sa tendre enfance : par conséquent, la danse lui paraît parfaitement naturelle, au point que lui aussi se mette à danser sur scène, quand l’histoire commence. On suit alors son évolution, ses premières danses forcément marquées par le stress, puis l’épanouissement que lui procure cet art, la danse qui est pour lui un moyen de communication, de transmettre son énergie et sa joie de vivre aux autres.

©Le Jardin : Paris, Gaëlle Geniller, éditions Delcourt, 2021

Il se fait alors remarquer, au cours du récit, par Aimé, un homme avec qui va naître une belle relation platonique, d’abord amicale puis amoureuse. Et si Le Jardin propose quelques scènes où le travestissement de Rose se confronte au regard d’une société pas toujours très ouverte, il s’en tire toujours avec une simplicité faussement candide, se confrontant aux conséquences d’un succès et d’une exposition publique grandissants. Il grandit, se montre vulnérable, s’expose aux autres, montrant l’acceptation de soi et le bonheur qu’il peut y avoir à être différent, à proposer une vision singulière du genre au monde, à offrir simplement par la danse des moments de beauté, qu’on soit homme ou femme.

Au-delà de l’histoire centrale de Rose et Aimé, ce sont aussi les vies des autres danseuses du Jardin qui nous sont racontées par fragments, offrant à la fois un regard sur la société des années 20, mais aussi sur les choix de vie et les parcours pour s’émanciper et devenir libre. Des histoires de femmes, qui vivent entre elles dans ce petit cabaret parisien, formant une famille, des destinées et des caractères différents, qui doutent, qui se cherchent, avec toujours cette bienveillance et cette ouverture d’esprit qui fait du bien durant la lecture de ces deux cents pages. L’atmosphère si feutrée et agréable de la BD tient ainsi non seulement de son parti pris esthétique, mais aussi de la douceur et de l’émotion de son histoire, sans jamais sombrer dans la naïveté ou le mélodramatique.

Chaleureux, empreint de poésie, d’une lumière bienveillante et d’une patte graphique aux couleurs chatoyantes, Le Jardin : Paris est une merveilleuse bande dessinée qui se démarque par son histoire et ses réflexions, créant un lieu-refuge, une maison où l’on peut grandir et faire ses propres choix. Avec l’émancipation de Rose, un héros qui casse la rigidité des codes attribués au genre, Aimé dépeint comme un homme à la vie très mécanique avant de trouver un amour platonique, et les histoires secondaires des danseuses autour d’eux, Gaëlle Geniller propose un récit aussi sensible qu’enchanteur, dont la lumière et le positif font assurément du bien !

  • Le Jardin : Paris est disponible depuis le 6 janvier 2021 aux éditions Delcourt.
  • Vous pouvez découvrir le début de la BD sur le site de l’éditeur à cette adresse.
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Les tomes de Chiruran se suivent et ne se ressemblent pas. Cette grande fresque historique qui raconte la création du Shinsen gumi, une milice de samouraïs légendaire, n’a cessée de se renouveler au fil du temps. Sous l’angle d’un shonen tout ce qu’il y a de plus classique, Eiji Hashimoto et Shinya Umemura ont en effet su éviter de tomber dans les écueils du genre pour mieux porter leur histoire, en cherchant toujours à aller un peu plus loin et faire de véritables bons qualitatifs d’un tome à l’autre. Sans surprise, ce cinquième volume ne déroge pas à la règle.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

Vengeance personnelle

© 2010 by EIJI HASHIMOTO AND SHINYA UMEMURA / COAMIX All rights reserved

Si Chiruran commençait à esquisser tout de même une forme de routine maintenant que tous les personnages ont été présentés et bien installés, ce cinquième tome vient faire voler en éclats les certitudes de la fin du tome 4. Et pour cause, exit les grands combats et les moments de fraternité au sein de la milice, place plutôt à une longue quête de vengeance pour un personnage secondaire. Une aventure qui anime le tome d’un bout à l’autre, où la violence et les émotions se mêlent dans un tout bouleversant. On y découvre par ailleurs un superbe effort effectué sur la mise en scène, notamment celle d’un combat qui, du haut d’un long escalier, devient un moment marquant du manga qui propulse le style de Eiji Hashimoto encore plus loin. A ses dessins se mélange l’écriture de Shinya Umemura qui est plus juste que jamais, dans un récit duquel se dégage une forme de poésie. Ce tome 5 pose un regard amer sur la vie menée par des guerriers (et désormais même une guerrière !) qui abandonnent tout et, souvent, perdent au nom d’un conflit qui les dépasse. En s’orientant vers l’angle de la vengeance, le récit remet au centre des débats les émotions et les craintes des personnages eux-mêmes, au-delà des considérations politiques ou stratégiques qui animaient le récit précédemment au gré des alliances qui tentaient de se nouer.

C’est ainsi que l’auteur se découvre un vrai sens du drame, tant par ses choix de mise en scène que son écriture d’un personnage secondaire prêt à tout pour sauver son honneur et la mémoire de l’être le plus cher à ses yeux. C’est très fin, fort dans ce que ça raconte, d’autant plus que cela permet aussi de donner plus d’ampleur au héros, Toshizo Hijikata, qui commence peu à peu à ressembler à ce qui se dit sur ce mythe de l’histoire Japonaise. Autrefois fanfaron, il met son immaturité de côté et gagne en sérieux, en charisme et leadership, en toile de fond de ce tome au ton extrêmement dramatique. Un changement de caractère qui a été progressif, le personnage ne manquant pas d’occasions d’être un peu bête, shonen oblige. Néanmoins la transition est réussie et on sent que Chiruran a encore beaucoup de belles choses à dire sur son héros.

Un exemple de mise en scène

J’ai parlé plus tôt du combat en haut des marches, mais de manière générale la mise en scène est une sacré réussite, avec ce qui est probablement le plus gros bond en avant du manga. Si Chiruran n’a jamais été en restes en matière visuelle, on sent que le manga passe encore une étape supplémentaire et offre des planches absolument sublimes, des moments de grâce comme il y en a finalement rarement eu jusqu’ici. C’est bien simple, s’il m’est difficile de citer beaucoup de planches mémorables (malgré d’excellents moments) sur les précédents tomes, il y a là dans ce cinquième deux ou trois scènes que je ne suis pas près d’oublier. Au-delà du dessin, c’est le mouvement et le découpage qui apportent un nouveau rythme au manga, donnant beaucoup de force et de cohérence à cette histoire de vengeance. On est d’ailleurs presque face à un tome qui pourrait se lire indépendamment du reste tant l’histoire se tient bien en elle-même, grâce au récit mais surtout à sa mise en scène.

Chiruran, c’est un manga que l’on croît à chaque fois sur le point de s’embourber dans la routine, et qui à chaque fois nous trompe en amenant un nouveau truc, un détail qui fait voler en éclats nos certitudes. Et quelle démonstration de force dans ce cinquième tome, où Shinya Umemura et Eiji Hashimoto se dépassent pour offrir un véritable exemple de narration et de mise en scène dramatique, manipulant l’art du drame pour mieux sublimer une quête de vengeance inattendue. Si les thématiques abordées, autour de l’honneur, sont classiques pour le genre et attendues quand on parle de samouraïs, le manga parvient tout de même à surprendre et à offrir quelques scènes qui resteront en mémoire des lecteur·ice·s. C’est très, très fort.

  • Le tome 5 de Chiruran est disponible en librairie depuis le 8 décembre 2021.
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Quelques années après l’étonnant Beelzebub ainsi que Hungry Marie, Ryuhei Tamura refait surface avec le non-moins surprenant Badass Cop & Dolphin. Aussi improbable que son nom le laisse paraître, le manga nous conte les aventures d’un duo pour le moins unique : un flic aux méthodes douteuses et un… dauphin, à l’allure humanoïde. Absurdes, les prémices du manga nous emmènent pourtant sur une enquête policière tout ce qu’il y a de plus sérieux.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

Enquête atypique

SHAKUNETSU NO NIRAI KANAI © 2020 by Ryuhei Tamura /SHUEISHA Inc.

Boyle Samejima, un flic violent est envoyé sur une île paumée quelques mois en guise de sanction après un énième écart. Désemparé par cette mutation, lui qui s’attend à s’ennuyer ferme au milieu de la campagne dans un endroit où il ne se passe rien, il va néanmoins vite être surpris en voyant ce qu’abrite l’île d’Anegashima. Mis sur l’enquête relative au « Culte de la Mer », une secte qui voue un culte à une fillette qui détiendrait des pouvoirs surnaturels liés à la mer, il fait vite la rencontre d’un certain… Orpheus F. Lipper. Particularité, celui-ci a un corps d’homme et une tête de dauphin. Ce ne sont alors que les débuts des ennuis pour un flic qui s’attendait à s’ennuyer, et qui se retrouve dans une sorte de monde improbable où des poulpes kamikazes sont pourchassés par la police et où un officier dauphin ne semble surprendre personne. Le héros est complètement largué, comme les lecteur·ice·s, alors qu’aucune forme de logique ne s’applique aux situations racontées par Ryuhei Tamura. Une sorte d’absurde poussée à son paroxysme, l’auteur flirtant avec les limites de ce que la raison peut bien justifier dans un récit qui ne s’embarrasse pas de la moindre règle de logique.

Absolu rien ne fait sens, l’officier dauphin assénant des vérités foncièrement stupides et inattendues sur un redouté gang des mers et c’est là-dessus que joue l’humour du manga. C’est cette volonté d’aller toujours plus loin dans l’inattendu qui donne à Badass Cop & Dolphin un comique de situation extrêmement efficace, alors que l’on se sent vite submergé·e par un environnement sans queue ni tête. Le grotesque est le maître mot d’un auteur qui ne recule devant rien pour faire perdre la tête à son héros, dans une succession de petites enquêtes où se révèlent les spécificités de ses personnages. Et on y découvre d’ailleurs quelques personnages attachants, entre la gamine aux pouvoirs surnaturels, le dauphin ou les autres flics qui restent stoïques face à ce qui devrait les effrayer ou, au moins, les étonner. On retrouve d’ailleurs quelques éléments de Beelzebub, avec son héros grande gueule et l’enfant atypique, mais l’auteur semble vouloir aller encore un peu plus loin. Difficile de dire si cela tiendra sur la durée, toutefois ce premier tome de Badass Cop & Dolphin est extrêmement drôle.

Comme si de rien était

Ce qui est si drôle, c’est que des choses complètement improbables (un dauphin humain policier ?) ne laissent paraître aucune forme de surprise ou d’étonnement sur les visages d’autres personnages : seul le flic qui débarque est choqué, surpris de voir que l’existence d’un dauphin policier ne suscite aucune interrogation chez ses congénères. Un peu comme s’il débarquait au milieu d’une secte où chaque adepte était convaincu·e de la normalité d’idées qui n’ont rien de commun. Le fait que le héros soit paumé, comme nous, on va pas se mentir, rend le tout extrêmement savoureux. Le désarroi de ce flic, du genre gros bras, face à des choses complètement hors de toute logique fait beaucoup rire. Car on n’est pas dans un récit de fantasy, du moins pas au premier degré, l’existence d’un flic dauphin ou d’un gang marin n’a rien de « normal » dans le monde de Badass Cop & Dolphin, un monde similaire au notre. A l’exception qu’il semble exister une île complètement atypique, que le héros découvre avec des yeux innocents et en se posant énormément de questions. La situation est absurde, à la fois pour les lecteur·ice·s et pour le héros, appuyant un peu plus sur le comique de situation que Ryuhei Tamura maîtrise très bien.

Il est difficile de parler de Badass Cop & Dolphin car son grand n’importe quoi, sa recherche de l’absurde et sa volonté de perdre le lecteur·ice dans un monde où rien ne fait sens radicalise presque son approche. On pourrait parfaitement passer outre son humour et être simplement dépité par la bêtise de ce qui est raconté, mais je me suis vite rendu compte que j’étais complètement client de cet humour atypique, sans considération pour la moindre forme de logique, où chaque situation, chaque enquête policière est l’occasion d’aller un peu plus loin dans le grand n’importe quoi. Pourtant, en toile de fond se dessine une plus grande enquête, quelque chose d’assez intriguant qui laisse espérer que le manga puisse être capable de tenir sur la durée. En tout cas, je l’espère.

  • Le premier tome Badass Cop & Dolphin est disponible en librairie, aux éditions Kazé depuis le 12 janvier 2022.
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Parfois jugée difficile à suivre, la continuité DC (comme Marvel, à la concurrence) tente de se relancer régulièrement via des « crises majeures », celles-ci servant d’excuse à des relances des univers pour pouvoir attraper un nouveau public. Derrière les logiques marketing et l’ambition de faire exploser les ventes, ces relaunch servent aussi à faire le point sur le passé et mieux envisager l’avenir. On se souvient par exemple de la crise Flashpoint, œuvre monumentale qui a redonné une belle jeunesse à DC Comics. Après une ère Rebirth, on en arrive désormais à l’ère Infinite, dont les premiers numéros sortent ce mois-ci en version Française chez Urban Comics et que l’on va tenter, mois après mois, de raconter au travers des différents albums proposés. Pour ce mois de janvier, on commence avec l’anthologie DC Infinite Frontier, ainsi que les premiers tomes de Batman Infinite et de Wonder Woman Infinite.

Cet article a été rédigé suite à l’envoi de copies des tomes par Urban Comics.

Pour bien comprendre où nous en sommes à l’aube de Infinite, il faut se remémorer les derniers instants de l’ère Rebirth. On doit la conclusion puis la transition à trois hommes : les auteurs Scott Snyder et James Tynion IV sur Batman Death Metal, et Joshua Williamson sur DC Future State.  Deux événements qui remettaient en cause l’état du monde de DC Comics, notamment avec la guerre contre le Batman qui rit dans Death Metal qui a permis d’établir une nouvelle vérité : la Terre fait partie du multivers, ou plutôt « l’omnivers », où le monde de DC s’émancipe des 52 réalités parallèles précédemment établies pour en arriver à une infinité de réalités. Pirouette scénaristique assez improbable certes, mais qui permet désormais aux auteur·ice·s de DC de pouvoir considérer comme canon à peu près n’importe quoi, et de pouvoir raconter des histoires très différentes sans être lié·e·s par la considération du multivers. Sorte d’éclatement favorable à la création, cela implique aussi une intellectualisation du multivers qui dirige l’anthologie DC Infinite Frontier vers une difficile quête d’explications qui pourrait (déjà) mettre des lecteur·ice·s sur la touche. D’autant plus que, contrairement à l’ère de New 52 (lancée en 2011 après la crise Flashpoint), ce relaunch ne fait pas table rase du passé, et implique de nombreuses références à l’ère précédente.

DC Infinite Frontier, les bases d’un nouvel univers

© 2021 DC Comics / 2022 Urban Comics

En effet, cette anthologie DC Infinite Frontier se distingue par une première approche ardue, mêlant de nombreux personnages de multivers qui ne sont pas parmi les plus connus de l’univers DC. Entre le Président Superman et l’histoire de La Quintessence, qui en larguera plus d’un·e, le comics puise la source de son récit dans une intrigue qui intervient entre deux grands événements. La guerre contre le Batman qui rit (Death Metal) et la découverte de l’omnivers, alors que Wonder Woman s’est sacrifiée pour sauver le monde, allant dans l’au-delà, devenue déesse. Le monde entier a appris l’existence d’un multivers, certain·e·s civil·e·s ayant même des souvenirs des événements de Death Metal et de la destruction du multivers, tandis que d’autres prétendent que tout ça n’est que foutaises et que les super-héro·ïne·s ne sont qu’une invention servant à contrôler la population. On sent d’ailleurs là que Joshua Williamson a été très inspiré par notre monde actuel avec les mouvements politiques, lobbys et politicien·ne·s qui aiment prétendre que le ciel n’est pas bleu. Le Trumpisme n’est pas près de cesser d’inspirer les auteur·ice·s de comics.

Devenue déesse, Wonder Woman explore le monde de DC tel qu’il était sous l’ère Rebirth, comme pour en tirer une conclusion et voir la nécessité de faire émerger de nouveaux mondes. Elle incarne une figure quasi-messianique qui survole ces mondes, observant tour à tour Batman, Superman, Flash ou encore d’autres personnages moins populaires, en portant une forme de jugement sur leurs actions, cherchant la faille ou ce qui les anime. Aussi fascinant que difficile à suivre pour des néophytes, il faut entrer dans cette lecture en se disant qu’elle distille simplement des bouts d’histoire qui seront exploités (ou non, d’ailleurs) par les séries Infinite, accepter qu’il y a une part d’ombre et d’incompréhension. Ce qui est d’autant plus normal pour un multivers, pardon, un omnivers, aux possibilités littéralement infinies. Mais ne disparaissez pas pour autant : cette anthologie DC Infinite Frontier finit par retomber sur ses pattes en racontant une histoire familiale, sorte de quête pour sauver le multivers (ou ce qu’il en reste), avec quelques numéros assez palpitants. Si Joshua Williamson semble parfois s’embourber dans des explications qu’il ne maîtrise pas lui-même, le comics sait aussi proposer de grands moments, faisant de lui une belle introduction au nouvel univers DC.

Est-il, pour autant, indispensable à la lecture des différentes continuités, à commencer par Batman Infinite et Wonder Woman Infinite qui sortent également ce mois-ci, et dont on parlera un peu plus bas ? Oui et non, car si le Batman de James Tynion IV ignore pour le moment assez largement les événements cosmiques et considérations diverses autour du multivers, cela pourrait changer à l’avenir. Tandis que la Wonder Woman de Becky Cloonan et Michael W. Conrad est elle cette divinité apparue dans Infinite Frontier, dans l’au-delà, suite directe des événements de l’anthologie. Toutefois, l’écriture est suffisamment maline pour éviter des références trop inexpliquées à cette fameuse crise, rendant la lecture pertinente sans même avoir ces événements en tête. Alors bien que l’anthologie DC Infinite Frontier n’est pas (encore) indispensable, j’ai plutôt tendance à en conseiller la lecture. Non pas pour la compréhension des séries Batman et Wonder Woman, mais plutôt parce que les numéros concoctés par Joshua Williamson sont, bien qu’imparfaits, plutôt captivants à suivre, malgré un premier contact austère qu’il faut savoir surmonter.

Batman Infinite – Tome 1, la peur de l’épouvantail

© 2021 DC Comics / 2022 Urban Comics

Batman Infinite est, très certainement, le comics le plus emballant de ce lancement en VF de l’ère Infinite. Toujours écrit par James Tynion IV, son Batman est redevenu une sorte de rebut aux yeux du nouveau maire de Gotham, l’ancien agent de police Christopher Nakano. Ce dernier, au contraire du regretté Commissaire Gordon, n’a jamais vraiment porté l’homme chauve-souris dans son cœur, et tente de le mettre sur la touche. La police est ainsi confrontée à Batman, qui agit plus que jamais en dehors des clous alors que Bruce Wayne est dépossédé de sa fortune. Un sentiment anti-super-héro·ïne·s renforcé par une attaque terroriste sur l’asile d’Arkham, où un gaz tueur s’est répandu et a tué la plupart des pensionnaires. Personne n’y a survécu, si ce n’est une poignée de soignant·e·s et un garde qui va nourrir un fort ressentiment à l’égard de Batman et des super-vilains qu’il engendre. Nommée le « Jour A », cette triste date de l’histoire de Gotham va permettre au maire, associé à d’autres personnes peu recommandables, de faire la chasse aux « supers », tandis qu’un collectif nommé Unsanity sème la terreur dans Gotham, soupçonné d’être allié d’un certain… Épouvantail. Comme à son habitude donc, l’Épouvantail se nourrit de la peur des habitant·e·s de Gotham, une peur qui se matérialise là encore dans une inspiration de notre monde. On y parle de confinement (non pas pour échapper à un virus certes, mais à un gaz tueur), les gens achètent des masques en prévision d’une future attaque et les magasins sont pris d’assaut en vue de pénuries. On sent, ainsi, que l’auteur a été fortement inspiré par les événements vécus par notre monde depuis près de deux ans.

Et très sincèrement : ça fonctionne, et ça fonctionne même très bien. Parfois horrifiques, les planches de Jorge Jimenez, chaque fois qu’il montre l’Épouvantail, sont capables d’instiller la peur propre au personnage, en jouant sur la déformation de la réalité, les ombres et les mirages. Le Batman de James Tynion IV en apparaît prisonnier, contraint d’agir sous la peur, tandis que le collectif Unsanity vient mettre un peu de couleur dans un style presque cyberpunk qui tranche avec l’obscurité propre à l’homme chauve-souris. A cela on ajoute le Ghost-Maker (qui défend Gotham depuis Joker War) et Harley Quinn qui forment un duo inattendu, mais plutôt sympathique à suivre. Brillant tant par son ambiance que par son histoire, mêlant complot d’une corporation à sentiment de peur, ce premier tome s’avère toutefois plus faible sur ses scènes d’action, vite expédiées et jamais vraiment intéressantes. Mais ce n’est pas nécessairement cela qu’on vient chercher dans Batman, qui reste une œuvre d’enquête, un point sur lequel excelle l’écriture de James Tynion IV.

Wonder Woman Infinite – Tome 1, Diana l’immortelle

© 2021 DC Comics / 2022 Urban Comics

Alors qu’elle s’est sacrifiée à la fin de Batman Death Metal pour tuer le Batman qui rit, la faisant accéder au statut de divinité, hors du temps et de la réalité, on retrouve Diana dans l’au-delà. Et elle se réveille à Asgard, terre des vikings où règne Odin, alors que Thor et Siegfried livrent des batailles incessantes où les guerrier·re·s renaissent jour après jour dans le Valhalla. Sorte de paradis de la guerre, où le temps n’a plus aucune prise et où l’immortalité est un bien acquis à tous·tes. Jusqu’au jour où, pour une mystérieuse raison, l’arbre Yggdrasil, au centre du monde, se met à dépérir, tandis que les Walkyries ne ramènent plus les morts à la vie. L’ordre des choses se voit chamboulé et, fidèle à elle-même, Diana ne peut s’empêcher de leur porter assistance. Pourtant son sacrifice lui a fait perdre ses pouvoirs, sa mémoire, mais aussi ses armes et son invincibilité d’antan. Le personnage est, paradoxalement à son accession au statut de divinité, plus fragile que jamais. Elle est capable de mourir sur le champ de bataille, bien qu’elle soit ramenée à chaque fois à la vie en Asgard, de subir des coups et d’être blessée. Le tout dans un récit aux accents mythologique que Becky Cloonan et Michael W. Conrad racontent plutôt bien. On y découvre une Diana qui, au-delà d’Asgard, explore des mondes faits de Dieux et Déesses, avec la légèreté et la puissance qui caractérise le personnage. Plus épique encore que les événements de Infinite Frontier, ce premier tome est une superbe aventure qui vise à replacer Wonder Woman dans ce qui la rend unique au sein de la Justice League, c’est-à-dire ce lien qu’elle crée entre notre réalité et la mythologie grecque.

Ce tome est, par ailleurs, un vrai terrain d’expérimentations avec de nombreux styles visuels différents. D’abord Travis Moore, puis Andy McDonald, Jill Thompson et Becky Cloonan, le tome multiplie les ambiances et change radicalement de style chaque fois que Diana arrive dans une mythologie différente. De l’Asgard très belle, où la plastique des Dieux et Déesses est mise en avant dans un monde coloré, à l’aspect féérique d’un conte pour enfants dans le monde des Fées de Elfhame, ce Wonder Woman Infinite T.1 ne cesse de se renouveler. Si l’exercice n’est pas évident, notamment en matière de cohérence visuelle, il est néanmoins réussi grâce à des artistes qui sont capables à chaque fois de réinventer Wonder Woman, tandis que la narration s’en amuse quand l’écureuil qui l’accompagne, Ratatosk, fait une remarque sur ses changements de style vestimentaire. Il y a quelque chose de vraiment malin dans la narration, malgré une histoire somme toute attendue que l’on pourrait résumer à une course poursuite pour rattraper une Déesse devenue meurtrière. Mais cette simplicité de l’histoire, très classique, permet de se faire plaisir par ailleurs avec une vraie prise de risque sur l’aspect visuel, pour mieux sublimer cette sorte de quête d’identité dans laquelle se lance une Wonder Woman qui dispose désormais d’un nouveau statut. C’est une belle réussite.

L’omnivers a de beaux jours devant lui

Ces trois premiers titres de l’ère Infinite ont le mérite de lancer les événements avec panache. Si DC Infinite Frontier se perd parfois dans des explications difficiles à suivre, et franchement austères pour les personnes qui voudraient se lancer dans les comics DC à l’occasion de ce relaunch, les séries Batman et Wonder Woman commencent de fort belle manière. Dans deux styles très opposés certes, puisque Batman Infinite recherche inlassablement une certaine noirceur propre au personnage, mais il le fait plutôt bien grâce à la mise en scène horrifique de l’Épouvantail qui tranche avec les couleurs étincelantes de certains personnages. Quant à Wonder Woman Infinite, c’est une quête d’identité qui se cache derrière une aventure aux forts accents mythologiques, dans l’au-delà. Une aventure que les auteur·ice·s racontent avec beaucoup de malice, en jouant sur les attitudes de Dieux et Déesses qui n’ont pas grand chose à voir avec leur image habituelle. Ces trois premiers tomes de l’ère Infinite donnent l’occasion aussi d’explorer des ambiances et mondes très différents, faisant de belles promesses pour la suite, tant sur l’état de la production DC Comics que les histoires qui sont désormais bien entamées.

  • DC Infinite Frontier est sorti le 21 janvier 2022 en librairie aux éditions Urban Comics, tandis que les premiers tomes de Batman Infinite et Wonder Woman Infinite sortent le 28 janvier 2022.
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A l’heure ou tout est instantané, et où on a tendance a se focaliser uniquement sur les nouveaux contenus qui sortent tous les jours, j’aime bien parfois (sans doute par esprit de contradiction), jouer la carte de l’anti-hype et me plonger dans une série à la fois trop ancienne pour être encore régulièrement dans les discussions, mais trop récente pour rentrer dans la catégorie des « classiques », type Dexter ou Breaking Bad. Dans ces moments-là rien ne vaut d’aller piocher dans les listes à rallonge, composées des diverses recommandations que l’on reçoit de son entourage, et qu’on a jamais pris le temps de regarder.

Cette fois, c’est tombé sur Mindhunter. Une série dont je ne connaissais que l’illustre producteur, le cinéaste David Fincher, aussi réputé que méticuleux lorsqu’il s’attelle à un projet. Mais il aurait été dommage de s’arrêter là. Car Mindhunter est non seulement une œuvre collective, mais permet aussi de découvrir une variation à part de la série policière et de profilage. A la fois historique, intimiste et psychologique, Mindhunter est un thriller sériel passionnant, car, comme on pouvait s’y attendre en y voyant attaché le nom de Fincher, c’est une série qui ne laisse pas grand chose au hasard.

Un trio de protagonistes complémentaires au cœur de l’intrigue

A la fin des années 70, Holden Ford, jeune négociateur du FBI se retrouve malgré lui transféré au centre de formation du FBI, à Quantico, dans l’État de Washington, en tant qu’instructeur. Bien conscient de ne pas être à sa place, il va toutefois découvrir que la manière dont on forme les futures recrues semble bien loin de la réalité, en particulier quant à la psychologie des criminels. Ses interrogations vont lui faire croiser la route de Bill Tench, responsable de l’unité des sciences comportementales, mais dont le travail consiste surtout à dispenser des formations aux quatre coins des États-Unis. Au contact d’Holden, il va solliciter l’une de ses connaissances, le docteur Wendy Carr, spécialiste en psychologie. Ainsi se forme l’équipe qui va révolutionner la façon d’aborder l’esprit des tueurs…

© Netflix

Incontestablement ces personnages font partie des plus grandes forces de la série. Tous trois sont à la fois opposés et complémentaires, et cet équilibre savamment dosé permet de développer une large palette de situations, de confrontations, et de résolutions. Holden est solitaire, froid dans ses contacts avec autrui, beaucoup dans sa tête. Mais il est également empathique, très intuitif, voire instinctif. Souvent sûr de lui, voire borné, il est pourtant fragile aux jointures. Bill se veut être un family man à l’américaine. Sociable et chaleureux, capable de jouer les médiateurs, au travail comme en famille. Mais il est également un homme qui peine à être présent pour sa femme et son fils, à comprendre comment les gens fonctionnent, y compris lui même. Wendy est une femme présentant une classe et une aura indéniable. Professeure de son État, elle semble goûter à une reconnaissance méritée, et se lance probablement dans le projet de recherche le plus important de sa vie. Mais elle cache toute une part d’elle même, et avec celle-ci nombre d’incertitudes.

Vous l’aurez compris, l’écriture des personnages joue beaucoup sur ces contrastes. Des oppositions aux cœur même de ces différentes personnalités, qui viennent s’exprimer entre elles au fur et à mesure que leur projet se développe. Holden, Bill et Wendy appartiennent à des milieux différents et ont des caractères très éloignés les uns des autres. Ces différences vont permettre de créer des ambiances très différentes selon le point de vue que le scénario adopte. Différents lieux, rythmes et enjeux, qui viennent régulièrement renouveler l’intérêt des spectateurs et spectatrices, en plus de donner du corps et de la variété à l’univers qui nous est présenté. Le fait de jouer sur les contradictions des personnages et sur leurs différentes facettes permet de mieux exploiter leurs failles, pour en faire des ressorts narratifs aussi éprouvés qu’efficaces. On se prend ainsi au jeu, assistant à l’évolution de cette femme et ces deux hommes face aux épreuves qu’ils doivent surmonter, tant sur le plan professionnel que dans la sphère intime. Ainsi, tout au long des 21 épisodes que compte pour l’heure la série, on a affaire a des personnages profonds, complexes mais cohérents, qui font parfois des erreurs et commettent des fautes. Qui se laissent aveugler par leurs émotions et manquent parfois de recul. Des personnages imparfaits, mais tenaces faces à l’adversité. Des personnages humains, auxquels on s’identifie, à la fois par mimétisme et par admiration.

© Netflix

S’il ne s’agissait que des personnages principaux, on aurait déjà une base très solide, mais cette qualité d’écriture se retrouve chez tous les personnages secondaires. Les chefs du FBI, les compagnes des personnages principaux, même Greg Smith, la quatrième roue du carrosse, dont on voit poindre progressivement le développement, apportent énormément à la dynamique narrative. Car malgré leur positionnement au second plan, ils sont tout sauf des personnages fonction. Cela est encore plus vrai pour les criminels que l’on croise en fil rouge tout au long de la série. Alors même que le but est de trouver des points communs entre tous ces tueurs, de tracer une typologie de comportements afin pouvoir les repérer et les anticiper, il en ressort que très peu d’entretiens se ressemblent. La fascination que ressent Holden pour ces esprits tordus est palpable, et va l’amener à se rapprocher toujours plus d’eux. Tant et si bien qu’on ne sait plus parfois de quel côté il se trouve, et qu’à l’instar de Harley Quinn avec le Joker, on se demande s’il ne serait pas un jour capable de franchir la fine ligne qui le sépare de la bête.

Des thèmes aussi forts qu’habilement traités

Il faut dire que l’écriture de certains de ces tueurs en série, ainsi que les interprétations saisissantes des acteurs qui les incarnent, nous transmettent une partie du charisme hypnotique de ces êtres que l’on qualifie régulièrement de « monstres ». Elles viennent nous emmener sur un terrain où les limites entre bien et mal s’effritent, révélant des individus tantôt froids et méticuleux, tantôt sanguins et explosifs, mais souvent bien plus complexes qu’on ne l’imagine. Ces portraits, dressés à partir de ces multiples rencontres qui constituent le fil rouge de la série, permettent de développer l’un de ses thèmes majeurs : Qu’est-ce que le Mal ? Comment naît-il, et se développe-t-il chez ces hommes ? Une question aussi morbidement passionnante que ceux qui l’incarnent, et qui se trouve être traitée dans Mindhunter avec beaucoup de nuance, et sous plusieurs aspects. L’évolution du personnage de Holden en est un, mais l’arc  scénaristique qui se tisse tout au long de la deuxième saison autour de Brian, le jeune fils de Bill Tench, en est un autre, aussi brillant qu’efficace.

© Netflix

Alors que dans la première saison et une partie de la seconde, les rencontres avec les « serial killers » permettent d’avoir un certain recul sur les crimes relatés, la deuxième partie de la deuxième saison, que j’ai trouvée la plus prenante de l’ensemble de la série, nous place au cœur de l’action, alors que les agents Ford et Tench vont avoir pour la première fois l’occasion de mettre en pratique leurs travaux sur le terrain. Ces travaux sont loin de se dérouler sans accrocs, et de cela transparait à mon sens une autre thématique plus secondaire, mais tout aussi intéressante : Comment une institution bien ancrée (en l’occurrence le FBI et plus largement la police américaine) accueille un changement radical de perspective, et à quel point un petit groupe d’hargneux défenseurs d’une idée nouvelle doivent batailler pour la faire vivre et la développer. Sans trop en révéler sur le déroulement des évènements, on se rend finalement compte que ce n’est pas la qualité d’un argumentaire, ou la pertinence d’une vision qui font changer les choses. Bien souvent, c’est surtout la chance qui s’exprime, à travers la connivence subtile de deux esprits (dont l’un se trouve être aux commandes) qui vont l’un et l’autre partager le même point de vue à un instant T.

Il serait enfin délicat de refermer cette section sans parler de la portée politique de la série. Elle est tantôt très clairement affichée, lors de tout l’arc d’Atlanta dans la deuxième saison, où la communauté noire est au premier plan (dans l’Amérique de la fin des années 70 rappelons-le), et parfois plus subtilement amenée, à travers le développement de certains personnages féminins, dont je ne dirai encore une fois pas plus pour ne pas trop en révéler. De la même façon qu’elle aborde les meurtres en série avec un regard neutre et distant, elle montre sans fard le quotidien d’un groupe minoritaire, son traitement et sa perception politique, y compris dans une ville où le maire nouvellement élu est lui-même noir. Une autre dimension particulièrement intéressante pour une série qui en apportait déjà beaucoup.

Aussi précis que réaliste

N’étant pas vraiment expert sur le volet de la technique, je me contenterai de relever sur le plan de la forme une réalisation que l’on connaît déjà un peu quand on est familier avec la filmographie de David Fincher. Avec des plans précisément découpés, une mise en scène sobre, pour ne pas dire austère, et une colorimétrie délavée, qui me renvoie l’image d’un monde dur et sale, où les gens doivent faire de leur mieux pour exister. Cette forme participe indéniablement à l’ambiance de Mindhunter. Pesante, parfois oppressante, elle apparaît toutefois assez réaliste pour nous faire nous demander à quel point la série s’appuie ou non sur des évènements réels pour mieux nous captiver, car dans le même temps, la reconstitution historique de la fin des années 1970 est tellement crédible qu’on perdrait parfois de vue qu’il s’agit d’une fiction.

Faisant preuve d’une maîtrise narrative franchement impressionnante, Mindhunter est d’autant plus une réussite que chaque scène semble utile à un dessein d’ensemble, chaque personnage, chaque situation s’intègre avec fluidité dans un rythme qui happe et qui va crescendo. Et ce jusqu’aux derniers épisodes de la seconde saison, desquels il est extrêmement ardu de décrocher, nous laissant démunis lorsque l’on sait que la saison trois n’existe même pas encore à l’état de projet. On imagine sans peine l’énorme travail que représente la création d’une telle série, à tel point que David Fincher a préféré proposer son film Mank à Netflix, pour passer à autre chose après une saison deux qui l’avait épuisé. Il ne reste donc plus qu’à prendre son mal en patience pour celles et ceux qui, comme moi, ont goûté à ce fleuron de la firme au gros N rouge. Pour les autres…ce serait vraiment cool si vous alliez y jeter un œil.

  • Les deux premières saisons de Mindhunter sont disponibles en streaming à la demande sur Netflix
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Objet de débats enflammés, Spider-Man : No Way Home n’a pas laissé grand monde indifférent depuis sa sortie le 15 décembre 2021. Conclusion de la trilogie d’un Peter Parker adolescent, ce dernier épisode signé Jon Watts suscite autant d’excitation que de critiques, tant le super-héros incarné par Tom Holland cristallise les attentes bien différentes de chaque spectateur·ice.

Fort en fanservice et moins en mise en scène, le film de Jon Watts montre un amour infini à l’univers de Spider-Man mais ne parvient pas pour autant à combler les lacunes d’un cinéaste imparfait. Malgré tout, il y a beaucoup de choses à en dire et à décrypter.

Ainsi un mois après sa sortie en salles, on prend le temps avec Mystic Falco de donner notre ressenti sur le film, ce qu’il signifie et ce qu’il annonce pour l’avenir. Une deuxième Causerie Ciné où l’on fait parler nos petits cœurs de fans après le lancement de ce nouveau format, le mois dernier, lorsque le taulier était accompagné de Reblys pour parler de Belle.

Je vous laisse ainsi découvrir cette discussion ci-dessous, mais attention aux spoilers.

  • Spider-Man : No Way Home est sorti en salles le 15 décembre 2021.
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Kaiju n°8 était la bonne surprise de la fin d’année 2021. Lancé en grandes pompes par Kazé compte tenu des espoirs placés en lui, le manga de Naoya Matsumoto avait pour lui cette manière de parler de kaiju, les gros monstres de l’imaginaire japonais, sous l’angle quasi-comique avec son héros aux faux-airs de loser magnifique. De bonnes bases pour un manga qui ne demande qu’à se bonifier, et c’est le moment avec ce tome 2 de voir ses ambitions confirmées ou, au contraire, voler en éclat.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

La bonne surprise

KAIJU N°8 © 2020 by Naoya Matsumoto/SHUEISHA Inc.

A la fin du premier tome, j’émettais quelques craintes sur sa conclusion,  alors que ses belles intentions initiales et son originalité mordante laissaient place à quelque chose de plus convenu. Débutant sur les histoires farfelues de nettoyeur·euse·s, job ingrat consistant à faire le ménage dans les rues et évacuer les cadavres de monstres gigantesques tués par les forces de défense, Kaiju n°8 terminait sur autre chose. Le premier tome oubliait en effet plutôt vite cette bonne idée pour partir sur une histoire de bravoure, de cadet·te·s arrivé·e·s à l’académie qui forme les forces de défense, où notre héros tentait de se faire recruter après plusieurs échecs. Un schéma éculé dans les shonen, mais finalement le tome 2 redonne de bons espoirs. Si les combats sont très présents, le manga parvient à conserver ce qui faisait son originalité initiale en mélangeant l’action à des situations dantesques. On y voit notre héros profiter de son expérience de nettoyeur pour mieux appréhender son nouveau job de combattant, profitant de sa différence pour marquer les esprits et accomplir sa tache. Plus encore, c’est le fait qu’il ne soit ni un surdoué ni quelqu’un de très malin qui rend le personnage aussi sympathique, même si cette image d’outsider n’est elle pas bien originale pour le genre. Mais le mélange de combats à son passé de « nettoyeur » permet plus d’originalité dans l’approche de l’action, qui ne se résume pas à des coups incroyables et des techniques sorties du chapeau un peu par miracle.

Toutefois le manga sait aussi mettre en retrait son héros, laissant cette fois-ci plus de place à ses compagnons d’arme, qui sont plus intéressant·e·s que dans le premier tome. On y découvre des personnages fouillés, bien racontés, parfois touchants et toujours attachants. Notamment le garçon qui accompagne le héros depuis le début, ou même la combattante qui a ébloui tout le monde lors des sélections de l’académie. Et puis, évidemment, il y a la dualité du personnage principal, capable de se transformer en kaiju, apportant une couche de suspense alors qu’il tente de ne pas se faire prendre tout en profitant de ces pouvoirs pour aider ses collègues. Vraiment, Kaiju n°8 garde quelque chose de spécial : si ce n’est pas aussi grandiose que les premiers chapitres le laissaient espérer, le tome 2 vient solidifier le récit en posant des enjeux et des personnages qui lui permettent de conserver de l’intérêt. Je reste, à titre personnel, toujours dubitatif sur la capacité du manga à tenir sur la durée sans s’enfermer dans un schéma ultra-classique (même s’il le fait plutôt bien), mais la curiosité reste de mise.

Les Kaiju et les autres

D’autant plus que le manga est aussi capable de parler de jolies choses : il offre un regard intéressant sur les monstres. En se transformant en kaiju, le héros donne un visage plus humain à ces créatures, initialement présentées comme de simples déchets (via la compagnie de nettoyeurs), on découvre peu à peu qu’elles sont capables d’émotions. Y compris dans les rencontres qui sont faites au fil du tome, avec un kaiju capable de parler. Un peu à la manière de Demon Slayer qui tend à humaniser ses monstres, Kaiju n°8 cherche à leur donner une certaine consistance, des ambitions, une volonté qui dépasse les récits de kaiju habituels où le monstre représente souvent une menace terrestre pour questionner l’humanité. A cela on ajoute quand même des combats assez fantastiques, grâce au rythme installé par un vrai sens du mouvement dans ses dessins. On les voit presque se mettre en mouvement sous nos yeux, avec un découpage en perpétuelle remise en question, toujours abreuvé de nouvelles idées pour éviter la lassitude.

La mise en scène de Kaiju n°8, très vivante, lui permet de surmonter quelques difficultés posées par une approche très classique du shonen. L’originalité des débuts est encore là, mais on sent que le manga de Naoya Matsumoto reste toujours à cheval entre la volonté de réinventer les récits de kaiju et la nécessité, un peu malgré lui, de coller aux standards du shonen pour capter son public. Pourtant le manga n’est jamais plus brillant que lorsqu’il met de côté ses combats pour raconter ses personnages, leurs différences, mais aussi lorsqu’il s’intéresse à cette histoire de nettoyeur·euse·s qui passent après les combattant·e·s pour redonner vie aux quartiers après des scènes de guérilla. Peut-être pas à la hauteur des espoirs, ce tome 2 n’en reste pas moins sympathique à lire, fort de sa mise en scène et de ses quelques bons moments.

  • Le deuxième tome de Kaiju n°8 est disponible en librairie depuis le 8 décembre 2021.
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Cela fait maintenant quelques semaines que l’on parle de Mashle sur Pod’culture, un manga arrivé cette année en VF aux éditions Kazé Manga qui a su nous convaincre et nous surprendre grâce à son humour. Parfois résumé à un simple pastiche de Harry Potter, le manga de Hajime Komoto a pourtant démontré au fil des tomes qu’il avait bien plus que ça à offrir, avec un récit qui a une âme et une vraie ambition narrative. Désormais arrivé au sixième tome, sorti le 8 décembre 2021, il est temps pour le manga d’aller encore plus loin et d’ouvrir son récit vers de nouveaux horizons, après l’avoir esquissé le tome précédent.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

Partiels de magie

MASHLE © 2020 by Hajime Komoto/SHUEISHA Inc.

A la fin du cinquième tome, le secret de Mash se révélait à tous. Si certaines personnes peinent à croire la rumeur qui se répand comme la poudre à l’académie de magie, d’autres sont stupéfaites d’apprendre qu’un humain sans pouvoir magique puisse être accepté comme élève. A tel point que des dissensions plus fortes qu’avant encore se créent, avec notamment certains élèves qui se mettent en tête de mettre des bâtons dans les roues d’un Mash toujours aussi désintéressé et sans véritable réaction devant des situations ubuesques. C’est alors qu’il prend part aux épreuves de sélections qui soumettent les élèves à de nouveaux combats bien compliqués, où certaine·e·s sont prêt·e·s à lui faire la peau pour rétablir l’ordre au sein d’une école où l’élitisme ambiant ne supporte pas l’idée de sa présence. Des assassin·e·s se lancent donc à sa recherche, conséquence directe des révélations sur son état, tandis qu’on voit apparaître en filigrane une nouvelle intrigue qui opposera Mash à des personnes qui complotent en secret, tandis que le directeur de l’académie semble toujours avoir un certain intérêt à le protéger.

C’est alors que prennent place ces épreuves de sélection, c’est-à-dire une sorte de grand tournoi auquel les shonen nous habituent depuis toujours, avec quelques oppositions géniales et une galerie de « méchants » qui ne cesse de se renouveler et qui atteint de nouveaux sommets à cette occasion. C’est très certainement la force de Mashle ces derniers temps qui, en reprenant à son compte un aspect plus classique des shonen, parvient à les sublimer en appuyant sur des éléments classiques néanmoins réalisés avec beaucoup de talent. Voir défiler des antagonistes à l’allure des plus originales n’a rien d’étonnant dans ce type de manga, toutefois Mashle le fait très bien, et c’est probablement tout ce qu’on lui demande à l’heure de réorienter son intrigue vers un nouvel arc.

Vers une nouvelle approche

On retrouve d’ailleurs le côté très « pouvoir de l’amitié » des shonen, mais c’est plutôt bien amené, puisque les relations qui se sont soudées dans les premiers tomes permettent désormais à Mash de progresser et de passer une étape dans son rapport aux autres. Le personnage évolue positivement, dépassant au fil du temps son côté désabusé pour aller vers plus d’empathie et un rapport à ses ami·e·s qui se veut plus fouillé. L’histoire passe d’ailleurs la vitesse supérieure dans la quête pour devenir l’élu divin, avec des factions qui se révèlent et un objectif qui devient plus clair. Quitte souvent à mettre l’humour de côté dans un tome qui pense avant tout à relancer un nouvel arc face à une nouvelle menace, se limitant à quelques pointes d’humour distillées ici et là sans nécessairement chercher à offrir autant de rires que dans les précédents chapitres. Mais n’est-ce pas là, peut-être, une évolution logique pour un manga qui a besoin de se renouveler pour tenir encore sur la durée, en multipliant les approches sans pour autant renier ce qui fait l’essence même de son histoire.

Hajime Komoto avait besoin de réinventer, en quelque sorte, Mashle pour mieux avancer vers un nouvel arc. Et c’est chose faite, en mettant l’humour de côté (sans que le tome en soit dénué) et en insistant sur un ton résolument plus dramatique, avec une intensité intéressante sur le tournoi qui oppose le héros à bon nombre de nouvelles menaces. Depuis le premier tome, on s’interroge constamment sur la capacité de Mashle à tenir dans le temps, tant l’oeuvre de Komoto puise toute sa force dans son humour et l’absurde de ses situations. Mais force est de constater que six tomes plus tard le manga parvient encore à nous accrocher, grâce à une capacité de renouvellement qui permet à son histoire de ne jamais manquer d’intérêt et de nouvelles idées. Plus que jamais, on peut considérer Mashle comme l’une des plus belles sorties manga de l’année 2021, avec l’espoir que la série puisse continuer sur cette voie.

  • Le sixième tome de Mashle est disponible en librairie depuis le 8 décembre 2021.
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Après avoir découvert Tatsuki Fujimoto au travers de sa deuxième œuvre publiée, qu’est Chainsaw Man et dont vous pourrez retrouver mes critiques de l’intégralité de cette série sur le site, il est enfin temps pour moi de découvrir le premier succès du mangaka, à savoir Fire Punch, édité en France par Kazé.

Je dois bien le reconnaître, il est vraiment intéressant de revenir à la base de ce qu’a pu produire un auteur, afin de comprendre ses inspirations pour la suite de ses œuvres, et également, de le voir gagner en maturité dans ses propos, ses dessins et sa narration.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par son éditeur.

La vengeance est un plat qui se mange chaud

FIRE PUNCH © 2016 by Tatsuki Fujimoto/SHUEISHA Inc.

Pour remettre Fire Punch dans son contexte, l’histoire se déroule dans une nouvelle ère glaciaire ou quasiment l’intégralité de l’humanité a disparu, et pour les autres, peinent à survivre. Parmi ces survivants, certains possèdent des dons surnaturels, c’est d’ailleurs grâce à ces aptitudes que l’histoire se focalise sur Agni et sa sœur Luna. Tous deux capables de régénération, ils utilisent ce pouvoir pour nourrir les habitants de leur village. Bien que ce ne soit pas une vie rêvée, notamment au vu de la difficulté pour survivre, une escouade arrive dans le village et, par le biais d’un être au pouvoir surnaturel, annihile ce dernier. Tout est détruit et tué à travers les flammes de cet être. C’est sans compter la capacité de régénération extrêmement puissante d’Agni, qui lui permettra après huit ans, de se relever et de vouloir assouvir sa soif de vengeance pour le meurtre de sa petite sœur.

Et c’est là que ça bloque pour moi. Non pas que je ne puisse pas comprendre cette soif de vengeance, mais parce qu’Agni est basico-basique. Il a un rôle de vengeur et son personnage ne va pas plus loin que ça. Il n’a malheureusement pas d’autre trait de personnalité, autre que celle-ci. Tout comme avec Chainsaw Man, j’ai l’impression que Fujimoto a beaucoup de mal dans la création de son personnage principal et c’est encore plus flagrant dans Fire Punch. Durant ma lecture de ces deux premiers tomes, j’en suis venu à me dire : heureusement que l’histoire se tient en quelques tomes, parce que réussir à développer un récit, ou la seule motivation est la vengeance et rien d’autre, ça ne mène pas à grand chose. Cependant, et tout comme avec son œuvre précédente, l’auteur s’éclate avec la création de ses personnages secondaires.

Du « méta » et de la folie

Il n’y aucun doute la dessus, Tatsuki Fujimoto adore les personnages complètement timbrés. On sent qu’il prend du plaisir aussi bien à les écrire, qu’à leur faire réaliser des actes horribles. C’est ainsi que l’on fait la rencontre de Togata, une cinéphile, dont la seule envie et de faire d’Agni le héros de son film. Prête à tout pour accomplir ses envies, elle en vient à réaliser des actes terribles, juste pour que cela passe bien à la caméra. Mettre en scène Agni dans son désir de vengeance, est ce qui la maintient en vie.

Mais … Et si finalement cette caméra, c’était le point de vue du·de la lecteur·trice ? Togata veut certes, réaliser son film, mais ce qui l’intéresse avant tout, c’est de voir ces personnages agir pour accomplir leur destin et qu’elle puisse de nouveau revivre le plaisir de regarder un film. Ce qui est dans le fond, notre cas. On se délecte de chacune des pages d’un manga, pour comprendre et connaître la suite de l’histoire de ces personnages qui nous passionnent tant.

Je l’admets, entre la folie de ce personnage et ce côté « méta » c’est ce qui me pousse à vouloir connaître la fin de cette courte histoire. On sent les balbutiements de l’écriture de l’auteur. Il a une idée bien précise en tête, et derrière, il va broder son histoire autour de celle-ci. La création et la motivation de son personnage principal n’étant pas ce qui l’intéresse le plus (pour preuve, la motivation de Denji dans Chainsaw Man étant de toucher une poitrine), il va faire graviter autour de ce dernier, des protagonistes et des antagonistes bien plus intéressants, avec des motivations réelles et profondes.

  • Les tome 1 à 8 de Fire Punch, sont édités par Kazé France et sont disponibles en librairies. 
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L’année 2021 a été, dans l’ensemble, assez mouvementée avec ce virus qui n’a de cesse de prendre des formes différentes et auquel nous devons nous adapter. Cependant, s’il y a bien une chose qui a su s’adapter face à tout ce micmac c’est bien l’industrie culturelle. Malgré les hauts et les bas qu’on lui connaît, nous avons quand même pu profiter d’une année riche en contenu, qu’il soit cinématographique, sériel, vidéoludique et même littéraire. Nous allons donc ainsi revenir chacun·e sur ce qui nous a marqué lors de cette année 2021 !


L’art, l’amour et l’introspection

Les recommandations de Mystic Falco

Si je devais résumer mon année à ce que j’ai pu voir, écouter et à ce que j’ai pu jouer, je dois bien l’admettre, je me reconnais complètement dans ce que j’ai retenu de tout ça. Si vous avez l’habitude de ce que je peux écrire, vous commencez à connaître mon point de vue sur l’art, et surtout sur ce que cela m’apporte. Dans tout ça, en terme cinématographique, j’ai décidé de retenir Fantasme de Éléonore Costes sorti en toute fin d’année 2020 (c’est mon petit joker à moi), qui m’a énormément aidé. Une très belle introspection au sujet de l’amour et surtout de réussir à avancer malgré les difficultés que l’on peut rencontrer.

Annette de Leos Carax, m’a également secoué, au point ou j’écoute encore aujourd’hui sa bande-originale tant je trouve celle-ci incroyablement belle. Il est très difficile pour moi d’être objectif avec les comédies musicales, mais si je devais en retenir qu’une cette année, ce serait celle-ci tant le cinéma, la musique et la dramaturgie ne forment qu’un !

Dans un registre un peu plus léger, Les Mitchell contre les Machines réalisé par Mike Rianda est sans doute le film qui m’a fait le plus rire cette année. Le tout avec un subtil mélange d’émotions et de réflexions, ce film d’animation est une réussite complète, aussi bien pour son histoire qu’en terme technique d’animation pure.

Je n’ai pas l’habitude de parler de musique, car j’estime que je ne m’y connais clairement pas assez pour réussir à juger si un album est bon ou non, mais force est de constater que je me dois de vous recommander l’écoute de L’Horizon des Évènements de Kyan Khojandi. Si vous aimez, tout comme moi, les artistes qui se mettent à nu, pour leurs œuvres, qui apportent beaucoup de messages introspectifs et surtout universels, nous sommes ici en présence d’une jolie pépite à écouter sans se retenir !

Et un dernier petit point sur les jeux vidéo, car faut pas déconner ça reste quand même l’une de mes grandes passions, et comme chaque année, je n’ai que très peu joué à des jeux sortis au cours de l’année, cependant je peux sans problème conseiller Ratchet & Clank Rift Apart de Insomniac Games, et Chicory a Colorful Tale du studio Game Maker Studio, dont j’ai pu écrire un article qui résume parfaitement ce que j’ai pensé du jeu !


Une fragile poésie, le retour d’un maître & une leçon de narration

Les recommandations de Reblys

Chaque année qui s’achève amène son lot de découvertes et de rencontres avec des œuvres qui marquent. Mais en 2021, nouvelle année par la pandémie de Covid et les tensions ambiantes, elles ont été, en tout cas pour moi, encore plus importantes, et même nécessaires. J’ai déjà parlé de pas mal de choses cette année sur Pod’Culture, du désarçonnant France au formidable Inscryption. Mais j’ai encore deux, trois bijoux à vous recommander…

Tout est trop beau – Maxence – Fragile poésie d’un hyper-romantique

Alors que de plus en plus de têtes d’affiche de la sphère internet s’expriment via d’autres mediums que celui de la vidéo, 2021 a vu fleurir les albums musicaux issus de cet univers. Parmi les projets plus ou moins maîtrisés, l’un d’eux m’a touché bien plus que les autres. L’album « Tout est trop beau » de Maxence (alias Maxenss ou Maxoulezozo pour les plus fidèles). Accompagné des LEOS et de Clément Libes (dont on a pu apprécier les talents d’arrangeurs/réalisateurs dans bien des disques), Maxence se livre entièrement, dans tout son romantisme, sa naïveté, sa fragilité aussi. A travers une musique qui va dans tous les coins de la pop actuelle et des textes empreints de poésie pour chanter le spleen, la douleur des cœurs qui se brisent, ou les moments magnifiques où bonheur rime avec quiétude.

The French Dispatch – Wes Anderson (Ciné) – Le retour fracassant d’un immense créateur

On l’avait tant attendu. Le 27 octobre 2021, après plusieurs reports dus à la pandémie, le dernier bébé du réalisateur visionnaire Wes Anderson sortait enfin chez nous. L’occasion de découvrir ce qui est probablement son film le plus dense, et ce n’est pas une sinécure quand on connaît l’obsession du Monsieur pour les plans foisonnant de détails dont le cadrage frise la perfection ! Trois, voire quatre films distincts se déroulent devant nous en l’espace d’une heure et quarante-trois minutes, ce qui se révèle être presque trop lorsque les idées de mise en scène, les références et les hommages déferlent à une telle vitesse devant nos yeux ébahis. Wes Anderson nous propose une quadruple ration de son univers si particulier, si personnel. Toujours accompagné de l’ensemble de son casting fétiche que l’on retrouve avec une joie non dissimulée dans des rôles qui n’existent que chez ce réalisateur dont le travail ne ressemble à aucun autre. Un film à voir, à revoir, et à re-revoir, tant je crois qu’il est impossible de tout en saisir à moins de trois ou quatre visionnages.

Arcane – League of legends – Riot Games & Fortiche (Série) – Récital de maîtrise narrative et artistique

S’il fallait retenir une énorme claque sur la fin de l’année 2021 ce serait bien celle-ci. Avide d’étendre l’univers de leur jeu phare « League Of Legends« , Riot Games, après avoir sorti plusieurs jeux spin-offs, s’attaque au medium cinématographique pour nous conter un nouveau pan de l’histoire de Runeterra. Fruit d’une collaboration avec le studio français Fortiche, Arcane est ce qu’on pourrait appeler une réussite absolue. Une direction artistique à tomber par terre, des personnages variés et superbement narrés, au service d’une histoire qui mêle avec une rare habileté l’universel et l’intime, des plans au millimètre et un déluge d’idées de mise en scènes pour donner une constante leçon de « show don’t tell ». Tous ces éléments sont mis au service d’un rythme dosé à la perfection, qui ne s’encombre d’aucun moment superflu ou inutile, mais qui sait parfaitement gérer l’équilibre entre action, calme et émotion. La série atteint des sommets dans quasiment tout ce qu’elle entreprend, sans jamais pour autant réinventer la roue. Tout est simple, tout est carré. Tout est fort, tout est maîtrisé. Même pour les gens comme moi qui n’ont que très peu de connaissances sur League of Legends, l’expérience a été formidable. Au contraire même, la série Arcane est sans doute la meilleure porte d’entrée dans la mythologie follement riche de l’univers créé Riot Games, tout en se payant le luxe de proposer une des meilleures séries d’animation qu’il m’ait été donné de voir.


Conclusion et découvertes inattendues

Les recommandations d’Anthony

Malgré les circonstances, l’année 2021 a été riche en sorties culturelles, les maisons d’édition, distributeur·ice·s ayant fait leur possible pour maintenir une forme de normalité dans la situation, et ce malgré diverses décisions gouvernementales qui leur ont parfois fait du mal (comme les cinémas, première industrie impactée par la mise en place du pass sanitaire pendant l’été alors que d’autres ont eu droit à un délais). Il faut ainsi saluer ces personnes qui, à la fois par passion et impératif financier, ont tout fait pour survivre et nous livrer un sacré paquet de bonnes choses.

A ce titre, le cinéma tout d’abord a pu nous offrir la conclusion de la saga James Bond par Daniel Craig avec Mourir peut attendre, superbe point final à une incarnation de l’agent britannique qui a parfois clivé, mais souvent convaincu grâce à de véritables films de cinéma, des oeuvres complètes comme la licence en a, finalement, rarement connu. Un dernier film saisissant de sensibilité, dans une année qui en avait bien besoin. A ses côtés, je note aussi la sortie longtemps attendue de Benedetta, film de Paul Verhoeven avec une Virginie Efira étincelante dans une romance interdite, satire de la religion chrétienne. Je retiens, en outre, True Mothers de Naomi Kawase, film terriblement touchant qui aurait mérité un plus beau succès.

Côté séries, l’année a été calme tant je n’en ai pas beaucoup regardé, mais je retiens la percée (enfin !) des drames coréens, que j’affectionne depuis bien longtemps, auprès du grand public. Netflix y joue évidemment un rôle prépondérant, et si je m’oppose souvent à la plateforme, c’est bien sur ce domaine que je l’apprécie. Je pourrais citer le fameux Squid Game que j’ai apprécié comme beaucoup de monde, plus pour ce qu’il dit du réalisateur que pour le drama lui-même, mais c’est surtout My Name que j’ai adoré, un drama policier à la réalisation solide et à l’interprétation fantastique de Han So-hee.

Enfin, pour le reste, cela a été une année riche en lecture mais aussi en jeux vidéo, toutefois il est difficile de tirer des titres plus marquants que d’autres tant l’année a été pleine d’oeuvres captivantes. Peut-être que je pourrais citer les bonnes surprises, Mashle côté manga et Persona 5 Strikers et Xuan Yuan Sword VII qui, tous les trois, dans leurs genres respectifs, sont des titres que je n’attendais que très peu et qui se sont avérés être des compagnons de route particulièrement agréables, de véritables bonnes surprises comme on en fait assez rarement. De manière générale, qu’il s’agisse de manga, comics ou jeux vidéo, il y avait assez peu d’attentes de ma part et bien souvent, des surprises que je n’ai pas vu venir, à l’exception de Ratchet & Clank Rift Apart qui a confirmé toute la grandeur que j’en attendais.


L’art de la nuance et de la créativité

Les recommandations de Hauntya

2021 a été une année dense, tant en changements dans un contexte pandémique compliqué, que dans les découvertes culturelles qui l’ont accompagnée. Heureusement que l’art et l’imaginaire sont là pour parer à un quotidien parfois difficile ! Il est toujours délicat de choisir quoi garder au final de douze mois écoulés, mais voici ce que je retiendrai de 2021 pour ma part.

Côté films, le cinéma a offert de belles séances en salles obscures, de l’ambivalence d’un Dernier duel à un lumineux et éclatant West Side Story. Pourtant, l’un des films qui m’a le plus marquée cette année est The Nightingale de Jennifer Kent, qui n’a pas eu la chance d’un passage au cinéma, sortant directement en DVD en France. Cette quête de vengeance en Australie, au XIXe siècle, d’une jeune Irlandaise cherchant à abattre l’officier ayant détruit sa famille, n’est pas sans rappeler celle de Ellie dans The Last of Us Part II. Avec son choix d’un format d’image carré, l’omniprésence de la nature, sa critique du racisme et du colonialisme, Jennifer Kent m’a offert un voyage oppressant et bouleversant dont je ne suis pas ressortie indemne.

En glissant vers le petit écran, l’un des coups de coeur de 2021 fut la série It’s a Sin, réalisée par Russel T. Davies. L’histoire se déroule à Londres, dans les années qui voient le sida apparaître : un contexte sombre dans lequel évoluent un groupe de jeunes amis gays, qui découvrent leur orientation sexuelle, mènent enfin leur propre vie… pour être confrontés à la maladie. La série comporte son lot de scènes de déchirantes, mais surtout une profonde dynamique et un humour salvateur, en faisant une ode à la vie et au fait d’être soi-même, proposant des personnages terriblement attachants.

Le jeu vidéo m’a aussi beaucoup fait voyager cette année. Il est bien difficile de choisir un jeu, mais It Takes Two, produit par Hazelights Studios a sa place. En partant d’une histoire sur un thème bien connu – le divorce d’un couple – Josef Fares a su proposer un jeu de coopération drôle, dynamique et réfléchi, offrant une variété de gameplay, de décors et de mécanismes impressionnants sans lassitude. Impossible de s’ennuyer avec un tel jeu, qui se révèle un vrai plaisir à jouer en duo (ici, avec F-de-Lo), promettant fous rires et émerveillements.

La musique a sa part d’évasion elle aussi. J’aurais pu vous parler de l’excellente OST du film musical Tick Tick… Boom ! Mais mon premier coup de cœur musical de 2021 revient au premier album du groupe métal / rock gothique néerlandais Blackbriar, The Cause of Shipwreck. L’album nous entraîne dans un imaginaire parsemé de sorcières, d’amours brisées, de légendes folkloriques et de fantômes, porté par une musique aussi entraînante que lancinante, et la voix éthérée de la chanteuse. Voilà un groupe découvert par hasard et dont la créativité ne cesse de me fasciner au fil des années.

Enfin, pour terminer avec les livres, point de BD ou de mangas coups de cœur cette année, mais je ne saurais que trop vous recommander Il n’est pire aveugle de l’Irlandais John Boyne. Le roman nous fait suivre la vie d’un jeune homme, voué à être prêtre, dans une Irlande qui voit l’Église perdre sa réputation au fil des décennies, sombrant dans une lourdeur administrative et bien des scandales. Un livre au style tout en nuances, avec un portrait de vie superbement écrit, et dont les thèmes sont terriblement d’actualité, marquant l’esprit bien des jours après sa lecture.


Du rouge, du rouge et des enfants perdus

Les recommandations de F. de l’O.

Faire un bilan de l’année 2021 est un vrai challenge à mes yeux, pour deux raisons. D’une part, j’ai rarement l’habitude de découvrir des œuvres l’année même où elles sortent. D’une autre part, les sinistres événements survenus au cours de cette période ne m’en laissent finalement qu’un souvenir flou et compact. Fort heureusement, de belles choses sont arrivées, surtout au cours du dernier trimestre. Et puis, l’art était toujours là pour nous permettre de nous évader, n’est-ce pas ? Entreprenons un compte à rebours, voulez-vous ?

Le mois de décembre dernier fut assez prolifique. J’ai décidé de corriger mes immenses lacunes en découvrant l’Univers Cinématographique Marvel. De quoi me préparer pour la dernière aventure d’un certain justicier rouge : Spider-Man No Way Home. Bien que le long-métrage ne soit pas exempt de défauts, il fut assez un coup de cœur pour que je décide de retourner le voir, durant les vacances de Noël. Il s’agissait probablement de la madeleine de Proust dont j’avais besoin. Un peu plus tôt au mois de décembre, l’ultime partie de La Casa de Papel était diffusée sur Netflix. Ceux qui me connaissent savent combien j’affectionne cette série et surtout ses personnages. Si la partie d’avant m’avait particulièrement déçue, ce final se révéla à la fois surprenant et comme je l’espérais.

Remontons jusqu’au mois de septembre, afin de saluer d’autres silhouettes portant des combinaisons rouges. Je veux bien entendu parler de Squid Game qui fut, elle aussi, un véritable coup de cœur. Je me suis tout de suite laissée charmer par ces personnages piégés et cette atmosphère si particulière, composée de jeux d’enfants mortels. Squid Game est un divertissement spectaculaire mais surtout intelligent.

Le 2 juin dernier, le vingtième et dernier tome du manga The Promised Neverland sortait dans nos librairies. Je le confesse, je n’ai pas encore fini de lire la série mais il s’agit également de l’une de mes plus belles découvertes de l’année. Les premiers tomes du manga sont particulièrement passionnants, prenant place dans un orphelinat nimbé de mystères, où chaque situation entraîne des parties d’échecs spirituelles aux enjeux saisissants. J’ai aussi tendance à conseiller l’anime, mais seulement la première saison.

Pour finir, voici le dernier conseil mais pas le moindre, car il s’agit de mon coup de cœur principal… Le mois de février 2021 fut sans doute le plus douloureux de l’année. J’ai dû rester en repos, chez moi, pendant des mois… Il y a malgré tout un jeu qui m’a permis de m’évader complètement… Little Nightmares II. Ce jeu d’horreur à la musique envoûtante met en scène des enfants perdus, tentant d’échapper aux monstres de leurs cauchemars, au sein d’une histoire pourvue de pistes de lecture multiples. Presque un an après, ce jeu est toujours tapi dans un coin de mon esprit, hissant Little Nigthmares dans le panthéon de mes sagas vidéoludiques favorites.


Tell Me A Tale Of Yourself, So That I Might Know Thee

Les recommandations de Donnie Jeep

Je dois avouer quelque chose : plus je vieillis, plus je fais partie des personnes qui découvrent rarement des œuvres l’année de leur sortie. Une malédiction lorsqu’il s’agit d’être à la page et de briller lors de conversations mondaines (dans le respect des gestes barrières, bien évidemment), mais une forme de bénédiction quand on doit, comme ici, faire une sélection de nos œuvres préférées de l’année. Ça évite de faire de longues délibérations avec soi-même en mode 12 hommes en colère (excellent film que je conseille, même s’il est hors sujet puisqu’il date de 1957). Et puis je dois aussi avouer que je donne dans la procrastination, écrivant toujours au dernier moment, au grand dam du Taulier qui attend mon texte pour la mise en page de l’article que vous avez sous les yeux. L’avantage c’est que je n’aurai pas à parler de la brillante série Arcane ou encore de l’excellent No Time To Die, puisque Reblys et Anthony s’en sont déjà occupés.

Par contre, je suis obligé de professer tout mon amour pour le merveilleux The Green Knight de David Lowery qui signe une formidable adaptation d’une légende arthurienne. Trip visuel, sonore, sensitif, qui brasse une multitude de thèmes avec une dextérité vertigineuse, le film du réalisateur du déjà immense A Ghost Story est à part dans le paysage cinématographique de 2021. Hors de l’espace, hors du temps (oui, je vole sans vergogne des mots à Edgar Allan Poe), il s’appuie sur un casting impeccable dominé par la prestation magnétique de Dev Patel, la magnifique photo d’Andrew Droz Palermo et la non moins magnifique et hypnotisante bande son de Daniel Hart. Chef d’œuvre, tout simplement.

En ce qui concerne le petit écran, je pourrais évoquer Dopesick, mais quelques lignes ne suffiraient pas à rendre justice à cette méticuleuse et fabuleuse minisérie, aussi je me réserve donc l’opportunité d’en parler durant un prochain live de l’Infusion (c’est sur notre chaîne Twitch, une fois par mois). Je vais donc m’envoler vers le Japon pour raviver mes souvenirs de la troisième et dernière saison de Fruit Basket, animé adapté du manga de Takaya Natsuki. Avec toujours la même qualité (animation, chara design, ost, doublage), le studio TMS Entertainment produit treize très beaux épisodes pour conclure les arcs narratifs de Tôru, Yuki, Kyô et tous les autres « maudits » de la famille Sôma. C’est beau, c’est fort, ça tire des larmes mais aussi du bonheur. Un combo parfait à déguster peu importe la saison.

Peu importe la saison également, Haven est toujours un magnifique lieu où poser ses valises. J’ai déjà dit sur le site à quel point j’avais été emballé par Life is Strange: True Colors. Donc si vous voulez mon avis sur le jeu de Deck Nine Games, vous pouvez toujours vous reporter à ma critique gentiment dithyrambique. Je ferais également bien l’article pour Impostor Factory, mais là encore je me le réserve pour une autre fois (peut-être bien lors d’une Causerie, nouveau format de podcast que nous avons tout récemment lancé, probablement avec Reblys qui je sais aime tout comme moi d’amour la saga créée par Kan Gao).

Côté littérature, avoir pu découvrir et faire découvrir sur Pod’Culture l’autrice Noémie Wiorek ainsi que YBY Éditions m’a empli de joie. Ensuite, si je dis que je découvre toujours en retard les œuvres, je fais une exception pour l’univers Star Wars, où là j’ai tendance à souffrir d’un FOMO intergalactique. Aussi ai-je dévoré tout ce qui a pu être édité en 2021 dans une galaxie lointaine, très lointaine, année qui a notamment vu le lancement de The High Republic, soit La Haute République dans notre bon françois. Et je ne peux que conseiller de découvrir cette période se situant plus de 200 ans avant les films et qui donc ne demande aucun prérequis, seulement l’envie de s’immerger dans un univers de space fantasy passionnant. Si, pour débuter, il vaut mieux lire le foisonnant Light of The Jedi de Charles Soule qui instaure l’univers et les principaux enjeux, on peut ensuite se balader au gré de nos envies entre séries de comics, romans adulte, young adult et jeunesse ou encore même un audio drama. La qualité est toujours au rendez-vous et va même jusqu’à atteindre des sommets avec l’extraordinaire The Rising Storm signé Cavan Scott, qui prend place sur mon podium des meilleurs romans de l’univers Canon. Ces romans et comics sont disponibles respectivement chez Pocket et Panini Comics, deux éditeurs qui font un très bon travail de traduction. Alors n’hésitez pas à passer en vitesse-lumière chez votre libraire préféré pour découvrir tout ça. Et que la Force soit avec vous en cette année 2022, évidemment.

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