La passion, voilà un terme que l’on a tendance à tourner en dérision à l’air d’internet. Le tout à cause de personnes se cachant derrière une fausse passion, dont les raisons sont généralement pécuniaires. Malgré tout, il ne faut pas oublier dans tout cela qu’il y a de véritables passionnés. C’est d’ailleurs l’une des raisons de la conception de Pod’Culture, le partage de ce que l’on aime. Cela a beau être un véritable plaisir de vous parler de tout un tas de sujets, il ne faut pas oublier que nos passions premières viennent des œuvres que l’on analyse ou que l’on critique. Donc, de l’Art en général et bien-sûr j’utilise le terme Art, avec un A majuscule, pour souligner toutes les formes d’arts.
Pour ma part, il est vrai que ce sont plus les arts picturaux qui me touchent particulièrement. J’ai besoin d’avoir un attrait visuel, d’avoir ce petit quelque chose qui me flatte la rétine. J’ai toujours été passionné par l’image, par ce qu’elle peut dégager, et surtout ce qu’elle peut faire ressentir de différents en fonction des sensibilités de chacun. L’art est une passion qui m’habite depuis des années, au point ou j’ai décidé de tourner ma vie personnelle et professionnelle autour de celle-ci. Alors forcément, quand il s’agit d’œuvre qui utilise le média de l’art pour en parler, cela attise ma curiosité.
N’est pas Picasso qui veut
Blue Period est un manga écrit et dessinée par Tsubasa Yamaguchi, il est édité en France chez Pika Edition. Il nous raconte le périple scolaire de Yatora se découvrant un attrait tout particulier pour l’art. Cet attrait ne vient pas de nullepart, car c’est en tombant nez à nez sur un tableau de l’une de ses camarades qu’il va être totalement subjugué par ce dernier. Évidemment il ne connait rien à l’art et se contente des préjugés qu’il a toujours eu en tête vis à vis des arts-plastiques ; le jugement envers ceux qui ne font « que » dessiner, pas d’avenirs dans ce métier etc… Pourtant, c’est bien grâce à ce qu’il a ressenti en dessinant réellement pour la première fois, qu’il se sent « vivant ».
Inutile d’en divulgâcher plus sur l’histoire, cela correspond au premier chapitre de ce manga et rien qu’avec ce dernier, il m’a complètement séduit. Comme je vous le disais en introduction, j’ai fais mes études dans l’art, car très tôt j’ai su que je voulais vivre de ce qui me faisait vibrer. Tout cela même sans pour autant savoir dessiner, sans avoir de talent particulier comme peuvent l’avoir certains génies. Pourtant, je me suis lancé à corps perdu dans cette voie. Ça serait vous mentir que de dire que tout s’est très bien passé. L’apprentissage fut rude, notamment avec le fait de se comparer aux autres qui eux, avaient déjà des années de dessins derrière eux. Forcément, la lecture de ce premier tome a réveillé en moi beaucoup de souvenirs de mes études, et surtout a su aussi me rappeler combien j’aimais l’art. Tout cela grâce, déjà, à l’histoire évidemment, mais surtout grâce à ses planches sublimes qui mettent en valeur les différentes œuvres des élèves. Par ailleurs il y a un parallèle très intéressant qui se crée entre Blue Period et son lecteur. Il est question d’apprendre à Yatora que l’art n’est pas seulement pictural, mais aussi sensitif. L’art permet de communiquer et de faire ressentir des émotions. Ainsi, le manga transcende son média. Toutes les sensations que j’ai pu ressentir lors de la lecture de ce premier tome étaient pour le moins incroyables. Je me suis senti flotter dans une bulle où il n’est plus question de temps, ni d’espace. C’est d’ailleurs ce qui arrive au personnage principal quand celui-ci se laisse porter par la beauté de ce qui l’entoure.
« Je vois la vie en Rose… »
Car c’est exactement ça, à mes yeux, la beauté de la vie, la beauté de l’art, la beauté de la passion (quelles que soient vos passions). Savoir se laisser transporter, et surtout ressentir ce que votre passion a à vous apporter. Blue Period peut devenir une œuvre majeure dans l’édition du manga seinen. Non pas par sa popularité, mais pour ce qu’il se dégage de cette histoire que nous raconte Tsubasa Yamaguchi. En plus d’être émotionnellement forte, cette histoire est aussi didactique et pourra vous apprendre certaines bases du dessin ou dans tous les cas, vous faire comprendre comment cela fonctionne.
Je me rends compte une nouvelle fois que je suis beaucoup plus dans le ressenti que l’analyse pure. Mais je trouve que c’est aussi grâce à cette pluralité qu’il est intéressant de donner son avis. L’art est émotionnellement une chose incroyable, et le fait de le ressentir ainsi grâce à un manga, dont il est le sujet principal, finit par boucler la boucle. Tout comme je pouvais vous en parler dans mon article sur Soul, ressentez les choses à votre manière. Blue Period est une expérience à part entière, par son propos et de la manière dont il le traite. Une véritable expérience métempirique.
- Blue Period est disponible aux éditions Pika, la série compte actuellement 9 tomes au Japon, le 2e est prévu pour Mars 2021 en France.