The Midnight Club, The Watcher et Le Cabinet de Curiosités : Trois façons d’aborder l’horreur

par F-de-Lo

Si Halloween est une fête aux origines païennes, datant de plusieurs siècles : la façon dont nous la célébrons aujourd’hui est assez moderne. C’est à partir de 1920, aux États-Unis, que la fête devient populaire et que l’on commence à confectionner des lanternes à partir de citrouilles. Ce n’est que depuis les années 90 que l’on fête Halloween en France et ce, de manière assez commerciale. Il s’agit toutefois d’un prétexte pour se déguiser ou rechercher des sensations fortes. La pop-culture est évidemment un moyen honorable d’y parvenir. En ce mois d’octobre 2022, Netflix a décidé de s’entourer d’artistes habitués au genre horrifique, pour proposer une cure de frissons à ses abonné(s)s. Votre humble rédactrice a volontiers accepté de servir de cobaye. Aussi est-il temps de revenir sur trois séries : The Midnight Club, The Watcher et Le Cabinet de Curiosités.

The Midnight Club : Le marchand de sable, c’était pas seulement dans Sandman

Le casting de The Midnight Club © Netflix

The Midnight Club est une série sortie le 7 octobre 2022 et créée par Mike Flanagan. Ce nom ne vous est sans doute pas étranger, puisqu’on lui doit quelques pépites comme The Haunting of Hill House ou Jessie, long-métrage adapté d’un roman de Stephen King. Pourtant, l’œuvre de Mike Flanagan divise, notamment à cause d’un goût pour les rythmes lents, presque contemplatifs. Les Sermons de Minuit était une série particulièrement verbeuse. C’est donc avec de plus en plus de méfiance que j’aborde les œuvres de Flanagan.

The Midnight Club comporte dix épisodes durant un peu moins d’une heure. Il s’agit d’une adaptation de l’œuvre de Christopher Pike, qui écrit des romans fantastiques destinés à la jeunesse. L’histoire se déroule en 1994. Ilonka, incarnée par Iman Benson, est une toute jeune femme qui apprend qu’elle souffre d’un cancer. Elle décide d’intégrer le centre de Brightcliffe, où elle rencontre d’autres jeunes souffrant de maladies incurables. Ilonka découvre très vite que les patients de Brightcliffe désobéissent au couvre-feu, afin de se réunir dans la bibliothèque, où ils se racontent des histoires effrayantes. A ce titre, les épisodes sont constitués de récits enchâssés extraits de l’imagination des jeunes pensionnaires. Tout irait bien si d’étranges visions ne venaient pas hanter Ilonka, dans la demeure elle-même…

Sur le papier, The Midnight Club a tout pour plaire. L’intrigue se situe dans une demeure vaste et mystérieuse, dont chaque pièce peut abriter un secret angoissant. Les personnages étant ce qu’ils sont, on se doute que la série va aborder des thématiques fortes, à commencer par l’appréhension de la mort ou le deuil. L’angoisse et la mélancolie sont des émotions qui se marient bien. Quant aux récits enchâssés, il s’agit d’une riche idée qui peut permettre d’explorer différents sous-genres de l’horreur, ou encore refléter la réalité des protagonistes. Malheureusement, tout cela est mal exécuté, tant au niveau du script que de la mise en scène. Le rythme est lent. Trop lent. L’histoire n’avance guère. A moins que je ne sois trop âgée pour être touchée par des récits adolescents, j’ai trouvé les personnages peu fouillés et assez peu attachants. Quant à l’horreur elle-même, elle peine à se faire une place ou à impressionner. N’espérez pas frissonner devant The Midnight Club. Le premier et le huitième épisode (dans lequel on aperçoit Henry Thomas) ont quelques idées intéressantes et plus marquantes que les autres, mais en dehors de cela, la série est assez oubliable. J’aurais bien de la peine à conseiller The Midnight Club, à part à des adolescent(e)s fans de Chair de Poule. Et encore, ils pourraient très vite être ennuyés par le ton verbeux et larmoyant.

The Watcher : Rien à voir avec Geralt de Riv

The Watcher dans… The Watcher © Netflix

Ryan Murphy est un créateur prolifique qui ne se spécialise pas toujours dans l’horreur, mais qui y a créé quelques chef-d’œuvres. Je pense à la série anthologique American Horror Story, (dont je vous avais déjà parlé, dans un précédent article de Pod’Culture). Dernièrement, Ryan Murphy a fait couler beaucoup d’encre avec la série Dahmer, dans laquelle Evan Peters incarne un tueur en série ayant sévi durant les années 80. Si la qualité de la série semble mettre tout le monde d’accord, elle est sujette à polémique. Même si elle n’épouse jamais le point de vue de Dahmer et se veut un hommage à ses victimes, certains spectateurs et spectatrices se sont mis à glorifier le tueur en série. De plus, Netflix n’a pas jugé utile de prévenir les familles des victimes qu’une série était en préparation, ce qui aurait éveillé de nouveaux traumatismes. Mais nous ne sommes pas là pour parler de Dahmer… Comme je le disais, Ryan Murphy est un créateur prolifique. C’est aussi l’homme caché derrière The Watcher.

The Watcher est une mini-série sortie le 13 octobre 2022. L’histoire est inspirée de faits réels. Or, cette fois-ci, Netflix a pris soin de prévenir les victimes. Celles-ci ont donné leur bénédiction à condition que leur nom soit changé et que le casting ne leur ressemble pas. Bien sûr, il ne s’agit pas de la seule liberté empruntée par la série. L’histoire se déroule dans le New Jersey, en 2014. Nora (Naomi Watts), Dean (Bobby Cannavale) et leurs deux enfants emménagent dans la maison de leurs rêves. Malheureusement, la famille va très vite se sentir observée puis harcelée par un corbeau, qui s’adresse à eux par l’intermédiaire de lettres anonymes et menaçantes.

The Watcher est une série captivante. Le suspense est rondement bien mené, au cours de sept épisodes, durant lesquels les soupçons se multiplient au point que l’on peine à découvrir qui est le coupable. Cette mini-série rassemble des thématiques que l’on retrouve – de manière similaire – dans la toute première saison de American Horror Story. Plusieurs personnages deviennent obsédés par la maison, ou du moins, par ce qu’elle représente. Certains deviennent même destructeurs pour leur propre famille. The Watcher est plus dotée d’un ton policier que d’une ambiance paranormale. La révélation finale peut paraître frustrante. Elle n’en demeure pas moins maligne et surtout parfaitement logique. Mais je m’en voudrais de divulgâcher cette mini-série qui mérite d’être découverte.

Le Cabinet de… Non, je ne ferai pas cette blague

Guillermo Del Toro présente son Cabinet de Curiosités © Netflix

Est-il bien utile de présenter Guillermo Del Toro ? C’est bien connu, le réalisateur du Labyrinthe de Pan, (que l’on retrouve aussi dans Death Stranding) est passionné par le fantastique et par les créatures effroyables. Depuis le 25 octobre, Guillermo Del Toro présente son Cabinet de Curiosités sur Netflix. Fait assez particulier pour être souligné : Netflix n’a publié que deux épisodes par jour. Voilà qui a permis de savourer la série, jusqu’au week-end d’Halloween. (Notons que, à l’heure où j’écris cet article, je n’ai donc vu que la moitié de la série.)

Chaque épisode débute par une petite introduction de Guillermo Del Toro, à la manière de ce que faisait Hitchcock, en son temps. Le créateur du Cabinet de Curiosités présente l’épisode en question, ainsi que son réalisateur ou sa réalisatrice, avant que la fiction ne commence. Il s’agit d’un format que nous n’avons plus l’habitude de rencontrer. Les épisodes, tous indépendants, sont dotés de la structure d’une nouvelle fantastique, dans laquelle la tension monte lentement, et se termine par une chute inattendue ou marquante.

Le premier épisode est pour le moins classique. On retrouve une atmosphère lugubre digne des années 90 et l’horreur met du temps à pointer le bout de son nez, ce qui la rend d’autant plus mémorable. Dans les épisodes 2 et 3, les artistes du Cabinet de Curiosités abordent des thématiques vues et revues, mais avec assez d’originalité pour captiver l’attention et surprendre. Si les épisodes ne sont pas très effrayants, ils peuvent se révéler assez répugnants pour les rétines les plus délicates. Enfin, l’épisode 4 dénonce la superficialité et le désir de devenir plus belle, à tout prix. L’humour noir, d’un autre temps, atteint son paroxysme, dans un épisode diablement grotesque et dérangeant. Le moins que le puisse dire, c’est que Guillermo Del Toro a tenu son pari. Il a diablement éveillé ma curiosité !

Conclusion

Netflix s’est montré généreux, pour célébrer Halloween. Bien que je n’ai guère apprécié The Midnight Club, j’ai conscience de ne pas faire partie du public visé. Les thématiques de la série sauront peut-être vous parler. Les histoires paranormales pourraient, quant à elles, impressionner les spectateurs et spectatrices les plus jeunes. J’ai beaucoup d’affection pour The Watcher qui, sans révolutionner le genre, maintient du suspense tout au long de la série. Le fait que l’intrigue soit inspirée de faits réels la rend d’autant plus oppressante. Enfin, Le Cabinet de Curiosités renoue avec le fantastique à l’état brut. La structure du récit rend nostalgique et on se plaît à retrouver l’amour du grotesque et la beauté du macabre, signées Del Toro. Ces trois séries explorent l’horreur de manière différente et s’adressent à différents types de public, et c’est très bien. 

  • The Midnight Club, The Watcher et Le Cabinet de Curiosités sont des séries disponibles sur Netflix, depuis le mois d’octobre 2022. 

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