Magical Delicacy | Douce Flora, tu es magique

par Anthony F.

Au rayon des jeux « wholesome » de cet été, notre attention s’est portée sur Magical Delicacy, avec sa promesse de mélanger la magie à la cuisine dans un monde fait d’exploration en 2D. Dans la peau d’une sorcière bien loin des clichés habituels, on part à l’aventure pour concocter quelques unes de ses meilleures recettes pour s’attirer les faveurs de la ville où l’héroïne vient de débarquer. Le jeu, sorte de metroidvania, mais avec un twist, est développé par Skaule et édité par Whitethorn Games, et disponible sur PC, Nintendo Switch et Xbox Series X|S via le Game Pass.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un code Xbox Series par son éditeur.

Ma sorcière bien aimée

© 2024 Magical Delicacy – skaule

Aux prémices de Magical Delicacy, on fait la rencontre de Flora, qui vient à peine d’arriver dans la petite ville de Grat, coincée entre côte et collines, avec la ferme intention de devenir une vraie sorcière. Pas celles des contes et légendes, mais un autre type de sorcière. Car dans ce monde-là, les sorcières sont plutôt d’habiles cuisinières, qui utilisent leur savoir magique pour régaler les papilles des gens qui les entourent. Elle se retrouve donc à la tête d’une petite boutique où elle va pouvoir concocter de bons petits plats à vendre, cultiver un jardin ou encore préparer de nouvelles recettes commandées par d’autres protagonistes. Sur le modèle d’autres jeux plutôt « chill » où le but est de trouver des ingrédients et objets pour en fabriquer d’autres afin d’avancer dans l’histoire, Magical Delicacy tire son originalité de son mélange avec un autre genre, celui du matroidvania. Alors il n’y a pas de combats, pas plus que le personnage ne développe des compétences (à l’exception de capacités à débloquer au fil de l’histoire comme le double saut), mais l’esprit du metroidvania y est avec son exploration en 2D, sa découverte d’une grande carte du monde interconnectée, et les multiples allers-retours à mesure que l’on débloque les moyens de pouvoir passer certains obstacles initialement bloquants. À cela s’ajoute la rencontre de nombreux personnages, certains pour leur acheter de quoi affiner la carte et s’y repérer plus facilement, d’autres pour obtenir de nouvelles recettes, ou enfin des protagonistes qui font avancer l’histoire.

Et pour la faire avancer, il faut évidemment mettre le nez dans la cuisine. Au début, notre héroïne n’a pas grand chose pour cuisiner, à peine de quoi faire bouillir de l’eau et découper des légumes. Puis au fil des rencontres, des ingrédients trouvés dans la nature ou chez les marchand·e·s, de l’argent glané en accomplissant des quêtes secondaires ou en revendant des plats cuisinés, Flora parvient à acquérir de quoi transformer sa petite boutique en une vraie grande cuisine. Four, extracteur de jus, mortier et pilon, poêle à frire ou véritable chaudron de sorcière, autant d’outils pour mener à bien sa quête. Une quête aux relents magiques, sachant qu’elle fait rapidement la rencontre de Cassia et Tauno, deux sorcières prêtes à lui apprendre plein de choses, mais qui semblent aussi se servir d’elles pour régler leurs soucis, lui confiant même la responsabilité de surveiller un étrange d’œuf qui se révèle vite être un dragon. Aucun spoil ici évidemment sur l’avancée de l’histoire, ces évènements ayant lieu très tôt dans le jeu. L’écriture a ses bons moments, les mystères entourant les véritables intentions de Cassia et Tauno donnant envie de continuer, mais il manque un petit truc en plus pour vraiment nous accrocher. La progression de l’histoire s’avère toutefois assez hachée, avec un jeu qui est plutôt avare en consignes sur la marche à suivre, préférant nous laisser explorer le monde et réaliser des recettes demandées par les gens que l’on croise, jusqu’à tomber sur les bonnes personnes afin de faire avancer le tout. Cette progression qui profite d’une totale liberté -même si certains évènements sont nécessaires pour débloquer de nouvelles zones – nécessite donc d’y consacrer un certain temps, pour un jeu qui requiert une bonne trentaine d’heures au moins pour en voir le bout. Une trentaine d’heures à explorer, à essayer des recettes, et à partir à l’aventure d’un monde certes sans danger véritable (on reste sur l’esprit des jeux « wholesome ») mais qui n’est pas toujours le plus plaisant à explorer. 

La magie est une science ?

© 2024 Magical Delicacy – skaule

Bien que la magie soit là pour tout expliquer, les recettes respectent quand même certaines logiques, dans le but de créer l’alchimie parfaite entre les différents ingrédients. Pour ce faire, chaque ingrédient dispose de caractéristiques propres : sucré, salé, exotique, produit de la terre, fruit, légume, savoureux, ou encore pimenté. C’est l’association de ces caractéristiques (qui peuvent être multiples pour un même ingrédient) qui donnent ensuite les saveurs du plat cuisiné. Sachant que la plupart des demandes des protagonistes tournent autour de ces caractéristiques, n’obligeant pas à créer un plat spécifique, mais plutôt à retrouver certaines saveurs. Cela permet non seulement d’offrir une certaine liberté dans l’approche des quêtes puisqu’il ne s’agit pas de trouver un plat précis, mais aussi de pousser à l’expérimentation. Bien qu’il soit possible de se faciliter la vie en achetant des recettes chez les marchand·e·s et de les suivre à la lettre, on peut aussi balancer au four ou dans la cocotte des ingrédients en se fondant sur leurs caractéristiques et en espérant qu’il en ressorte quelque chose d’à peu près mangeable. Sachant qu’outre ces types d’aliments, on peut obtenir des éléments différents en les coupant ou même en les écrasant au pilon. Cela offre une certaine largesse sur la manière de résoudre les quêtes, qui tournent toutes autour de la confection d’un ou plusieurs plats, tout en évitant de se retrouver bloqué·e parce qu’on n’aurait pas un ingrédient particulier.

Évidemment, certains passages nécessitent une chose en particulier, puisqu’il faut bien faire avancer l’histoire. Ce qui pousse à explorer le monde et, c’est, malheureusement, là que les choses se compliquent pour Magical Delicacy. L’absence d’ennemis à combattre n’empêche pas d’y mettre une petite dose de challenge, via des séquences de plateformes qui peuvent s’avérer assez pénibles, tant à cause de l’agilité relative du personnage que des phases elles-mêmes qui sont peu inspirées, et qui reposent essentiellement sur des plateformes qui apparaissent et disparaissent à intervalle régulier. Une mécanique vite répétitive qui tend à alourdir et allonger l’exploration, ce qui fait qu’on passe parfois un jour entier, le jeu ayant un cycle jour/nuit, juste pour atteindre une partie de la carte en espérant y trouver un seul petit ingrédient, ou retourner voir un personnage spécifique. Certes, on débloque assez vite un système de téléportation, mais les points de téléportation ne compensent pas la longueur de beaucoup d’allers-retours. D’autant qu’aller à l’autre bout de la carte pour récupérer une quête après une pénible séquence de plateformes nécessite ensuite de faire le chemin inverse, réaliser la recette à la maison, puis repartir passer les mêmes plateformes pour effectuer la livraison. Le jeu peut néanmoins s’appuyer sur un monde plutôt joli, avec un pixel art bien maîtrisé où l’on sent un véritable amour pour le monde que le jeu raconte. 

Avec ses charmants personnages hauts en couleur, plutôt bien écrits et inclusifs, la beauté de son monde, Magical Delicacy donne évidemment envie d’être exploré. Fort en plus de ses mécaniques de cuisine, qui laissent largement la place à l’erreur et à l’expérimentation, le jeu de Skaule a tout pour plaire. C’est donc dommage que le titre se rate sur ses mécaniques d’exploration, qui alourdissent un jeu déjà plutôt tranquille, à tel point que certaines zones peuvent parfois être une plaie à parcourir. Si l’on veut jouer à quelque chose de plutôt chill, ce sera certainement une bonne expérience, mais j’en attendais un peu plus sur la découverte de son monde après quelques premières heures franchement agréables. C’est d’autant plus dommage que l’essentiel de l’aventure se focalise sur cette exploration, nous poussant à partir à l’aventure, alors que son point fort reste la cuisine et les discussions avec les nombreux protagonistes que l’on trouve en ville et à ses abords. 

  • Magical Delicacy est disponible depuis le 16 juillet 2024 sur PC, Nintendo Switch et Xbox Series X|S, et notamment sur le Game Pass.

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