Ce n’est pas une grande fan du MCU qui vous écris. Mais s’il y a des personnages que j’affectionne particulièrement, ce sont les Gardiens de la Galaxie. Bien que le premier comic book date de la fin des années 60, les Gardiens, tels qu’ils apparaissent dans les films, proviennent d’une version ultérieure datant de 2008. En 2014, dans les salles obscures, James Gunn nous fait rencontrer une bande de prisonniers qui ne tardent pas à devenir les Gardiens de la Galaxie. Le deuxième long-métrage sort trois ans après, bien que l’équipe galactique fasse des apparitions dans d’autres films du MCU, et même dans un court-métrage de Noël, sorti en novembre dernier. Il a toutefois fallu attendre le 3 mai 2023 pour découvrir le dernier opus de la trilogie et – qui sait ? – peut-être faire nos adieux avec l’équipe, telle que nous la connaissons.
La quête familiale de Star-Lord
Ce n’est que mon avis, mais Les Gardiens de la Galaxie ont une place à part dans l’univers du MCU, tant par la forme que par le fond. D’une part, la trilogie – dont tous les opus ont été écrits et réalisés par James Gunn – explore la thématique de la famille de façon très personnelle et progressive. D’une autre part, la tonalité des films se distingue grâce à leur caractère gentiment irrévérencieux. Depuis 2014, bon nombre de long-métrages tentent d’intégrer une scène d’action chorégraphiée sur fond de musique des années 80 ; et pourtant, n’est pas Les Gardiens de la Galaxie qui veut. La trilogie doit tout à ses personnages, à commencer, bien naturellement, par le chef de l’équipe : Star-Lord.
Au-delà des films de science-fiction ou de super-héros, les trois épisodes des Gardiens de la Galaxie nous parlent de liens familiaux. L’introduction de chaque film constitue la clé de lecture de la trilogie. Ainsi, le premier opus s’ouvre sur l’enfance de Peter Quill (Star-Lord) qui, après avoir assisté à la mort de sa mère, se retrouve enlevé par des extra-terrestres. Le deuil de sa mère fera alors partie intégrante du cheminement de Star-Lord (Chris Pratt). L’introduction du deuxième épisode permet de faire la rencontre d’Ego, le père biologique de Peter. Le film se concentre d’ailleurs sur la relation entre les deux personnages, qui n’est pas telle que Star-Lord l’imaginait. En revanche, il sera surpris par l’estime que lui porte Yondu, le leader d’une faction exilée des Ravageurs ; mais aussi celui qui se rapproche le plus d’un vrai père, pour lui. Alors, le film ne fait que confirmer ce dont on se doutait depuis les débuts de la saga : Star-Lord a toujours eu pour vocation de se faire une famille avec ceux qui n’en ont pas. Il y a la famille de sang et celle que l’on choisit : cette thématique est aussi vieille que le cinéma, mais force est de constater que Les Gardiens de la Galaxie la traite efficacement… Mais qu’en est-il de l’introduction des Gardiens de la Galaxie Vol. 3 ? Comme les affiches et bande-annonces le présageaient, le film se concentre, dès le départ, sur Rocket, et c’est on ne peut plus révélateur.
Je s’appelle Groot
Rocket (Bradley Cooper) est victime d’une tentative d’enlèvement réalisée par Adam Warlock (Will Poulter) et orchestrée par le Maître de l’évolution (Chukwudi Iwuji). Grièvement blessé, le raton laveur (ou pas) se retrouve entre la vie et la mort. Les autres Gardiens de la Galaxie vont tout faire pour trouver un moyen de le sauver ; l’aventure étant ponctuée par des flash-back racontant l’origin-story de Rocket. La dernière phase du MCU ne semblant pas avoir de ligne directive bien définie, le film se suffit à lui-même et c’est très appréciable. Ce volume 3 avait déjà bien assez à raconter pour clôturer la trilogie ainsi que l’arc de chacun de ses nombreux personnages. Il demeure une production Marvel et Disney, qui ne peut se soustraire à certains défauts, comme une direction artistique parfois indigeste ou un méchant décidément caricatural. Le Maître de l’évolution a beaucoup de potentiel ; on en dresse malgré tout un portrait dénué de nuance et presque hystérique. A mon sens, la qualité de l’écriture du méchant manque cruellement aux blockbusters actuels. La prestation de Chukwudi Iwuji n’est pour autant pas dérangeante ; et force est de constater que les défauts du film s’arrêtent là, tant il m’a emportée, amusée et même émue, au point de rester tapi dans un petit coin de mon esprit, plus d’une semaine après le visionnage.
Au-delà de la rencontre de ces nouveaux personnages, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 permet de retrouver des visages familiers, comme Drax (David Bautista) dont le potentiel comique me surprend toujours, Nébula (Karen Gillan), agissant comme la digne héritière de sa défunte sœur, Mantis (Pom Klementieff), qui – étonnament – contribue au ton irrévérencieux du film, ou encore Groot (Vin Diesel). L’arbre humanoïde a bien grandi et ne ressemble guère à la version du premier film. Comme James Gunn l’avait déclaré, nous avons donc confirmation qu’il ne s’agit pas d’une réincarnation de Groot mais bel et bien de son fils. Pas trop tristes ?
La quête identitaire de Rocket
Mais revenons-en à nos ratons laveurs. Si le long-métrage s’ouvre sur Rocket, c’est parce qu’il en est le cœur et l’âme. Maintenant qu’il a fait le deuil de ses parents, Star-Lord se concentre sur sa famille de cœur : Les Gardiens. On peut aussi imaginer cela comme un passage de flambeau. Maintenant que l’histoire de Peter a été racontée, il est temps de se focaliser sur son « meilleur ami ». Au-delà de sa colère et de sa rancœur, Rocket est un personnage particulièrement intéressant. Il a un passé si douloureux qu’il a beaucoup de mal à s’accepter, tel qu’il est, ou à accorder sa confiance aux autres. Tout ce qui avait été à peine effleuré par les précédents opus est exploité dans ce dernier épisode, qui ne parle plus seulement de famille mais aussi d’acceptation de soi, en tant qu’individu. Et je n’invente rien, puisqu’il s’agit d’une autre déclaration de James Gunn. Bien sûr, il est difficile d’en dire davantage sans faire de spoilers majeurs sur un film qui – avec son lot de rebondissements et surtout d’émotion – mérite d’être découvert. Tout ce que je peux dire, c’est qu’entre quelques rires et quelques larmes, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 propose plusieurs sous-textes, qui développent les personnages tout en les rendant encore plus attachants. Par l’intermédiaire de l’histoire de Rocket, le long-métrage émet une dénonciation assez magistrale et émouvante de l’expérimentation et de la maltraitance animales. Certaines scènes sont d’une telle douceur et d’une telle amertume à la fois qu’elles en deviennent extrêmement touchantes et marquantes. Enfin, au vu de la satire émise par le film, il est assez malin d’avoir donné un rôle un peu plus central à Cosmo, (le chien spationaute doté d’un accent russe).
Pour finir, ce Volume 3 est assez rusé car il évite certains écueils, notamment grâce à Gamora (Zoe Saldana). Celle qui aimait Peter est bel et bien décédée. Il s’agit donc d’une version alternative du personnage, en vie grâce aux événements survenus dans les Avengers. Cette autre version de Gamora apporte quelques nuances à la morale du film, en rappelant qu’il n’y a ni absolu, ni obligation envers personne, quels que soient les liens pré-existants.
Conclusion
J’ai beaucoup disserté mais rassurez-vous : vous retrouverez, dans Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3, tout ce que vous aimez chez un film d’action Marvel. Un sentiment d’évasion, des scènes d’action à gogo et une excellente bande-originale assurent le divertissement. Mais ce n’est, à mes yeux, pas l’essentiel. Les Gardiens de la Galaxie sort du lot grâce au développement des personnages et à l’humour décomplexé ; mais par-dessus tout, parce que le film – que dis-je ? – la trilogie a quelque chose à raconter. Ce troisième volume possède plusieurs degrés de lecture, ce qui saura émerveiller les petits, tout en faisant réfléchir les grands. Pour des raisons bien précises, certaines scènes m’ont touchée en plein cœur et me permettent d’affirmer, avec le recul, combien ce film m’a émue et clôture la trilogie, avec panache. Il ne vous reste plus qu’une mission à accomplir : vous précipiter dans la salle de cinéma, avant que le vaisseau ne quitte la station d’atterrissage. Mais si vous êtes en manque de Gardiens, vous pouvez toujours vous réfugier du côté des jeux vidéo. En effet, le jeu narratif développé par Telltale en 2017 et – par-dessus tout – celui édité par Square Enix en 2021 proposent des aventures très correctes.
- Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 est sorti au cinéma, le 3 mai 2023.