DC Infinite #19 | Terreurs sur le multiverse

par Anthony F.

Nouvelle année, nouveaux univers à découvrir dans la collection DC Infinite actuellement en cours du côté d’Urban Comics. Une collection lancée en janvier 2022, que l’on a suivie depuis lors sur Pod’culture au rythme des sorties. C’était un point d’entrée intéressant pour les néophytes d’un univers en perpétuelle évolution, qui a souvent été rendu difficile d’accès aux personnes qui n’auraient pas des heures à perdre sur de nombreux wiki pour en connaître les tenants et aboutissants. Depuis, cette nouvelle ère de DC s’est considérablement étoffée et retombe probablement dans quelques travers de difficulté de compréhension, mais comme le montre cette nouvelle fournée de janvier 2024, on trouve aussi plusieurs titres qui se suivent parfaitement sans avoir à tout connaître de DC. Et le moins que l’on puisse dire c’est que ce mois de janvier est généreux en nombre, après des mois de novembre et de décembre qui n’ont compté qu’une seule sortie. À noter que parmi les sorties, quelques personnages connaissent la conclusion de leur série principale à cette occasion : Harley Quinn, Superman Son of Kal El et Flash.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’exemplaires par l’éditeur.

Dawn of Justice Society of America – Tome 1, un retour à l’âge d’or

© 2024 DC Comics / Urban Comics

Bon, on commence plutôt mal avec Dawn of JSA en matière de récit accessible aux néophytes. C’est là plutôt tout l’inverse, même si le récit s’efforce d’expliquer de nombreuses choses, quitte à empiéter sur son rythme. On y fait la rencontre de plusieurs personnages dont le destin se croise autour d’une même idée : celle de l’âge d’or comics (années 1940-1950). D’abord avec un récit centré sur Stargirl, intitulé « Les enfants perdus », où elle tente de retrouver de jeunes acolytes de super-héros·ïnes de cette époque là, puis avec des histoires autour de la destinée de Doctor Fate, dont la mort a toujours précédé les nombreuses chutes de la Société de Justice d’Amérique (la JSA, au centre du récit). L’histoire en six chapitres sur Stargirl est une jolie réussite. Geoff Johns y explore un personnage au courage débordant, déterminé à faire ses preuves face aux Sept soldats de la victoire, une bande de héros et d’héroïnes, alors que ces derniers la mettent de côté pour la protéger. Agréable à suivre, cette histoire qui met en scène une sympathique Stargirl, alliée à Red Arrow (dans la peau d’Emiko Queen, sœur du Green Arrow) multiplie ses références à l’âge d’or et va même chercher du côté de Peter Pan. Effectivement, l’histoire nous amène vite sur une île mystérieuse où vivent ensemble des enfants abandonnés ; un monde fait de magie et d’une menace effrayante, au style certes kitsch mais franchement bien amené. Cette bande de gamin·e·s, autrefois acolytes de supers en collants, expriment leur mal-être mais aussi leur espoir quant à leur avenir, tranchant avec l’aspect hors du temps et sans issue d’une île qui semble les empêcher de repartir.

Plus tard, le comics part sur « Le nouvel âge d’or », une autre histoire qui, dans la continuité de celle de Stargirl (avec un lien bien établi entre les deux), va s’intéresser aux cycles du temps, aux morts successives de Doctor Fate à travers les âges et l’apparition de nouvelles personnes reprenant son fameux casque et son identité, lui permettant de voir l’avenir. Racontée du point de vue de Helena, une nouvelle Huntress du futur (qui s’avère être la fille de Catwoman et Batman), l’histoire montre de bonnes choses pour le moment mais ne constitue qu’une introduction aux événements qui seront racontés dans un tome 2. Dans l’ensemble on sent que Dawn of JSA tente de retrouver l’aura des anthologies que l’on trouvait en kiosque à une autre époque, avec une pagination désormais plus importante mais la même volonté de proposer plusieurs histoires autour d’un fil rouge commun. Ce n’est pas une mauvaise idée, mais à 30 euros le tome, j’ai tendance à m’interroger sur la cible visée : j’aurais bien du mal à le recommander pour la simple qualité de ses histoires, même si j’ai passé un bon moment, et il est difficile à l’heure actuelle de savoir si ce tome présentera un intérêt particulier pour les autres comics à venir.

Dawn of Superman – Tome 1, l’ennemi de mon ennemi est mon ami

© 2024 DC Comics / Urban Comics

Animé par la même volonté de proposer plusieurs histoires autour d’un thème commun, le premier tome de Dawn of Superman qui sort ce mois-ci raconte quant à lui la relation pour le moins difficile entre Superman, boyscout optimiste de tout son être, et son némésis Lex Luthor, génie pragmatique aux tendances autoritaires. Deux visions du monde qui s’opposent depuis toujours, et qui trouvent là un point d’apogée à l’heure où Joshua Williamson reprend la suite des aventures de Superman. Dans cette anthologie, on trouve également des Action Comics de Phillip Kennedy Johnson, qui écrit Superman depuis le lancement de l’ère Infinite, et deux épisodes de Knight Terrors : Superman, l’évènement principal dont il est question ce mois-ci dans le comics Justice League Knight Terrors dont je parlerai plus bas dans cet article. Pour ce qui est de ce premier tome, on découvre un récit étonnamment plutôt léger dans le ton et l’ambiance où Superman, de retour sur Terre, retrouve son job au Daily Planet tout en continuant ses activités de héros. Et face à une invasion de parasites sur la ville qui transforment les habitants en créatures affamées, il se retrouve allié à Lex Luthor par la force des choses. Un éternel antagoniste qui semble vouloir s’allier à lui pour de bon, mais aussi pour se débarrasser d’une plus grande menace. Un partenariat (certainement temporaire) qui fonctionne sacrément bien, d’autant plus que l’écriture de Williamson fonctionne plutôt bien avec l’univers du kryptonien. Le comics apparaît même comme une bouffée d’air frais après un précédent run de Phillip Kennedy Johnson qui était moins satisfaisant dans l’ensemble, s’éparpillant un peu partout sans satisfaire ses ambitions initiales. Celui-ci, initié dans les Superman Infinite (en cinq tomes) connaît sa suite dans les épisodes de la dernière partie de l’anthologie Dawn of Superman.

Et c’est très joli grâce au super travail notamment de Jamal Campbell, qui joue beaucoup sur les lumières et le côté horrifique tout en restant assez léger et tout public. Rafa Sandoval fait aussi de belles choses sur les épisodes d’Action Comics. Agréable à lire et à suivre, faisant intervenir Lois Lane et Jimmy Olsen au quotidien du Daily Planet, en y ajoutant l’alliance à Lex et à sa société devenue Supercorp (en remplacement de Lexcorp) dans le récit de Williamson, et Lex en antagoniste dans celui de Johnson, on y trouve tous les ingrédients et personnages qui font l’essence même de cet univers. Quitte à en faire un peu trop et à ressembler parfois à un grand récit fan service, mais on ne lui en veut pas. Surtout que les récits suivants, un Superman Annual et les deux Knight Terrors : Superman, maintiennent un niveau de qualité similaire pour former un tout cohérent, avec même quelques belles idées de mise en scène dans Knight Terrors : Superman. Si Dawn of JSA manque un peu son coup malgré quelques bonnes choses, Dawn of Superman est quant à lui une belle réussite en plus d’être facilement accessible sans avoir lu les histoires précédentes. Cela dit, à 35 euros le ticket d’entrée, il vaut mieux déjà avoir un certain intérêt pour le personnage.

Superman Son of Kal El Infinite – Tome 3, à l’assaut de la tyrannie

© 2024 DC Comics / Urban Comics

On découvrait il y a près de deux ans en VF les aventures de Jon, fils de Superman, qui reprenait le rôle de son père alors que ce dernier avait quitté la Terre dans sa quête contre le Warworld (encore une fois, les évènements de Superman Infinite). Trois tomes plus tard, la publication en VF connaît un ultime tome qui sort ce mois-ci, avec en point d’orgue la conclusion des aventures de Jon (devenu Superman) et de son petit ami Jay Nakamura contre la tyrannie de Gamorra, l’île fictive dont est originaire Jay. Un lieu où un certain président Bendix règne en dictateur, soumettant une partie de la population à l’esclavage. Pleine d’action, comme à l’habitude des comics de Tom Taylor, cette conclusion nous offre quelque chose de très dynamique visuellement avec une écriture plutôt agréable et fidèle à ses personnages, profitant de leur bienveillance pour raconter des choses aux valeurs similaires à celles du Superman historique. Le bon côté, c’est que l’aspect « blockbuster » avec ses scènes d’action et ses grands discours de méchants très méchants n’empêche pas l’auteur de prendre du temps à certains endroits pour ancrer ses personnages dans leur réalité. La relation entre Jon et Jay est toujours géniale, et leur entourage joue un rôle important, même si le récit ne peut s’empêcher de tirer vers des choses très caricaturales, notamment dans les derniers chapitres.

Passé l’histoire de Gamorra, le comics nous embarque dans les numéros de Adventures of Superman : Jon Kent, une autre aventure où le fils de Superman part affronter Ultraman, celui qui l’a asservi des années (dans les évènements de l’ère précédente de l’univers DC). Là aussi, on tombe sur quelque chose d’assez peu porté sur l’originalité, Ultraman étant l’un de ces méchants qui n’a d’autre objectif que de tuer les gentils (sans que l’on s’attarde trop à lui demander pourquoi), mais encore une fois, ça marche bien. Et ce grâce aux qualités d’écriture de Tom Taylor quand il raconte les traumas de son personnage qui retrouve son oppresseur, mais également parce qu’il a la bonne idée d’emmener le récit dans un autre univers, celui de Injustice. Et ce n’est pas un hasard : d’abord, parce que Injustice est la série de comics qui a fait exploser la carrière de Tom Taylor, mais aussi parce qu’en l’envoyant là-bas, il confronte Jon Kent à une version maléfique de son père. Là encore la conclusion de l’histoire est plutôt facile, et laisse la porte ouverte à une suite, mais je ne boude pas mon plaisir, c’est toujours un plaisir à lire.

Flash Infinite – Tome 4, le voyage dans le temps, on appelle ça un lundi à Central City

© 2024 DC Comics / Urban Comics

Pour la série Flash Infinite également, ce mois de janvier marque la fin de la publication VF (en attendant une suite sous un autre titre). Pour l’occasion, ce volume s’ouvre sur la « guerre d’une minute« , un arc où Central City, la ville qui accueille Flash et ses comparses, est envahie par une nation extraterrestre nommée la « Fraction ». Une nation génocidaire qui tente de s’emparer des ressources naturelles de chaque planète que leur vaisseau croise. La particularité toutefois, c’est que ces nouveaux ennemis ont été capables d’absorber les capacités des « bolides » comme Flash, en exploitant la force véloce pour mener des guerres… d’une minute, les populations locales n’ayant même pas le temps de les voir arriver et agir. Tout commence d’ailleurs quand la population se trouve figée, à l’exception évidemment des bolides, capables d’aller à la même vitesse que ces extraterrestres. L’idée n’est pas mauvaise, et ça exploite plutôt bien les spécificités de l’univers de Flash, mais l’aventure se perd assez vite en tournant encore et toujours autour de questions de passé, de futur et de voyage dans le temps. La résolution se devine dès les premières pages, et l’auteur Jeremy Adams est absolument incapable de surprendre avec ses idées. Il balance dans le tas quelques morts pour tenter de choquer, mais il est bien difficile de s’emparer d’une quelconque émotion quand l’on sait que vingt pages plus tard, il va se passer la même chose que d’habitude. On ne peut pas complètement le lui reprocher non plus, ça fait longtemps que l’univers DC a établi que les Flash sont capables de remonter le temps (grâce à la force véloce, en courant très vite), mais peut-être qu’il faudrait envisager les récits et les cliffhangers différemment. Surtout qu’il y parvenait plutôt bien dans le premier tome de Flash Infinite.

Cette conclusion a quand même pour elle l’écriture des personnages, toujours sympathiques, avec une petite bande de bolides qui se serrent les coudes pour vaincre l’ennemi. Mais s’il faut trouver un véritable intérêt à l’achat, ce serait plutôt à chercher du côté de la présence d’extraits du numéro 800 de The Flash, publié l’année dernière aux Etats-Unis, et qui vient conclure le tome (qui réunit les épisodes 790 à 799). La particularité de ce numéro 800 est qu’il multiplie les hommages aux différents personnages, en guise de célébration. Alors ces extraits sont plutôt courts, mais ils ont le mérite d’être là et sonnent plutôt bien après l’aventure principale, celle-ci ayant mis en scène de nombreux personnages qui apparaissent ensuite dans le numéro 800. De manière générale, cet ultime volume est à l’image de l’ensemble du run de Jeremy Adams : quelques bonnes choses ici et là, des bonnes surprises occasionnelles, mais un ensemble oubliable.

Harley Quinn Infinite – Tome 4, Harley était la gentille de l’histoire

© 2024 DC Comics / Urban Comics

Dernière série du mois qui connaît une fin, la Harley Quinn Infinite de Stephanie Phillips. L’autrice racontait depuis le premier tome le difficile arc de rédemption de Harley Quinn, qui s’est définitivement coupée de l’influence du Joker (qui est de toute manière mort/disparu depuis longtemps dans l’univers DC Infinite) et avait décidé de faire le bien, avec l’espoir peut-être vain de se racheter aux yeux d’une ville qu’elle a elle-même martyrisé. Cet arc, parfois drôle, souvent émouvant, nous emmenait dans le psyché d’une vilaine devenue héroïne, couronnée d’une force morale -et mentale- impressionnante, malgré les nombreux obstacles mis sur sa route. Entre celles et ceux qui ne croient pas à sa rédemption, mais aussi avec ses comparses d’autrefois qui espèrent la ramener du mauvais côté. Et parmi eux, on découvrait dans le tome précédent Verdict, une ancienne flic devenue vilaine, qui avait tenté de mettre sur le dos de Harley Quinn un crime qu’elle n’a pas commis pour se venger d’elle. Tentant de prouver son innocence, elle avait dû refaire des trucs pas très légaux. Depuis, avec cette suite, Harley se trouve embarquée dans un nouvel arc par Luke Fox (fils de Lucius) pour ce qu’il lui présente comme une mission sur la lune fortement rémunérée, afin de récupérer un artefact disparu. Comme la réalité colle rarement aux offres d’emploi, elle découvre rapidement que la mission est plutôt du genre mission suicide, qu’elle est embarquée avec une bande de vilain·e·s (dont Verdict) et qu’en plus, l’artefact est plutôt une créature extraterrestre aux envies de meurtre de masse. Ce qui était initialement une mission d’équipe devient vite une catastrophe, alors que le comics part dans une ambiance de SF assez classique avec une créature immonde qui hante un centre de recherche abandonné sur la Lune, une créature qui tente d’éliminer un à un les compagnons de route de Harley.

Bon, Harley oblige, tout ça est raconté sous un angle assez drôle, avec un second degré omniprésent et des bonnes blagues qui lui permettent d’ignorer le drame qui se joue. L’humour grinçant de Stephanie Phillips fonctionne toujours du tonnerre, offrant à sa Harley quelque chose d’extrêmement attachant. Elle n’hésite pas à montrer le personnage sous tous les angles, quitte à ce qu’elle soit imparfaite, et ce afin de l’humaniser. À tel point qu’aujourd’hui Harley Quinn est sans nul doute l’une des meilleures « héroïnes » de l’univers DC, puisque son ambiguïté, ses difficultés à ne faire que le bien sans que rien ne dérape lui confèrent quelque chose d’infiniment plus humain que d’autres personnages qui prennent constamment les bonnes décisions. C’est cette difficulté à toujours être du bon côté, à ne pas faire d’erreur, qui fait tout le sel d’une héroïne qui tente de faire oublier le mal qu’elle a fait dans le passé, quand elle était sous l’emprise du Joker. En bref, et à l’image du reste des Harley Quinn Infinite, ce quatrième tome est excellent, et j’espère que le personnage reviendra très vite dans une autre série.

Nightwing Infinite – Tome 5, un grand pouvoir implique de grandes…

© 2024 DC Comics / Urban Comics

De plus lourdes responsabilités pèsent sur les épaules de Nightwing depuis les évènements du précédent tome. Superman et les autres grand·e·s de ce monde lui ont en effet confié la responsabilité de porter une nouvelle Justice League, alors que l’ancienne a volé en éclats et ne représente plus vraiment la jeunesse qui pousse pour se faire une place. Responsable d’une équipe de héros et d’héroïnes de demain, Nightwing était retourné voir les Titans pour avoir un coup de main. C’est ainsi que le héros masqué et les Titans se retrouvent dans une escapade en enfer pour prendre Néron à son propre jeu. Divinité des enfers, celui-ci avait semble-t-il marchandé l’âme d’Olivia, une toute petite fille dont le père, Blockbuster, a été tué. La gamine, traquée par Néron, est alors protégée par les Titans qui vont tenter de trouver une solution pour se débarrasser de la menace. Un arc plutôt sympathique, très court, mais qui reste dans l’esprit des derniers tomes : dynamique, avec un rythme soutenu, fort d’un personnage qui a gagné en épaisseur et en charisme au fil du temps. La série Nightwing Infinite est, comme la série consacrée à Harley Quinn, l’une de mes préférées sur de l’ère DC actuelle, et ce cinquième tome n’ébranle en rien le plaisir de lire ses aventures. D’autant plus que le duo Tom Taylor à l’écriture et Bruno Redondo au dessin montrent encore tout son savoir-faire dans un épisode introduisant l’arc suivant, où Nightwing et Batgirl tentent d’aider deux « vilaines » poursuivies par une corporation. Si je mentionne cet épisode, c’est parce qu’il a été mis en scène intégralement à la première personne, dans les yeux de Nightwing. Comme si nous étions dans un jeu vidéo, on vit les cascades et le quotidien du héros dans sa peau, et ça marche sacrément bien. Cela ne pourrait être qu’un gimmick, mais le duo auteur-dessinateur est suffisamment malin pour utiliser le concept comme moyen narratif et non comme un simple effet de style. C’est fin, malin et drôle, parfois même émouvant, et d’une vraie beauté visuelle. Encore une réussite.

Et puis le tome termine sur deux épisodes de Knight Terrors : Nightwing, cette fois-ci écrits par Becky Cloonan et Michael W. Conrad (à qui l’on doit les Wonder Woman Infinite), en introduction du Justice League Knight Terrors que j’aborde plus bas. Deux épisodes psychédéliques dans l’esprit de Nightwing, alors que le monde est plongé dans un puissant sommeil à la faute d’un nouveau vilain. On y découvre ses peurs, emprisonné avec les pires ennemis de Gotham dans une Arkham où les gardes ont des visages d’animaux. C’est barré et pas désagréable du tout à lire, même si le ton change évidemment beaucoup de la série de Tom Taylor qui est habituellement moins fantaisiste (à part l’histoire de la visite en enfers avec Néron, certes). Dans tous les cas, je ne peux que vous inciter à acheter ce tome, et si ce n’est pas le cas, découvrir cette excellente série de comics depuis le premier volume.

Justice League Knight Terrors, les cauchemars ont un nom

© 2024 DC Comics / Urban Comics

Courte histoire en un tome, Justice League Knight Terrors nous plonge dans les cauchemars les plus sombres de nos héros et héroïnes. La faute à Insomnia, un nouveau super-vilain dont les pouvoirs se sont révélés à cause de la pluie verte causée par l’explosion des puits de Lazare lors des évènements de Planète Lazarus. Des pouvoirs qui lui permettent désormais de plonger toute la planète dans un profond sommeil, au cours duquel chacun·e se trouve confronté·e à ses pires cauchemars. Évidemment, les super ne sont pas exempts, à l’exception de celles et ceux dont l’existence dépasse la simple enveloppe corporelle, comme Deadman. Le plus mort des héros se trouve être le protagoniste de l’histoire, lui qui est un des rares à ne pas être atteint par Insomnia. Pour l’arrêter, il se lance dans une enquête afin de comprendre la nature et la portée de ses pouvoirs, mais aussi dans une course contre la montre, des créatures venant des cauchemars se matérialisant visiblement dans la réalité. Plutôt fun dans la forme, ce récit aux tendances horrifiques (mais pas franchement flippant) sort peut-être un peu trop tard tant son ambiance rejoint celle d’Halloween, mais cela ne l’empêche pas d’offrir une petite lecture sympathique pour quiconque souhaiterait s’essayer à un récit complet qui ne nécessite pas vraiment de connaître les évènements du reste de l’univers DC. Si son lien avec Planète Lazarus est bien direct, il résume le nécessaire en quelques cases, juste de quoi expliquer d’où sort le vilain du jour. L’autre chose plutôt fun du récit, c’est que Deadman doit s’accomoder de sa forme physique, celle de l’âme d’un homme mort, pour influencer un monde qu’il ne peut toucher directement. Il s’amuse donc à prendre possession de Batman, soudainement mis dans la position d’un pantin, chose qu’il ne goûte guère et qui pourrait refroidir leurs relations.

De manière générale, on sent que Joshua Williamson, qui chapeaute le comics, prend beaucoup de plaisir dans un récit horrifique qui ne s’embarrasse que de peu de contraintes. Et il en est de même pour les artistes qui passent dessus, comme le numéro de Howard Potter dont le trait déstructuré sied parfaitement à la mise en place d’un univers foutraque, tandis que Giuseppe Camuncoli apporte ensuite un style moins dilué mais plus sombre. L’efficacité visuelle est maximale, ce qui permet à Knight Terrors de rejoindre bon nombre d’évènements popcorn qui sont proposés régulièrement par DC Comics, avec une facilité d’accès et de mise en scène qui permet probablement de s’adresser à un public plus large. Au passage, les artistes prennent du plaisir en imaginant une histoire courte sans contrainte de la série principale de chaque personnage convoqué. Bref, c’est un bon moyen de finir le mois.

  • L’ensemble des comics de la collection Infinite sont disponibles en librairie aux éditions Urban Comics.

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