Une fois n’est pas coutume, l’équipe de Pod’Culture revient sur l’année 2023, afin de vous conseiller tout un échantillon de films, de séries, de jeux vidéo et bien plus encore. Nous vous souhaitons non seulement le meilleur pour l’avenir, mais aussi de découvrir ces œuvres nous ayant marqué(e)s.
Du Frisson et de la Frénésie
Les recommandations de F. de l’O.
L’année 2023 tire sa révérence, tandis que 2024 pointe le bout de son nez. À l’instar de mes camarades, je vais donc revenir sur les œuvres pop-culturelles m’ayant le plus marquée. Si je suis allée un peu plus d’une dizaine de fois au cinéma, je dois reconnaître que même les films les plus populaires ont su me décevoir. En revanche, s’il y en a un qui m’a agréablement surprise, alors que je ne suis pas fan de Marvel, c’est bien le dernier épisode de la trilogie des Gardiens de la Galaxie. Il s’agit, à mes yeux, d’une conclusion très équilibrée, alliant action, humour mais aussi émotion, avec beaucoup de panache. La dénonciation de la maltraitance animale était particulièrement touchante, mais si vous souhaitez en savoir davantage, j’avais consacré tout un article à ce film sur Pod’Culture.
Passons au petit écran. Sans surprise, si vous connaissez mes goûts, ma série favorite de l’année demeure une production sortie très tôt : The Last of Us (HBO). Certes, la série a des défauts au niveau du rythme ou surtout de l’absence manifeste d’infectés, mais il s’agit aussi et surtout de l’une des meilleures adaptations de jeux vidéo jamais réalisées. Non seulement la série est fidèle à l’œuvre originale, mais elle est aussi parvenue à s’en détacher ou à l’enrichir, sans oublier la prestation remarquable de l’ensemble du casting. En deux mots : il me tarde de voir la suite !
Pour un peu varier le plaisir, j’ai tout de même envie de glisser quelques mots sur The Bear, dont la deuxième saison est sortie cette année. La première dévoilait l’enfer et la frénésie des cuisines et, malgré tout le bien que j’en avais entendu, elle ne m’avait pas parfaitement convaincue. En revanche, la seconde saison est de la haute gastronomie. Elle est plus posée, plus contemplative, ce qui permet de savourer l’exécution des plats, aussi bien que le développement des personnages. Mais à vrai dire, mon cœur bat pour un épisode en particulier qui se suffit à lui-même. Il s’agit de l’épisode 6, où un flash-back montre un réveillon de Noël catastrophique dans la famille névrosée du protagoniste. C’est plein d’humour noir et en même temps cruellement réaliste. À condition d’être dans un bon mood, je vous conseille vivement de visionner ne serait-ce que cet épisode finement écrit. Il est d’autant plus marquant qu’on y retrouve des invité(e)s comme Jamie Lee Curtis, Bob Odenkirk ou Jon Bernthal.
Clôturons par les jeux vidéo. What else ? Sans surprise, une fois encore, car j’en avais déjà parlé sur Pod’Culture, mon Game of the year est Bramble : The Mountain King. Ce jeu d’horreur indépendant est un subtil mélange de tout ce que j’aime. Un petit garçon cherche sa sœur dans une forêt pleine de merveilles et d’horreurs épouvantables. Le jeu ne nie pas l’influence de Little Nightmares, mais il s’en démarque grâce au folklore scandinave ainsi qu’une direction artistique à couper le souffle. Mes choix s’avèrent finalement plus frissonnants que réellement festifs mais, si vous ne les avez pas encore découverts, je ne peux que vivement vous encourager à sauter le pas.
Le cœur, toujours le cœur
Les recommandations de Hauntya
Comme il peut être compliqué de choisir les œuvres qui ont fait l’année 2023 à mes yeux ! Je passe en effet pas mal de temps à découvrir des œuvres… qui datent d’avant ! Mais cela ne veut évidemment pas dire que 2023 n’a pas eu son lot de jolies surprises. Si j’ai du mal à extraire un film marquant, ce n’est toutefois pas le cas des séries. The Last of Us a été admirable dans son adaptation inventive du jeu vidéo homonyme, tout comme His Dark Materials (HBO) qui a proposé une belle troisième saison après une seconde de haute volée. Si elle n’est pas sans défauts au niveau de l’adaptation du 3e tome de À la croisée des mondes, elle a su en rendre le côté émotionnel intense, l’esthétique incroyable, les thèmes politiques, religieux et spirituels sans édulcoration. Et tout cela en se permettant encore des scènes inédites au roman, soutenues par un casting toujours aussi brillant. Cette adaptation que j’attendais depuis des années s’est conclue en beauté.
Dans un tout autre registre, la saison 2 de The Bear a été aussi une excellente surprise. Après une première saison frénétique, survoltée et attachante, la deuxième ne manque pas d’énergie et de chaos en cuisine, présentant la reconstruction d’un restaurant familial vers un de plus haute gamme, obligeant ses personnages à devenir meilleurs et à exiger davantage d’eux-mêmes. Mais si un certain verni peut s’acquérir, le naturel névrosé, conflictuel et contradictoire des protagonistes revient au galop dès que possible ! The Bear n’est pas qu’une histoire de gastronomie, mais aussi une série où les héros et héroïnes sont profondément réalistes et humains dans leurs rêves, leurs traumatismes et leurs relations. Quel plaisir de voir autant le jeu solide des acteurs et actrices que la précision et la qualité d’écriture des dialogues !
Côté jeux vidéo, cette année, la palme revient sans doute à The Wreck (The Pixel Hunt), dont j’avais proposé mon avis sur Pod’culture. Car des mois après, j’y repense encore, à cette histoire intense douée d’une réflexion et de paroles comme on en voit peu dans le jeu vidéo. Non seulement c’est rare de trouver en héroïne une femme de plus de trente ans, mais alors pouvoir, par elle, aborder autant de thèmes peu utilisés dans le monde vidéoludique ! Deuil, euthanasie, maternité, divorce, épuisement professionnel et artistique, relations entre mères et filles, entre soeurs, moments de vie universels comme tomber amoureux, avoir un enfant, se séparer de son partenaire… Quelle richesse et quel coup de poing tragique, en découvrant de manière déchronologique les souvenirs et la vie de Junon, son discours intérieur, sa vision sans fard du monde et d’elle-même. Il y a des moments où The Wreck frappe en plein cœur par son authenticité et son franc-parler, et ose surtout frapper là où ça fait mal, obligeant le joueur ou la joueuse à se regarder en face. Et cela, c’est assez unique pour être souligné.
Parlons musique ! En 2023 est sorti Anemoia, le deuxième album du Youtuber ALT236, spécialisé dans l’étrange sous toutes ses formes. En 14 titres, il nous plonge dans une ambiance électro / synthwave à la fois extrêmement mystérieuse et onirique, laissant libre cours à notre imagination durant l’écoute. Ce n’est pas simple à décrire : parfois on a le sentiment de plonger dans un donjon mystérieux, parfois de flirter avec un cyberpunk planant et mélancolique, quelquefois de plonger au fond d’un cosmos vertigineux. C’est assez unique, mais cela vaut la peine de l’écouter !
Enfin, côté lecture, la rentrée littéraire 2023 m’a permis de découvrir Demain et demain et demain de Gabrielle Zevin. On voit grandir ses deux héros, Sam et Sadie, de l’enfance à la trentaine, unis par un puissant lien d’amitié (voire plus) et leur passion pour les jeux vidéo. Les deux personnages fondent en effet un studio de jeu vidéo pour développer leur premier titre, puis un autre, et encore un autre… C’est d’abord original de trouver ce milieu de l’industrie vidéoludique en littérature, surtout que l’autrice n’édulcore pas les problèmes qui s’y nichent : sexisme, crunch, masculinité du milieu, etc… sans oublier l’amour pour ses personnages. À travers eux et leur fil de vie, ce sont de multiples thématiques qui apparaissent : l’identité, le tiraillement entre deux nationalités, le handicap, la santé mentale, les relations toxiques, et bien d’autres encore. Un roman riche, hommage aux jeux vidéo qui peuvent embellir et guérir une vie, tout en rendant ses personnages très attachants, parfois têtes à claques avec affection, et son histoire passionnante.
Au menu : salade de phalanges sauce poison, avec son supplément mousquetaire !
Les recommandations de Reblys
Chaque année est belle lorsqu’elle est remplie de découvertes, mais lorsque je repense à mon année culturelle 2023, je trouve qu’elle a été particulièrement généreuse.
En termes de manga tout d’abord, avec la parution chez nous de deux véritables coups de cœur. Des séries que je suivais en direct de leur parution au Japon via l’application MangaPlus, mais qui sont finalement arrivées dans nos librairies. Je parle d‘Akane-Banashi et Marriage Toxin. Akane-Banashi nous emmène à la découverte du Rakugo. Un art théâtral traditionnel japonais dans lequel le ou la rakugoka interprète tous les personnages du récit sans quitter sa position assise en seiza. On y suit l’histoire d’Akane, jeune rakugoka pleine de potentiel et surtout de volonté, dans son ascension vers les sommets de cet art. C’est frais, inspirant, ça a du cœur et de l’âme, vraiment une superbe aventure dont je ne peux que vous inciter à découvrir les premiers tomes parus chez Ki-Oon. Mais ce n’est pas mon manga favori de 2023 ! Ce titre, je dois le décerner à Marriage Toxin, géniale fusion de la baston et de la comédie romantique.
Dans cette série, dont la parution a débuté en septembre chez Crunchyroll, on suit Gero, assassin virtuose du clan du poison, l’une des familles de tueurs les plus puissantes du Japon. Lorsque se pose la question de la descendance du clan, Gero n’a plus le choix : il doit trouver femme. Sa rencontre avec Kinosaki, escroc au genre incertain, mais expert·e dans l’art de la séduction va le convaincre de rentrer dans le grand marché des célibataires. Pour rencontrer l’âme sœur, Gero doit utiliser ses compétences hors normes et les mettre au service d’un but simple : aider les demoiselles en détresse… Avec un pitch pareil, le risque serait que Marriage Toxin tombe dans des poncifs patriarcaux et s’enfonce dans un genre d’histoire de harem aussi cliché que malaisant. Heureusement, c’est tout le contraire. Le manga a l’intelligence de mettre en scène autant les injonctions sociétales qui pèsent sur Gero en tant qu’héritier d’un clan, que des personnages féminins qui sont tout sauf des objets attendant patiemment d’être secourus. Tout cela en nous gratifiant d’un graphisme somptueux et de scènes d’action à s’en décrocher la mâchoire. Il s’agit d’un digne représentant de ce genre hybride entre l’action et la comédie, mais aussi l’intime et le quotidien de la tranche de vie qui était jusqu’à lors principalement incarné par des mangas comme Spy x Family. Et on a besoin de plus d’histoires comme ça !
Niveau films on a également été gâté·e·s en 2023 ! J’ai consacré un article à Babylon, qui dès le mois de janvier s’est imposé comme mon film préféré de l’année. Mais la concurrence a été rude ! Au mois d’avril particulièrement, durant lequel se sont succédé le film Super Mario Bros., réussite artistique totale et véritable bonbon pour petits et grands, Suzume, le dernier film de Makoto Shinkai, toujours aussi fort lorsqu’il s’agit de déployer tout son univers et sa sensibilité, mais aussi, contre toute attente, la nouvelle adaptation du roman d’Alexandre Dumas réalisée par Martin Bourboulon : Les Trois Mousquetaires. Au-delà de l’intrigue, qui reprend celle de l’œuvre littéraire, j’ai été très agréablement surpris et même plutôt impressionné de découvrir un grand spectacle à la française. Extrêmement soigné, prenant, et brillamment exécuté par des acteurs et actrices qui proposent des partitions qui leur permettent de s’oublier derrière les personnages. Ce qui n’était pas gagné quand figurent au casting des « gueules » comme celles de Vincent Cassel ou Romain Duris. À l’heure où j’écris ces lignes, je ne suis pas encore allé voir le deuxième volet qui est à l’affiche depuis le mercredi 13 décembre, mais le premier m’a emporté. Il fait de plus partie des films grand public qui me permettent d’emmener mes parents au cinéma et de profiter d’un moment avec eux, et c’est d’autant plus précieux que ces divertissements-là soient de qualité. Sinon je n’ai pas pu voir Anatomie d’une chute de Justine Triet, la sensation de cette année, palme d’Or au festival de Cannes. Il va falloir rattraper ça…
Et enfin quelle année de Jeu Vidéo on a eu ! Baldur’s Gate 3 a tout cassé, il faudra que je m’y mette (sans doute avec la definitive edition qui sortira d’ici quelques années), mais j’ai vécu d’autres découvertes particulièrement marquantes, évidemment du côté de la scène indé, définitivement là où je vis désormais mes émotions de joueur. On pourrait bien sur parler de Sea of Stars, cette magnifique lettre d’amour au J-RPG postée par Sabotage Studio, ou d’Oxenfree 2, nouvelle expérience narrative au sommet de Night School Studio. On pourrait aussi revenir sur Wildfrost et Astral Ascent, deux merveilleux roguelike/roguelite que j’ai eu le bonheur de vous présenter en stream. Mais s’il y a bien un jeu qui m’a marqué, c’est le très étrange RPG d’Andy Brophy : Knuckle Sandwich. Cette expérience indescriptible, clairement inscrite dans une filiation avec la série Mother (vous savez les fameux jeux d’où sont issus les personnages de Ness et Lucas), nous met dans la peau d’un personnage paumé qui va se retrouver dans un vortex qui le dépasse, accompagné d’inoubliables personnages. L’enquête menée par ce petit groupe de bras cassés est servie dans un jeu conçu avec un amour et une générosité absolue, mais avec une réalisation très, très personnelle. Artistiquement, le jeu est unique. Dans ses graphismes, son univers musical et sonore (quelle OST !) dans son rythme, son gameplay et sa mise en scène, tout n’est que bizarrerie, au service d’un ton qui ne ressemble à aucun autre. Ce jeu me hante. Je l’ai terminé en un week-end et j’y repense encore tout le temps plus d’un mois après sa sortie. Je sais que j’y reviendrai tôt ou tard. Je sais que ce jeu là me parle, intimement. Il m’inspire, comme je pense qu’il peut inspirer tous les gens bizarres comme moi. C’est vraiment précieux de rencontrer des œuvres qui raisonnent fort en nous. Pour moi, Knuckle Sandwich en fait incontestablement partie.
Une fournée de films d’animations, et une année vidéoludique incroyable !
Les recommandations de Mystic Falco
Il y a des années plus marquantes que d’autres d’un point de vue découverte. Et pour autant, j’ai remarqué à plusieurs reprises à quel point je pouvais avoir du mal à me plonger dans ces œuvres qui sortent toujours plus rapidement. Cependant, cette année, je me suis ouvert à la nouveauté, et même si cela semble peu, j’ai tout de même une sacrée envie de partager avec vous ces quelques œuvres de 2023 qui m’ont marqué !
D’un point de vu cinématographique, et tout particulièrement du côté de l’animation, nous avons été sacrément gâtés ! Comme a pu le souligner ce cher Reblys, Suzume de Makoto Shinkai fait partie de ces sorties marquantes, à tel point que j’en ai écrit un article lors de sa sortie. Mais pour autant, après lui, il y a eu deux autres films d’animations qui ont su toucher mon petit cœur : à savoir Super Mario Bros., le film réalisé par Aaron Horvath et Michael Jelenic, et surtout Spider-man Across the Spiderverse réalisé par Joaquim Dos Santos, Justin K. Thompson & Kemp Powers.
Pour le premier, il est clair qu’une adaptation cinématographique d’un jeu tel que Super Mario Bros. pouvait sembler très compliquée. Mais le studio Illumination (McGuff) a su comprendre tout l’essence même de l’univers du plombier moustachu. Proposant ainsi la découverte d’un univers merveilleux et enchanté à deux petits gars de Brooklyn (une référence au film Super Mario Bros. des années 90 ?), le tout parsemé de tout un tas de clins d’œil à cet univers vidéoludique, sans que ce soit pour autant trop présent. L’humour bien connu du studio à su faire mouche auprès des spectateurices et, là encore, reste cohérent avec son univers. J’attendais beaucoup de cette adaptation, mais j’étais en même temps très craintif quant au résultat qui allait nous être proposé. Force est de constater qu’Illumination et bien évidemment Nintendo, qui était très présent lors de la réalisation de ce film, ont su entendre et comprendre les fans, pour leur proposer l’une des meilleures adaptations vidéoludique au cinéma !
De son côté, Spider-Man Across the Spiderverse a eu la difficile tâche de passer après un premier opus absolument incroyable. Que ce soit par son scénario ou son animation, Into the Spiderverse posait des bases extrêmement solides pour le « Spiderverse » (le multivers de Spider-Man), comme jamais le MCU ne saura vraiment le faire. Avec de telles attentes, le deuxième opus se devait d’être au moins au niveau du premier film, et autant le dire tout de suite sans ménager de suspense : Across the Spiderverse foudroie littéralement son prédécesseur. Encore plus ambitieux, plus dingue, avec un scénario plus sombre et plus mature, le tout avec une animation des plus impressionnantes et qui, je pense, marquera à jamais le monde de l’animation. Que dire à part : foncez ! Découvrez ces deux opus le plus vite possible et profitez de ce que l’animation a de plus beau à vous offrir au travers d’une histoire très bien écrite et d’une découverte du Spiderverse des plus accomplie.
Du côté vidéoludique, cette année a été assez intéressante même si je n’ai pas eu le temps de découvrir tout ce que je souhaitais. Toutefois, j’en ai profité pour vider un peu mon backlog et ainsi découvrir Super Mario Bros. Wonder, Storyteller ou encore Dredge.
Que dire de plus qui n’a pas été dit autour de Super Mario Bros. Wonder ? Plus de 40 ans, et pourtant la licence 2D la plus connue arrive encore à se renouveler ; proposant ainsi un gameplay extrêmement soigné, accompagné de son lots de nouveautés. D’une fraîcheur incroyable, ce nouvel opus 2D est déjà un classique à découvrir, que ce soit seul·e ou en multi. Il y a rien de mieux pour rapprocher les gens entre eux !
Du côté indépendant, j’ai donc été marqué par Storyteller, lequel nous plonge au cœur de plusieurs petites histoires dont nous sommes le conteur. En résulte une chouette découverte, entre humour noir et satire, sertie de casse-têtes intelligents et bien pensés. Découverte que l’on a pu, qui plus est, vivre en live avec vous sur Twitch.
Et je termine l’année avec une autre découverte intrigante, au vu de mon appréciation de l’univers de Lovecraft : Dredge, du studio néo-zélandais Black Salt Games. Nous jouons le rôle d’un pêcheur amnésique après qu’une tempête qui ait fait chavirer son bateau. Le but du jeu ? Comprendre ce qui nous est arrivé en aidant les divers personnages que nous allons croiser durant notre périple ; le tout en pêchant des poissons, lesquels peuvent s’avérer être de créatures difformes appelées « anomalies ». Et c’est avec si peu d’informations que je me suis lancé dans cette aventure la plus plaisante de ma fin d’année. Pour son côté chill de pêche, et en même temps effrayant par son ambiance Lovecraftienne, Dredge est un jeu à découvrir. Que vous soyez passionné·e·s de pêche ou non, vous y trouverez votre bonheur, au travers des six îles à parcourir (DLC inclus), grâce à son excellent storytelling et son horreur présente tout au long de l’aventure.
Une année dense, généreuse, et pleine de surprises
Les recommandations d’Anthony
En voilà une sacré année. Le cinéma est plus ou moins retombé sur ses pieds (même si les salles souffrent toujours) après des productions altérées par ces dernières années sous la menace du Covid, poussant d’ailleurs à juste titre les travailleurs·euses du ciné américain à réclamer les sous que leur doivent les sociétés de production. Côté jeux vidéo, on sort de ce qui restera probablement l’une des plus grosses années de l’industrie, avec une quantité assez pharaonique de jeux dont la réception critique et des joueurs·euses a été excellente. Néanmoins, et à l’image d’une industrie du cinéma où une poignée veulent s’accaparer tous les gains, c’est aussi un milieu où les boîtes de développement ont multiplié les licenciements pour ne pas entacher les revenus destinés aux têtes dirigeantes. En bref, dans ces deux industries, il y a un paradoxe assez terrifiant entre le succès des productions et le traitement financier et moral insupportable infligé aux personnes qui participent à la création. Un constat désolant qui ne leur est malheureusement pas exclusif. Enfin, j’aurais peut-être un tantinet plus de mal à parler littérature, comics ou BD, et ce n’est pas faute d’avoir lu beaucoup d’excellentes choses cette année. Mais c’est souvent des choses pré-2023, les livres sortis cette année et qui m’intéressent rejoignant pour l’essentiel une pile de lecture où je les atteindrais… dans quelques années, avec un peu de chance. Néanmoins, quelques titres sortis cette année et que j’ai eu l’occasion de lire ont su retenir mon attention.
S’il faut résumer 2023 à un medium, ce serait le Jeu vidéo. L’année a été assez folle, non seulement pour le nombre de sorties, mais surtout pour le nombre de jeux acclamés par joueurs·euses et critiques. Et cela s’est traduit sans mal dans mon année, avec un grand nombre de titres que j’ai absolument adorés. À commencer par Alan Wake 2, qui m’a terrifié mais complètement scotché pour le génie de sa mise en scène, de son écriture et son interprétation. À ses côtés, Assassin’s Creed Mirage, dans un tout autre style, m’a agréablement surpris pour sa manière de raconter les cultures arabes. Une civilisation qui n’est jamais abordée d’une telle manière dans les jeux vidéo grand public, et ce titre le fait avec brio. Pour continuer sur les cultures rares dans l’univers vidéoludique, Venba a été une vraie bouffée d’air frais, un jeu terriblement touchant pour ce qu’il dit du déracinement et de la transmission culturelle et familiale dans un pays lointain. Évidemment, je ne peux pas passer à côté de Marvel’s Spider-Man 2, que j’attendais beaucoup en tant que fan de l’homme-araignée, et j’étais forcément conquis avant même d’y jouer. Pourtant le jeu a su aller un peu plus loin que je ne l’espérais, avec une tonalité surprenante dans sa deuxième moitié et une histoire qui s’inspire de quelques comics auxquels je ne m’attendais franchement pas dans un titre tout public. Et pour finir, j’ai aimé que cette année 2023 soit aussi l’occasion de voir briller des jeux hauts en couleur comme l’excellent jeu d’aventure rythmique Hi-Fi Rush, l’arrivée sur PS5 de la collection Final Fantasy Pixel Remaster ou le superbe Super Mario Bros. Wonder et le non moins réussi remake de Super Mario RPG. Autant de jeux qui prouvent qu’aujourd’hui encore, au milieu de toutes les histoires terriblement tristes et sombres, des studios peuvent encore trouver le succès avec des titres colorés et optimistes, qui n’oublient pas que le Jeu vidéo sert aussi à s’amuser et à rire.
Le cinéma, quant à lui, avec une centaine de films vus de mon côté (parmi ceux sortis en 2023), a également été prolifique. À l’heure où chacun y va de son petit classement, il m’a été bien difficile d’y mettre de l’ordre et de trouver ce qui mérite d’être mis tout en haut. Pour une raison : les bons films n’ont pas manqué (les trucs un peu nuls aussi, il faut l’avouer). Mais s’il faut en citer une poignée, et sans être bien original, je peux commencer par Anatomie d’une chute et sa maîtrise du mystère. Le film de Justine Triet est à la hauteur de ce que l’on attend d’elle aujourd’hui compte tenu de son excellente filmographie, et va même un peu plus loin. Élégance de la mise en scène, sincérité des expressions, intelligence dans la manipulation d’un procès, tous ces éléments en font un film absolument captivant. À ses côtés, j’ai aussi absolument adoré Misanthrope, un film fort de son enquête, menée d’une main de maître par un Damian Szifron qui semble connaître le genre du polar sur le bout des doigts, et superbement interprété par son duo principal. J’ai aussi adoré Reality, qui aborde le genre du film d’espionnage sous un angle plus intense, presque claustrophobe, dans un huis clos haletant et, là encore, avec une grande interprétation de son actrice principale Sydney Sweeney. Et puis d’autres films sont évidemment à retenir, comme la douceur du film de SF The Creator, la beauté de La Famille Asada, la force de How to Have Sex, About Kim Sohee et Je verrai toujours vos visages, ou l’élégance de Past Lives. Il y a eu la folie de Shin Kamen Rider, ou mon petit plaisir du genre de l’espionnage à la coréenne avec Hunt. Des films très attendus n’ont pas déçu, comme The Fabelmans et Barbie, ou même Babylon. Bref, c’est une sacré année de cinéma. Pour les séries, j’en ai assez peu regardé en 2023. En vrac, quelques unes ont retenu mon attention : The Glory, The Diplomat, Big Bet, Hijack et la conclusion de Ted Lasso.
Côté lectures, l’année a été riche pour moi mais essentiellement d’œuvres sorties il y a bien plus longtemps. Néanmoins, quelques titres parus cette année m’ont particulièrement réjouis. À commencer par la sortie en « Perfect Edition » de Cat’s Eye de Tsukasa Hojo par Panini. Je triche un peu, on parle d’un manga de 1981, mais j’étais bien heureux de redécouvrir ses premiers tomes, en attendant de lire la suite que je n’ai jamais connu. Autre manga, plus récent, j’ai adoré Ocean Rush de John Tarachine arrivé aux éditions Akata dans le courant de l’année. Avec son histoire de femme de 65 ans qui se prend d’amour pour le cinéma et participe à un ciné-club étudiant, il y a quelque chose d’atypique et de terriblement séduisant. En ce qui concerne les comics, il y a The Nice House on the Lake de James Tynion IV, un excellent récit d’horreur, en deux tomes, que j’ai dévoré à leur sortie. Sa belle mise en scène, ses personnages variés et sa situation inexplicable rend le mystère captivant, même si la fin sent un peu trop l’envie de laisser la porte ouverte à une suite. Dans un tout autre genre, côté roman, la sortie 2023 que j’ai le plus appréciée (mais compte tenu du faible nombre de romans de 2023 que j’ai lus, c’est un peu biaisé), c’est Souviens-toi de ne pas mourir sans avoir aimé de Marc Alexandre Oho Bambe. Un roman étonnant dans la forme, avec une écriture au rythme d’un son de jazz, confondant récit et paroles de chansons, références modernes et classiques. Un roman atypique qui parle d’héritage, d’identité et de transmission, avec l’élégance d’un chaos ordonné. Enfin, pour terminer l’année littéraire, une ultime œuvre dont j’ai lues les dernières pages le 30 décembre. Il s’agit du dernier livre en date de John Scalzi, spécialiste de la science-fiction, intitulé La Société Protectrice des Kaijus (ou Kaiju Preservation Society en VO), dans lequel l’auteur américain imagine un multiverse où existe une planète relativement similaire à la Terre, mais peuplée de kaijus de la taille de montagnes. On y suit les aventures d’un groupe de nerds embauchés par une société secrète chargée de protéger ces bêtes, pour la plupart bien heureux d’avoir enfin trouvé un boulot en pleine pandémie du Covid-19, début 2020. Outre ses nombreuses références à la licence Godzilla, aux jeux vidéo ou à Twilight (si, si), le livre alterne entre légèreté et action, entre humour et cynisme, dans ce qui ressemble à un cri du cœur, une envie de s’amuser après le Covid-19 et toutes ses implications. Et derrière la légèreté apparente se cache une écriture efficace des personnages, de leurs relations, et un rythme dantesque qui empêche de poser le livre. Un bon résumé de cette année culturelle probablement, où l’on a semblé retrouver l’allant et un peu de l’optimisme pré-2020.