NEXT-GEN | PlayStation – La force tranquille !

by Aymeric Aulen

Un brin conservateur PlayStation ? Que nenni. Face aux envies de conquête d’un Microsoft à l’appétit vorace, le géant japonais et actuel leader du marché n’a pas dit son dernier mot avec l’arrivée de la nouvelle génération de consoles et il ne compte certainement pas céder sa place de N°1 mondial aussi facilement. Si son concurrent américain a déjà remporté les batailles de la puissance et des services avec ses Xbox Series X et Series S, Sony a plus d’un tour dans son sac pour inverser la tendance et séduire le plus grand nombre, à commencer par une galerie d’exclusivités plus garnie que jamais.

À l’inverse de Microsoft, qui dès la fin de l’année 2019 se décida à révéler aux yeux du monde sa Xbox Series X lors de la cérémonie des Game Awards, Sony aura choisi d’avancer avec prudence et de prendre son temps avant de s’élancer à son tour dans le grand bal de la nouvelle génération de consoles.
Il faut dire que le constructeur japonais part avec un avantage non discutable, celui d’une base de fans particulièrement bien installée à travers le monde. De ce fait, aucune raison de se presser, surtout qu’en parallèle, son actuelle PS4 avait toujours dans sa besace de belles réalisations à nous fournir. S’écoulant encore sans grandes difficultés, la console, à ce jour vendue à plus de 113 millions d’exemplaires à travers le monde, aura ainsi pu terminer sa carrière avec les honneurs, grâce aux sorties enchaînées de Final Fantasy VII Remake, The Last of Us: Part II et Ghost of Tsushima.

Final Fantasy VII Remake (©Square Enix – 2020), The Last of Us: Part II (©Sony Interactive Entertainment – 2020) et Ghost of Tsushima (©Sony Interactive Entertainment – 2020), trois jeux de choix pour terminer en apothéose une génération marquée par les exclusivités de renoms pour PlayStation.

Trois productions attendues de longue date qui auront conquis la critique et le public, la suite des aventures apocalyptiques de Joël et Ellie ayant réalisée le plus gros démarrage commercial pour une exclusivité de la machine avec plus de 4 millions de ventes réalisées en seulement 72 heures, tandis que l’odyssée du samouraï Jin Sakai peut, quant à elle, se targuer d’avoir effectué le meilleur lancement pour une nouvelle licence interne à PlayStation sur cette génération grâce à ses 5 millions de copies écoulées depuis son lancement en juillet.

Un étonnant chemin de croix ! 

Avec de tels chiffres, il n’est ainsi guère surprenant de voir l’entreprise poursuivre sa stratégie habituelle à l’aube de l’arrivée de la nouvelle PlayStation 5. Si en début d’année, la console fut rapidement évoquée lors du CES de Las Vegas, la véritable première prise de parole lui étant intégralement dédiée eut lieu au mois de mars, date à laquelle aurait dû se tenir à San Francisco la traditionnelle GDC, ou Game Developers Conference, événement professionnel réunissant les plus illustres développeurs de l’industrie au travers de sommets, de tutoriels, de discussions et autres débats. Physiquement annulé dans un laps de temps très court en raison de l’épidémie, le rendez-vous ne fut pas officiellement transformé en une convention en ligne, mais certaines entreprises prirent l’initiative de malgré tout donner suite à leur programme. Ce fut ainsi le cas de PlayStation qui diffusa sur les internets, le 18 mars, la vidéo préenregistrée « The Road to PS5« . Un choix stratégique étonnant tant son contenu, près d’une heure de monologue technologique, ne s’adressait aucunement à un public pourtant avide de nouvelles informations sur celle qui deviendrait à terme leur nouvelle console de salon.

Soporifique au possible pour quiconque n’a pas un pied appuyé dans le monde du développement, cette présentation, orchestrée par Mark Cerny, architecte habité des machines PlayStation depuis l’ère PS4, permis toutefois à la firme d’expédier le plus directement possible l’un des sujets qui lui ferait finalement défaut par la suite. Cela lui permis d’évoquer ainsi les multiples caractéristiques purement techniques qui alimenteraient son nouveau bébé tout en mettant un peu plus intensément le doigt sur ce qui composerait, en revanche, l’un de ses possibles atouts majeurs : le SSD.
Unité de stockage de plus en plus répandue dans le monde du PC permettant un traitement des données quasiment instantané pour tout appareil en étant équipé, la technologie SSD sera également intégrée sur les deux engins rivaux en provenance de chez Xbox, mais celui présent dans les entrailles de la PS5 se révèle, sur le papier, bien plus véloce et pourrait faire toute la différence sur la conception des futurs jeux maison conçus par les studios internes à Sony.

Visant à faire le point sur les caractéristiques techniques de la PlayStation 5 de façon détaillée, la présentation « The Road to PS5 » aura marqué le grand public par son rythme assommant. ©Sony Interactive Entertainment (2020)

Pour le reste, cette PlayStation 5 se verra propulsée par 16 Go de RAM GDDR6, un processeur 8 cœurs Ryzen Zen 2 en provenance de chez AMD et cadencé jusqu’à 3,5 GHz, un GPU Radeon, également conçu par AMD et équipé d’un RDNA 2 custom, lui permettant d’atteindre 10,3 Tflops, une puce J20H100 de chez Foxconn compatible Wi-Fi 6 et Bluetooth 5.1 ainsi que par ce fameux SSD ultra-rapide, d’une capacité de stockage de 825 Go et apte à décrypter pas moins de 5,5Go/s de bande passante en lecture.

Passé les annonces attendues de ses fameux composants présents au sein de cette alors mystérieuse PS5, voilà qu’à ce moment bien précis, la marque étonne. Habitué aux communications agressives et aux shows rythmés, PlayStation laisse dès lors son public pantois. Si la diffusion tout juste effectuée ne se destinait assurément pas à la clientèle traditionnelle, la partager sur les réseaux sociaux comme étant la première intervention officiellement centrée sur la machine n’était peut-être pas une bonne idée, surtout après de longs mois de teasing. Des indices et autres déclarations disséminées ici et là qui cachaient alors une communication pour le moins fracturée.

Absent de l’E3 puis des autres grands salons internationaux pendant une vaste période, Sony se fait alors discret. Il y a bien eu le rachat d’Insomniac Games, studio californien à l’œuvre derrière les succès de Ratchet & Clank et Marvel’s Spider-Man, pour la coquette somme de 229 millions de dollars en août 2019, mais en interne, tout ne semble pas couler de source.
Malgré la stabilité plus que notable des ventes de PS4, de nombreux départs et changements de postes s’enchaînent pourtant dans les bureaux de l’entreprise. Une restructuration d’envergure à l’approche d’une nouvelle génération attendue au tournant qui marquera ainsi l’envol vers d’autres cieux de plusieurs personnalités majeures. Si dès 2018, Richard Marks, l’un des créateurs du PlayStation VR et des PlayStation Move, avait déjà fait le choix de prendre la poudre d’escampette, dans les quelques mois qui suivirent, pas moins de six autres chamboulements notables à des postes clés furent à prendre en compte. Citons ainsi John Drake, ancien directeur de la stratégie et des partenariats, parti en direction de chez Disney à l’été 2019; Gio CorsiHead of Global Second Party Games et éternel défenseur de la bien trop mal-aimée PlayStation VitaMichael Denny, vice-président de SIE Worldwide Studios Europe et vétéran de la firme présent en son sein durant 25 ans; Atsushi Morita, président de la division Japan Asia de Sony Interactive EntertainmentKaz Hirai, figure emblématique ayant notamment enchainé durant 35 ans de carrière les postes de directeur de Sony Interactive Entertainment, de PDG de Sony (de 2012 à 2018) et enfin de président du conseil d’administration de la marque jusqu’en 2019; et de Shawn Layden, l’homme à la tête de SIE Worldwide Studios et véritable visage de la marque se chargeant de la représenter lors d’événements aussi majeurs que l’E3, les Game Awards ou encore le PlayStation Experience.

Du grabuge en coulisses ? Certains bruits de couloir évoquent alors des tensions grandissantes entre les divisions américaines et japonaises de PlayStation, chacune tentant d’imposer tant bien que mal une vision drastiquement différente à l’identité de la marque. Laquelle des deux se serait finalement révélée victorieuse ? Chacun d’entre vous est libre d’en juger, mais après tout, ce présent dossier n’a pas pour objectif de se concentrer de quelque manière que ce soit sur des échos de ce genre.

En parallèle de tout cela, le Français Nicolas Doucet, brillant créateur de l’ingénieux ASTRO BOT Rescue Mission, sorti en 2018 et alors destiné au casque PS VR, se retrouve, lui, propulsé à la tête de l’entité SIE Japan Studio (The Last Guardian, Gravity Rush, Knack) tandis que Shuhei Yoshida, l’un des fondateurs de Sony Interactive Entertainment devenu président de SIE Worldwide Studios, se voit désormais confier les commandes de l’initiative PlayStation Indies, visant à parfaire les relations entre la marque et les développeurs indépendants, aux côtés de Greg Rice, ancien vice-président de Double Fine Productions jusqu’en 2019, année du rachat du studio par Microsoft. Au même moment, un successeur au charismatique Shawn Layden se retrouve nommé dirigeant des Worldwide Studios de PlayStation. Son nom ? Hermen Hulst.

Co-fondateur et directeur général de Guerilla Games, studio interne ayant connu une ascension fulgurante durant la génération PS4 en délaissant quelque peu sa série de FPS phare Killzone pour s’atteler à la création du succès planétaire Horizon: Zero Dawn, le voilà désormais emmené vers les sommets afin de permettre à la firme de poursuivre sa riche et belle success-story pour les années à venir.

Si son arrivée aura fini par signer le glas de Manchester Studio, structure consacrée aux développements d’expérience en réalité virtuelle, en février dernier, on notera aussi que deux nouveaux studios bien mystérieux, l’un situé à San Diego, l’autre en Malaisie, se sont également illustrés récemment par diverses offres d’emploi et autres recrutements alléchants, tous deux travaillant d’ores et déjà sur des projets nouveaux et emplis de secrets. Un deuxième point on ne peut plus logique, l’existence même de ces deux entités n’ayant même pas encore été officialisée en bonne et due forme par le géant de l’électronique.

L’autre grand chantier de ce début de présidence à l’approche de la nouvelle génération fut la réunification, sous une même entité commerciale, des 13 studios internes détenus par Sony. Avec son sobre logo et sa petite animation pour le moins épique, réunissant quelques-uns des plus célèbres personnages de la firme, ce nouveau label, sobrement baptisé PlayStation Studios, nous ramène évidemment à ce qui se fait du côté des productions super-héroïques dans l’industrie cinématographique. Une filiation évidente que l’entreprise n’a jamais cherché à nier. Il faut dire que dans le petit monde du jeu vidéo, la division PlayStation s’est avant tout illustrée ses dernières années par la surpuissance critique et commerciale de ses énormes blockbusters. Des aventures narratives ambitieuses et coûteuses qui n’ont, pour la plupart, rien à envier à tout ce qui peut se faire dans les autres industries du divertissement.

Un fait dont la firme a parfaitement conscience, cette dernière ayant également pour projet futur de porter à l’écran une sélection de ses franchises phares, le tout par le biais d’une autre division fraîchement créée en interne : PlayStation Productions. Pour l’heure, trois projets sont déjà en route. Un film Uncharted, attendu de longue date et porté par Tom Holland (Spider-Man Homecoming et Far From Home), une série The Last of Us, commandée par HBO et développée par un duo de choix composé de Craig Mazin, scénariste du succès Chernobyl, et Neil Druckmann, réalisateur des deux jeux originels, ainsi qu’une adaptation télévisée, pour le moins étonnante, de la franchise loufoque Twisted Metal.
Un programme déjà riche qui vise à ouvrir les portes des univers imaginés par PlayStation à un nouveau public, tout en essayant de satisfaire au mieux les fans de la première heure. Une opération délicate qu’il ne sera possible de juger véritablement que dans quelques années, mais qui se charge déjà d’ajouter une nouvelle corde à l’arc d’une société aux envies d’extensions nouvelles.

❒ Une communication carrée qui ne tourne pas en rond ? 

En ce qui concerne plus directement sa nouvelle machine, à l’instar de son concurrent direct, Sony a finalement pris la décision de distiller au compte-gouttes chaque élément de communication.

Dans la galaxie PlayStation, la DualSense représente une petite révolution grâce à ses retours haptiques et ses gâchettes adaptatives, deux technologies nouvelles, vantées à maintes occasions par la firme depuis sa première présentation. ©Sony Interactive Entertainment (2020)

Épidémie de COVID-19 oblige, toutes les cartes ont eu besoin d’être rebattues sans cesse au fil des mois et des annulations d’événements.
Resté discret durant plusieurs semaines à la suite de sa présentation technique en compagnie de Mark Cerny évoquée plus haut dans cet article, PlayStation ne reprit véritablement la parole publiquement qu’en avril, par le biais d’un simple post de blog, afin d’y présenter officiellement un premier aperçu de la toute nouvelle manette sans fil qui accompagnerait sa PlayStation 5. Avec elle, finie la technique pure, place désormais à un nouvel axe de communication, depuis conservé par la firme et ardemment appuyé dans tous les spots publicitaires qui suivront : les sensations.
Des sentiments nouveaux, annoncés comme plus immersifs que jamais, provoqués par ce fameux controller qui, après plus de 20 ans, abandonne la fidèle dénomination DualShock pour celle bien plus équivoque de DualSense.

Un changement de nom qui en dit long, tant ce pad de nouvelle génération semble porter ce patronyme à la perfection, lui qui nous promet monts et merveilles et une expérience capable de jouer avec nos sens et notre propre perception du média.
Un serment appuyé par la présence en son sein de gâchettes adaptatives, servant à faire ressentir « la tension dans vos actions« , et d’une technologie de retours haptiques, procédé déjà utilisé (et un peu trop vite abandonné) de façon plus réservée dans les Joy-Con de la petite hybride Nintendo Switch.

Toujours dans un souci de proposer une expérience plus intense cherchant à décupler nos sens, la nouvelle technologie sonore, au nom précis de Tempest 3D AudioTech, qu’embarque la PS5 aurait pour vocation de nous embarquer dans un monde où « les yeux voient par le son« . Une promesse marketing qui prête à sourire, mais qui aurait d’ores et déjà convaincu de nombreux développeurs, cette expérience d’Audio 3D se retrouvant au centre des spécifications de nombreux jeux phares à venir au line-up de la machine.

La bataille de la puissance brute, PlayStation l’a perdu… et il le sait depuis le début. De ce fait, hors de question désormais de s’appuyer uniquement sur les chiffres. Si la présence possible de la 4K, du HDR et du 120 FPS dans les productions destinées à la PS5 ne sera jamais évincée du débat, cette dernière n’aura eu de cesse de se tasser au fil du temps, devenant secondaire face aux autres fonctionnalités inédites de la console, glorifiées depuis sans ménagement. Un revirement pour le moins intéressant qui semble puiser son inspiration du côté de chez Nintendo, l’autre japonais du secteur, devenu expert dans le domaine des expériences vidéoludiques voulues drastiquement différentes depuis le lancement couronné de succès de sa DS et de sa Wii, respectivement en 2004 et 2006.

Enfin, ce changement de positionnement de la part de Sony se traduit également par l’utilisation d’un nouveau slogan flambant neuf. Terminé le #4ThePlayers qui fut si cher à la marque tout au long des sept années de vie de la PS4, place à un désormais plus global « Play Has No Limits« , tout autant symbole d’une expérience renouvelée et plus diversifiée que d’une ouverture assumée et définitivement tournée vers tous les types de public.

Toujours habité par le souhait de conserver sa place de leader du marché, PlayStation semble pourtant prêt à déposer certaines armes face à Microsoft dans le but de suivre désormais une voie qu’il n’aura eu de cesse de se tracer depuis déjà plusieurs décennies.
Pour la première fois, le fier trio de concepteur de consoles de notre belle industrie semble arriver à maturation, chacun disposant de ses propres arguments commerciaux, de sa propre stratégie et de sa propre vision du jeu vidéo. Un dernier point qui se vérifie plus que jamais dans les jeux exclusifs qu’ils proposent à leur public…

Le véritable triangle d’or ? 

Comme le dit si bien l’adage, rien ne sert de courir, il faut partir à point. Un mantra que PlayStation semble avoir voulu suivre à la lettre.
Ce n’est qu’en juin 2020, le 11, après un premier report effectué en soutien au mouvement Black Lives Matter des suites de l’assassinat de l’Américain George Floyd, survenu quelques jours plus tôt, que la firme se décida à s’élancer pleinement dans la promotion de sa propre vision du « Futur du Jeu Vidéo« , près de six mois après son principal concurrent. Un laps de temps pour le moins long qui aura toutefois permis à Sony d’affiner sa copie pour proposer une conférence en ligne au contenu maîtrisé.
Adieux les fiches techniques et autres discours pompeux sur les fonctionnalités d’une manette qu’il faudra de toute évidence avoir en mains pour en percevoir toutes les subtilités. Au programme de ce rendez-vous attendu par des millions de joueuses et de joueurs à travers le monde, des jeux, des jeux et encore des jeux. Et quels jeux. Bien que la présentation se soit ouverte, de façon étonnante, sur l’officialisation d’une version remasterisée du toujours aussi populaire Grand Theft Auto V, la suite prit des allures de déluges faisant tomber, minutes après minutes, des trombes de nouveautés à même d’attiser la curiosité de tout un chacun.

À l’inverse de Microsoft, les exclusivités auront réussi à porter PlayStation au firmament de l’industrie tout au long de l’actuelle génération. Rien de surprenant à voir ainsi la firme surfer sur ses acquis en offrant un espace de réunion aux gloires passées, présentes et futures de son portfolio. De l’aventure épique en solo avec Marvel’s Spider-Man: Miles Morales, Returnal, Horizon: Forbidden West et le remake de Demon’s Souls, de la plateforme avec Ratchet & Clank: Rift Apart, Sackboy: A Big Adventure et le gratuit Astro’s Playroom, de la course avec Gran Turismo 7 et une expérience online déjantée avec Destruction All-Stars, durant près d’une heure de show, il y en eut pour tous les goûts. Une sélection maison à laquelle il fallut ajouter la présence de partenaires tiers historiques tels que Capcom, accompagné d’un premier aperçu du terrifiant Resident Evil: Village et de l’étonnant Pragmata, Square Enix, venu accompagner un certain Project Athia, IO Interactive, ayant rameuté le célèbre Agent 47 grâce à l’annonce d’HITMAN 3, ainsi que Bethesda, ironiquement racheté depuis par Microsoft et chargé d’évoquer alors l’existence de deux exclusivités temporaires à destination de la PS5, DEATHLOOP et GhostWire: Tokyo. Un beau programme enrichi qui plus est par de nombreux développeurs indépendants ayant eu la lourde tâche d’enfoncer définitivement le clou de la diversité vidéoludique de cette prise de parole par le biais de moult-propositions originales toutes plus intrigantes les unes que les autres, de Bugsnax (Young Horses) à JETT: The Far Shore (Superbrothers) en passant par Stray (Blue Twelve Studio), Little Devil Inside (Neostream Interactive) et le somptueux Kena: Bridge of Spirits (Ember Lab).
Cet événement représenta aussi une occasion pour Sony d’offrir une fin en apothéose par le biais de la révélation du design définitif de ses machines et de toute sa palette d’accessoires qui l’accompagnerait à son lancement.

De gauche à droite : la manette DualSense, la PlayStation 5, la PlayStation 5 Digital Edition, le casque sans fil PULSE 3D, la Media Remote, la DualSense Charging Station et la HD Camera. ©Sony Interactive Entertainment (2020)

SES machines, car elles sont au nombre de deux. Tout comme chez la concurrence, pour cette nouvelle génération, PlayStation fait le pari d’un line-up à deux entrées, l’une classique, dotée d’un lecteur Blu-Ray 4K Ultra-HD, l’autre intégralement pensée pour une consommation de contenus au format digital. À l’inverse toutefois de son adversaire, les deux machines proposent chacune les mêmes caractéristiques techniques et disposent toutes deux de ce design futuriste et bicolore bien plus clivant que celui du monolithe noir et de la petite boîte blanche échappés de chez Microsoft.
Cette stratégie offrant une double possibilité d’accès à la next-gen permet à Sony de conserver un positionnement tarifaire placé pour l’une de ses deux machines et ce, malgré la forte montée en gamme des composants qui se chargent de les alimenter. Il faut dire que le Japonais n’a pas le droit à l’erreur avec cette PS5, son activité dans le monde du gaming représentant aujourd’hui pas moins de 42% de ses profits annuels. Un simple coup d’œil à son récent historique suffit à s’en convaincre : son activité dans le monde des téléviseurs stagne désormais, sa présence sur le marché des smartphones reste confidentielle face aux cadors Huawei, Samsung ou Apple et la marque a même jeté l’éponge dans le secteur des ordinateurs.

Désormais, côté matériel, seuls les appareils photo haut de gamme et la branche PlayStation représentent véritablement des ressources financières suffisantes pour offrir un bon maintien au groupe.
Ainsi, s’il faudra s’acquitter de la somme de 499,99€ pour acquérir une PS5 dans sa configuration classique, son homologue dépourvu de lecteur optique se verra proposer à 399,99€. Un prix de lancement similaire à celui de la PS4 originelle, parue en 2013, qui lui avait tant réussi à l’époque. Cela suffira-t-il pour en réitérer le succès ? Il est encore trop tôt pour répondre, mais à en croire les innombrables ruptures de stock présentes à travers le monde sur les deux déclinaisons de la console, cela semble en bonne voie.
Récemment, Jim Ryan, CEO de Sony Interactive Entertainment, déclarait même, au sujet des précommandes records qui entourent ce lancement, qu’en seulement 12 heures, la PS5 avait réussi à écouler aux USA un nombre d’exemplaires identique à celui atteint à l’époque par la PS4… en 12 semaines.

De ce fait, l’avenir semble radieux pour PlayStation qui ne cache pas son objectif de réaliser « l’un des lancements les plus incroyables et mémorables pour un produit dans l’histoire« , comme le déclarait récemment Eric LempelSenior Vice President et Global Head of Marketing pour Sony Interactive Entertainment, dans les colonnes de gameindustry.biz.
Si cette déclaration peut sembler un brin présomptueuse, ce n’est pourtant pas la seconde conférence dédiée aux jeux PS5 ayant été diffusée le 16 septembre dernier qui pourra contredire ses propos. Forcément moins riche en surprise que la précédente, cette nouvelle prise de parole permit néanmoins d’allonger à nouveau la liste des bonnes relations entre l’entreprise et ses nombreux partenaires. Le très attendu Final Fantasy XVI fera ainsi ses premiers pas sur la console en exclusivité temporaire, de même qu’une partie du contenu de Call of Duty: Black Ops Cold War, tandis qu’Hogwarts Legacy, RPG prenant place dans l’univers d’Harry Potter attendu pour 2021, semble prêt à effectuer une bonne partie de sa campagne marketing du côté de chez Sony.

Besoin d’un service ?

La console révélée dans sa quasi-entièreté et une sélection de jeux alléchants aux propositions variées ? Ne reste plus qu’à aborder un dernier point sur lequel PlayStation a encore tout à prouver : les services.
Cet aspect du métier est devenu la grande spécialité de Microsoft grâce à son Xbox Game Pass et sa sélection pléthorique de jeux disponibles en accès illimité. Pour le contrer, il y a bien le PlayStation Now du côté du constructeur nippon, mais ce dernier ne semble pas décidé à en faire un aspect clé de son avenir proche. Ne souhaitant pas pour autant délaisser pleinement ce domaine, voilà que la marque annonça la « PlayStation Plus Collection« , un nouvel avantage offert, sans frais supplémentaires, aux futurs acquéreurs d’une PS5 également abonnés à l’offre multijoueur PlayStation Plus. Une fonctionnalité inattendue qui permettra un accès à une sélection de titres majeurs ayant marqué la génération PS4, dont God of War, Uncharted 4: A Thief’s End, The Last of Us Remastered, Final Fantasy XV: Royal Edition ou encore Monster Hunter: World. Au total, ce ne sont pas moins de 20 jeux qui seront ainsi proposés dans ce programme.
Si cela peut paraître bien maigre à côté des centaines d’expériences proposées au sein des offres d’abonnements concurrentes, force est de constater que le sujet intéresse bel et bien l’entreprise qui utilisera assurément les retours de ses utilisateurs sur cet inédit bonus pour parfaire à l’avenir sa stratégie dans ce domaine bien précis.

Cette « PlayStation Plus Collection » représente également l’une des seules mises en avant par la marque d’une partie de son passé. Un passé tristement proche face au riche historique vidéoludique agrémenté par Sony depuis 1994. En effet, a contrario de Microsoft, PlayStation n’a semble-t-il pas souhaiter investir pleinement dans la conception d’une véritable rétrocompatibilité. Si l’Américain a pris grand soin à rendre accessible la quasi-totalité des titres ayant marqué son parcours depuis sa création en 2001, le tout en leur offrant une poignée d’améliorations techniques, du côté du Japonais, on ne l’entend pas vraiment de cette oreille. Sur PS5, on jouera aux jeux PS5… et à ceux de la PS4 aussi (et seulement). Au total, ce n’est tout de même pas moins de 99% de son impressionnante ludothèque qui se révèlera jouable sur la petite dernière de la famille, dont certains profitant des bénéfices d’un certain « Game Boost« .
Si pour beaucoup, cette feature peut sembler accessoire, voir la firme renier toute une part de sa légende et passer à côté d’une telle fonctionnalité si attendue par ses fans de la première heure a de quoi laisser un petit goût amer.
Pour autant, il suffit de se rappeler qu’à sa sortie, la Xbox One, pionnière de l’arrivée de ce bonus appréciable chez la concurrence, n’était pas en mesure non plus de faire tourner les jeux de la Xbox 360 et de la Xbox originelle. Autant dire qu’une possible mise à jour future est toujours envisageable. Restons toutefois calme pour le moment. Cela ne semble en effet aucunement à l’ordre du jour.

EN BREF : Pour cette génération encore, PlayStation démarre sur les chapeaux de roues. Cumulant des exclusivités en pagaille prêtes à rythmer une première année d’existence paraissant déjà dantesque, une console atypique aux fonctionnalités nouvelles et une campagne marketing des plus agressives, la firme révise ses classiques et ressort une formule qui a déjà tant fait ses preuves par le passé.
S’il s’avère toutefois que c’est dans les vieux pots que l’on fait les meilleurs soupes, cela ne doit pas empêcher de venir agrémenter sa recette de quelques ingrédients nouveaux. À ce petit jeu, Sony semble avoir pris grand soin de conserver quelques surprises pour enrichir l’avenir d’une PS5 qui, malgré un retard sur le plan des services, peut déjà se vanter de voir planer sur elle l’ombre d’un évident succès.

  • La PlayStation 5 sera disponible en France le 19 novembre 2020 pour 499,99€.
  • La PlayStation 5 dans sa déclinaison Digital arrivera également le 19 novembre 2020 pour 399,99€.
  • 24 jeux accompagneront le lancement de la PS5, dont Demon’s Souls, Astro’s Playroom, Marvel’s Spider-Man: Miles Morales, Sackboy: A Big Adventure, Godfall, Bugsnax et The Pathless.
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