Il y a presque un an je découvrais la série de comics Locke & Key, écrit et dessiné respectivement par Joe Hill et Gabriel Rodriguez. La résultante de cette découverte, via le premier tome, était une agréable surprise. Le scénario était suffisamment intriguant, pour me donner envie de découvrir les secrets de la maison Keyhouse et surtout de la famille Locke. C’est presque un an plus tard, plus précisément le 5 mars 2025 qu’est sorti le quatrième et dernier tome de cette Master Edition aux éditions HiComics.
Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.
Teenagers, et… Super-héros ? (Tome 2)
S’il y a bien un point qui m’a vraiment surpris lors de la lecture du deuxième tome de Locke & Key, c’est son accessibilité. Autant, dans l’avis que j’ai donné l’année dernière, je trouvais que le premier tome était violent, autant celui-ci est bien plus léger. Les enfants Locke sont prêts à faire face aux différentes attaques de Dodge, ce qui rend les affrontements moins spectaculaires, et donc moins violents. La problématique qui se pose face à ce choix, c’est que cela impacte l’enjeu du récit. Mais les auteurs en ont conscience : pour preuve, les différents problèmes et leurs résolutions ne s’étendent plus que sur une page, afin de laisser respirer le récit. Il en est de même pour les clés : elles, qui étaient si mystérieuses, nécessitant des pages d’explication pour comprendre leur fonctionnement, sont ici résumées en quelques cases, devenues de simples gimmicks de résolution de problèmes.
Il y a de grosses facilités scénaristiques qui rendent l’ensemble trop superficiel, et tout cela est dû au côté « teenagers » de la série. Autant dans le premier tome je n’avais pas ressenti ce problème, autant ici c’est flagrant. Les enfants Locke vivent peu d’embûches. Les pouvoirs qu’ils ont obtenus grâce aux différentes clés les transforment en super-héros. Tout se résout trop rapidement et trop facilement, au point où l’antagoniste principal en devient presque une blague, tant ses attaques et sa pression psychologique ne sont plus aussi impressionnantes. Et je trouve ça vraiment dommage : ce second tome est clairement le ventre mou de la série. L’histoire n’avance que très peu, entrecoupée de scènes d’action très vite résolues, avant d’enchaîner sur un peu d’histoire, pour être de nouveau coupée par une scène d’action… Bref, ça tourne vite en rond, et on reste surtout pour continuer à découvrir les différents pouvoirs des clés, et surtout percer les secrets de la Keyhouse.
Le passé s’invite à la fête (Tome 3 & 4)
Fort heureusement, ce troisième tome est bien plus passionnant que le deuxième, car en plus de marquer la fin de la série, il nous donne également toutes les clés – wink wink – de compréhension de cette histoire. À commencer par les origines des clés : comment et pourquoi elles existent, à quoi elles servent réellement, comment la famille Locke en est devenue la gardienne, et bien évidemment, comment tout a dérapé pour en arriver à l’histoire racontée à travers ces trois tomes. Sans parler, évidemment, du combat final entre les enfants et Dodge… Tout y est vraiment très bien exécuté, et malgré les longs flashbacks – la moitié du tome quand même – le rythme est intense, sans que l’on ait le temps de s’ennuyer. Je trouve tout de même impressionnant d’avoir réussi à clore le récit aussi rapidement, sans avoir oublié de répondre à toutes les questions laissées en suspens. Et malgré un final un peu facile – le pouvoir de l’amour et de l’amitié –, il est appréciable de voir la famille Locke triompher. Les différentes difficultés et problématiques auxquelles ils ont été confrontés font que le lecteur arrive à s’attacher à cette famille, ou en tout cas ce fut mon cas, alors que je conspue l’utilisation du pouvoir de l’amour dans les œuvres de fiction.
Je fais un petit aparté sur le quatrième tome, qui est plus à considérer comme un tome bonus pour les fans. HiComics a rassemblé toutes les histoires annexes, fins alternatives de Locke & Key, et des key arts, afin de les compiler en un seul et même tome, proposant ainsi de continuer notre plongée au cœur de la famille Locke et de la Keyhouse. C’est ultra appréciable d’avoir droit à ce genre de contenus supplémentaires quand on sait qu’habituellement, cela reste cantonné aux États-Unis.
Il y a un an, donc, je concluais sur le fait que je me pencherais peut-être sur l’adaptation de Netflix, si l’histoire au complet me plaisait. Force est de constater que oui, un grand oui ! Locke & Key n’est pas exempt de défauts dans sa narration : il y a tout un tas de petits problèmes qui viennent entacher le récit, notamment à cause du côté teenagers, qui casse tous les enjeux graves et sombres du début de l’histoire. Malgré cela, l’idée autour d’une maison qui est un personnage à part entière, de clés mystérieuses qui donnent des pouvoirs, le tout avec un côté lovecraftien… je dois bien l’avouer : je suis piqué. Beaucoup de choses pourraient me rebuter, mais non, tout fonctionne étonnamment très bien sur moi, et je ne peux que vous conseiller de vous plonger dans cette histoire. Il se peut que vous soyez mal à l’aise face à certaines scènes très graphiques, ou perturbé par une narration quelque peu étrange par moments, mais laissez-vous guider dans la Keyhouse, et bientôt, vous aussi aurez les clés en main pour apprécier ces comics.
- La Master Edition de Locke & Key est disponible intégralement en librairies aux éditions Hi Comics.
- La série Locke & Key est disponible en intégralité sur Netflix.