Locke & Key – Tome 1 | Bienvenue à Lovecraft

by Mystic-Falco

Il y a encore quelques années, je faisais partie de ces gens qui répondent à la hype d’une œuvre fraichement sortie. Une nouvelle saison d’une série qui fait fureur, un nouveau film à découvrir au cinéma et évidemment un nouveau jeu qui vient de sortir. J’essayais, tant bien que mal, d’être toujours à jour sur absolument tous les fronts. Puis… ainsi va la vie. Entre le travail, les sorties et on va pas se mentir, la flemme… J’ai fini par arrêter de me mettre une telle pression, préférant alors découvrir ces œuvres au moment où je l’aurais décidé, quitte à passer bien après ce « train de la hype ». Néanmoins, cela ne m’a jamais empêché de garder tous ces noms de séries/films/jv dans un coin de ma tête en me disant « Oh ça, ça devrait me plaire, je me le garde pour plus tard ». Et c’est notamment du côté de Netflix que je me suis dis ça, à cause des sorties effrénées de la plateforme. Pour autant, il y a une série parmi d’autres que je me suis toujours promis de découvrir, à cause ou plutôt grâce à son auteur, à savoir Joe Hill.

Pour les trois du fond qui ne le savent pas encore, Joe Hill est un pseudonyme. Plus précisément, il est le nom de plume de Joseph Hillstorm King, à savoir le fils du grand Stephen King. Donc forcément, lorsque je vois des séries où le scénario est écrit par la progéniture d’un grand ponte de l’horreur, tout cela me rend très curieux. De fait, la série Locke & Key m’a intrigué assez rapidement, mais comme vous l’aurez compris je ne l’ai pas regardée lors de sa sortie sur la plateforme de SVOD. Cela ne m’a pas empêché de faire quelques recherches autour de cette nouvelle série évènement, pour me rendre compte qu’il s’agit d’une adaptation du comics du même nom, scénarisé donc par Joe Hill et illustré par Gabriel Rodriguez. Alors forcément, lorsqu’une nouvelle édition a été annoncée par Hi Comics, à savoir la Master Edition, éditée par Hi Comics, j’ai vu cela comme une occasion rêvée de découvrir l’œuvre originale, avant de pourquoi pas découvrir son adaptation.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

Lovecraft, vous avez dit Lovecraft ?!

© Hi Comics 2024 – © Hill, Rodriguez

Locke & Key s’ouvre sur la présentation d’une famille que l’on sent assez dysfonctionnelle. Elle nous est présentée avec deux parents, Rendell et Nina, ainsi que leurs trois enfants, Tyler, Kinsey et Bode. Au-delà des problématiques familiales, on sent rapidement qu’une menace les guette.  Le comics nous présente donc deux antagonistes qui vont, et ce dès les premières pages, attaquer la famille Locke. De cette attaque, seul Rendell ne survivra pas et pour protéger ses enfants, Nina décidera de déménager dans la maison familiale de son défunt mari. Le fameux manoir Keyhouse se situant dans la ville de Lovecraft.

C’est ainsi que débute notre histoire. Bien évidemment il nous est également montré à quel point la famille Locke a des problèmes, notamment une mère alcoolique et dépressive. Tyler, l’ainé, et Kinsey la cadette sont quant à eux complètement choqués de ce qui est arrivé, et souffrent de stress post-traumatique. Quant à Bode, le benjamin de la famille, il ne se rend pas bien compte des choses, sans doute du fait de son jeune âge. Suite à cette terrible attaque qu’ils ont subit, ils veulent tout faire pour s’en sortir, et cette nouvelle vie à Keyhouse est pour eux l’occasion parfaite pour paraître « normaux » aux yeux de la nouvelle ville dans laquelle ils ont emménagé. Cependant, leur quotidien qui n’était pas très reluisant, va être perturbé par la découverte de clés étranges et visiblement magiques, ainsi que le retour d’un vieil ami de la famille, qui a disparu depuis plus de 20 ans et qui pour autant n’a pas changé physiquement.

Avec un tel postulat, ma curiosité a été piquée au vif. Bien que le début du comics ne soit pas forcément simple à suivre, à cause de plusieurs sauts dans le temps qui peuvent se passer sur la même page et sans information de l’époque à laquelle on se trouve, tout finit par être clair à la fin du premier chapitre. Par ailleurs, cette Master Edition contient deux tomes complets, soit neuf chapitres au total. Les autres chapitres sont la suite logique de notre histoire, avec bien moins de saut dans le temps, où si cela arrive, tout est justifié grâce au déroulé du récit. Mais ce n’est clairement pas ce qui m’a le plus choqué lors de la lecture de Locke & Key. Non, ce qui m’a réellement interpellé c’est la violence qui se dégage de cette histoire.

Une violence justifiée ?

© Hi Comics 2024 – © Hill, Rodriguez

Que ce soit par la représentation de la violence physique, avec le massacre que les deux antagonistes du début de l’histoire vont faire, où encore de la violence mentale, en usant de la manipulation et du chantage pour arriver à leur fin. Tout est fait pour rendre ces personnages détestables. Pour autant, même si la violence qui découle de ce récit peut être perturbante pour certain·e·s lecteur·rice·s, force est de constater que tout semble justifié.

Joe Hill est reconnu dans le milieu pour proposer des histoires aussi étranges que perturbantes, mais il met également en évidence les problèmes d’une Amérique malade et il le fait avec brio. La plupart des histoires de crimes que l’on peut entendre se passent aux États-Unis. Que ce soit à cause de la légalité du port d’arme, ou encore à cause d’une santé mentale qui est mal prise en charge (voire pas prise en charge du tout) ; tous les ingrédients sont donc propices à de telle tueries. Évidemment, il n’y a pas que ça comme problème, mais c’est ce qui va être mis en avant dans Locke & Key. Des personnages qui ont besoin d’aide médicale, qui sont des rebuts de la société, et qui se laissent endoctriner par certaines voix qu’ils peuvent entendre. Les poussant alors à réaliser un tel massacre. Alors certes, peu de choses seront réglées dans ce sens, tout du moins au cours de ce premier tome. Mais il était important pour moi de parler de cette violence, car au-delà de ce qui est représenté au cours de cette histoire, il est aussi important de mettre en garde les lecteur·rice·s les plus sensibles. Beaucoup de scènes sont très graphiques, et même quand elles ne le sont pas, la violence psychologique que subissent certains personnages peut être assez traumatisante.

Des clés, du mystère et des enfants

Bien évidemment, Locke & Key ne résume pas qu’à la violence dont j’ai pu parler précédemment. Ce qui est surtout mis en avant c’est le mystère qui entoure la Keyhouse. Lors de l’emménagement de la famille Locke dans ce manoir impressionnant, Bode, le dernier enfant de la fratrie, va se promener un peu partout, jusqu’à trouver un puits. Pour s’amuser l’enfant va parler dans le puits afin d’entendre son écho. Ce n’est pas ce dernier qui va lui répondre, mais bien la voix féminine d’une personne qui semble être bloquée au fond du puits. Cette dernière va se lier d’amitié avec le benjamin de la famille, et va lui proposer de trouver des clés au sein de la bâtisse.

Et c’est grâce à cette chasse aux clés que l’histoire prend une tournure des plus intéressantes. Chaque clé possède un pouvoir. La première d’entre elles qui va être découverte permet à la personne qui l’utilise de quitter son enveloppe charnelle et ainsi devenir ce qui semble être un fantôme. Mais le personnage n’est pas mort pour autant ; pour retourner dans son corps, il lui suffit de repasser la porte dans l’autre sens. Bien évidemment cela pousse la·le lecteur·rice à se poser tout un tas de questions : y a-t-il d’autres clés ? (Oui évidemment !) Quels sont leurs pouvoirs ? Pourquoi ces clés existent-elles ? Quelle est l’histoire de ce manoir ? Et pourquoi le vieil ami de la famille dont j’ai pu parler un peu plus tôt souhaite s’accaparer des clés du manoir ?

C’est exactement pour ces raisons que j’ai voulu m’embarquer dans Locke & Key. Vivre ces mystères avec les personnages et en découvrir toujours plus. Mais être choqué également de la façon dont Joe Hill nous conte son histoire, à cause de la représentation de la violence, ou même la façon qu’il a de traiter ses protagonistes. Tout est mis en scène pour nous rendre curieux·euses. Alors qu’attendre de la suite ? Une chose est sûre, c’est que je ne regarderai toujours pas la série dans l’immédiat, même si je veux connaître la suite de l’histoire. J’attendrai les prochains tomes de la Master Edition avec une impatience certaine et, pourquoi pas ensuite, découvrir son adaptation. Mais une chose est sûre : la Keyhouse a encore beaucoup à nous faire découvrir et, pour ça, il nous suffit d’entrer notre clé de lecture dans la serrure qu’est ce comics.

  • La Master Edition de Locke & Key est disponible en librairies depuis le 5 juin 2024 aux éditions Hi Comics.
  • La série Locke & Key est disponible en intégralité sur Netflix.

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