Alors que les deux premiers tomes de Fire Punch m’avaient moins emballé que Chainsaw Man, force est de constater que la suite des aventures de Agni se trouve être bien plus intéressantes et profondes que je ne l’aurais imaginé. Là où je pensais que Fujimoto ne faisait que tenter des choses avec sa première œuvre « longue », enchaînant des scènes subversives juste pour choquer le lecteur, il arrive déjà à insuffler à son œuvre des questionnements sur sa place et son utilité dans le monde, via un héros sans repère.
Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par son éditeur.
De la libération à la découverte de son être
Alors que je pensais voir Fire Punch s’engouffrer dans une histoire basique de vengeance, limite « bas de plafond » tant les motivations et la façon dont tout est présenté laissent à penser ceci, le récit prend une toute autre tournure. Agni prend conscience de ce qu’il est réellement, et de ce qu’il peut apporter au monde ainsi qu’aux survivants. C’est alors avec cette prise de conscience qu’il va choisir de libérer tous les être humains prisonnier de Behemdolg, qu’ils soient humains « normaux » ou les êtres « élus » qui servent de « carburant » à leurs bourreaux. Tout cela ne va pas se réaliser sans mal et plusieurs combats, plus dantesques les uns que les autres vont avoir lieu. Cela apporte d’ailleurs des scènes complètements folles et spectaculaires dans leur mise en scène, comme la chute du ciel d’Agni, tel un ange déchu.
C’est à partir de ces trois tomes que le protagoniste de cette histoire prend enfin une consistance intéressante, et pour ma part m’a enfin donné envie de suivre ses aventures, tel le dieu qu’il devient et représente pour les âmes perdues qu’il a sauvé. Car oui, au-delà de l’aspect d’élu qu’est Agni, il en devient un dieu. Et c’est alors que Fujimoto s’amuse à complètement changer de style dans son récit. D’une simple histoire vengeresse, on passe à des questionnements sur la représentation que les autres se font de soi, l’image que l’on renvoie, et le culte qui peut être créé grâce aux actions que l’on accomplit. Même avec ça en tête, on a tout et rien dit en même temps, car chaque chapitre des tomes 3 à 5, redistribuent les cartes proposant toujours plus de profondeur aussi bien pour les personnages principaux que sont Agni et Togata, que pour le récit en lui-même.
Un plaisir morbide ?!
Tatsuki Fujimoto est un auteur qui aime faire subir les pires sévices psychologiques à ses protagonistes. À chaque fois que son héros trouve ne serait-ce qu’un peu de paix, il le détruit encore un peu plus. Alors qu’Agni trouve enfin le repos, après avoir pardonné à Doma, le tueur de sa sœur, il devient « Fire Punch », un être incontrôlable qui accompli la vengeance que le héros s’était résigné de faire. À cause des remords de cet acte, notre héros va vouloir se sacrifier, là encore il échoue et perd une personne qui lui est chère. Comme si tout cela ne suffisait pas, Agni va subir d’autres douleurs psychologiques avec cette fin du cinquième tome, dont je ne dévoilerai rien ici, mais qui me hante encore aujourd’hui tant la violence psychologique que celle-ci provoque en moi un tel sentiment d’injustice, et une profonde tristesse.
Il est clair que nous ne sommes pas dans un récit banal, et tout comme avant Chainsaw Man, Fujimoto s’amuse avec les codes préétablis des mangas en général, pour proposer sa propre vision d’un récit. Une vision pessimiste, sombre et qui n’épargnera jamais les héros qu’il crée. Je suis très curieux de lire la fin de ce récit, et d’en découvrir bien d’autres de sa part, tant le bonhomme a su imposer sa vision du manga, et proposer une relecture du média, très intéressante, profonde, même si par moment c’est extrêmement barré, tout est maitrisé du début à la fin.
- Les tome 1 à 8 de Fire Punch, sont édités par Kazé France et sont disponibles en librairies.