Atelier Resleriana: The Red Alchemist & The White Guardian | Apprentie alchimiste

par Anthony F.

Il faut remonter deux ans en arrière, en 2023, quand Koei Tecmo et le studio Gust, avaient fait le choix plutôt surprenant de sortir le nouvel épisode de la saga Atelier sur iOS et Android, puis un peu plus tard sur PC dans un modèle économique plus typé gacha. Ce jeu, c’était Atelier Resleriana: Forgotten Alchemy and the Polar Night Liberator. Deux ans plus tard, sa suite nous arrive sous le titre non moins longuet de Atelier Resleriana: The Red Alchemist and The White Guardian, cette fois-ci sur consoles, dans une structure plus habituelle pour la série. 

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’une clé PlayStation 5 par l’éditeur. L’histoire principale et la majorité des quêtes secondaires ont été terminées en environ 25h.

Disparitions et magie 

© 2025 KOEI TECMO GAMES CO., LTD. All rights reserve

On fait la rencontre de la ville de Hallfein, autrefois prospère, mais désormais ville fantôme après une mystérieuse tragédie qui a fait disparaître tous ses habitants. Deux jeunes gens, Rias et Slade, font le choix de revenir quelques années après les évènements. Rias veut rouvrir la boutique de son grand père disparu, tandis que Slade se questionne sur un objet que lui a laissé son père. Pas tout à fait fréquent dans la série des Atelier dont les protagonistes sont toujours des jeunes femmes, on peut donc incarner un homme, Slade, bien que les deux personnages restent centraux à l’aventure peu importe le choix fait en début de partie. Il faut remonter à Atelier Escha & Logy, en 2013, pour retrouver ce type de choix. En réalité, ce choix importe assez peu une fois passé les premières minutes de jeu et la rencontre des deux protagonistes, ainsi qu’une légère différence de point de vue sur l’histoire, puisque la quasi totalité du jeu reste identique dans les deux cas. Mais l’intérêt de ce duo de protagonistes c’est surtout d’aborder le mystère qui entoure la disparition des habitants de Hallfein sous deux angles : celui de l’alchimiste, Rias, qui va mettre ses pouvoirs à contribution pour créer des objets utiles à l’aventure (dans le plus pur esprit de la série), et l’enquête menée par Slade pour comprendre l’objet que lui a laissé son père, un fragment qui permettrait peut-être d’expliquer ce qu’il s’est passé. Plutôt attachant, le duo est dans le très haut du panier des personnages de la saga, avec une caractérisation efficace mais surtout de nombreux dialogues plutôt bien écrits qui donnent beaucoup d’épaisseur à ces deux personnages, foncièrement positifs, mais qui restent empreints d’une douleur immense, celle d’avoir perdu des proches de manière inexpliquée. Si l’histoire, en fil rouge, n’est pas toujours exactement captivante, la faute à certaines séquences qui traînent en longueur ou surtout des antagonistes sans véritable intérêt, le jeu brille par la relation entre ses deux protagonistes et leur évolution au travers de l’aventure. Plus mature dans son approche que d’autres titres de la série, ce nouveau Atelier Resleriana se révèle être, malgré son statut de suite, une bonne porte d’entrée pour celles et ceux qui voudraient découvrir de quoi il en retourne avec les Atelier. 

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C’est plutôt du côté des autres personnages que ça se gâte parfois. La faute à certains personnages tirés du premier jeu, sorti sur mobile, qui supposent qu’on les connaisse déjà et qui sont donc introduits assez sommairement. Idem pour la référence à certains évènements qui ne sont pas toujours expliqués. On note aussi quelques clins d’oeil, cette fois-ci plus sympathiques, à de précédents titres de la saga avec l’arrivée à nos côtés de quelques personnages bien aimés par les fans d’Atelier (Sophie, Totori, Ryza, etc.) Un bon point, qui non seulement fait vivre ce nouvel univers au sein de ses prédécesseurs, mais qui permet aussi de susciter quelques curiosités sur de précédents titres, avec pourquoi pas l’envie du côté des néophytes à s’essayer à ceux-ci une fois terminé ce dernier jeu en date. Pour autant, certaines apparitions tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, comme si Hallfein était soudainement devenue la ville préférée de toutes les alchimistes du monde, même si le jeu l’explique un peu maladroitement par le mystère qui entoure la ville et qui attire l’oeil. Pour autant, l’aventure est sympathique ; j’ai pris du plaisir à découvrir l’histoire de Rias et Slade, deux personnages émouvants, qui offrent quelques excellents moments et qui se révèlent un peu plus nuancés et complets qu’au premier contact. Son souci, c’est certainement ses antagonistes, peu mémorables, aux intentions assez bateau, et qui ne semblent être là que pour justifier l’existence de quelques combats de boss. En réalité, l’histoire trouve plutôt sa force du côté du mystère, la recherche des raisons qui ont fait disparaître les habitants du village, et plus généralement, ce qui permet aujourd’hui sa reconstruction.

Un village presque parfait

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L’objectif est simple : au-delà des mystères et de la peine, il faut reconstruire. Rias et Slade s’y engagent, en utilisant l’alchimie pour créer des objets à vendre et générer du commerce via la boutique du grand père de Rias, mais aussi en accomplissant de nombreuses petites quêtes pour les commerçants locaux afin de leur permettre de reconstruire leurs boutiques at attirer un peu plus d’habitants. Si cela sonne comme une célébration du capitalisme, on est plutôt dans le commerce de proximité ; tout le monde se connaît et s’entraide, avec un objectif commun, celui de redonner, littéralement, des couleurs à Hallfein. Car au fil de l’aventure et du développement du village, symbolisé par divers jauges à faire progresser (résidentiel, commerce, manufacture…) en vendant des objets et en accomplissant des quêtes, on voit les bâtiments être reconstruits, les rues retrouver des couleurs, et les lumières réapparaître, alors que la première visite de la ville est assez morbide, avec des rues vides et des bâtiments abandonnés. Le système de développement de la ville est assez basique : récupérer des ingrédients, créer des objets au sein du chaudron (qui fait plus sorcière qu’alchimiste), les mettre sur les étals du magasin et les vendre grâce à l’aide de petites fées (recrutées dans des donjons) qui donnent divers bonus passifs pour faciliter les ventes. Un système passif mais efficace, qui permet d’écouler ses stocks d’objets inutiles et de faire évoluer la ville, jusqu’à atteindre une limite de niveaux à faire sauter en allant du côté du kiosque commercial local qui nous fait passer à chaque fois de nouveaux caps en réalisant certaines recettes d’objets à leurs confier. 

Facilement accessible, le système d’alchimie et de recettes tombe vite sous le sens, très user friendly, avec plusieurs éléments d’accessibilité qui permettent d’explorer les recettes parfois un peu à l’aveugle pour en découvrir de nouvelles. Rien de vraiment obscure, si ce n’est peut-être quelques recettes “légendaires” en fin de partie, de telle manière à ce que le jeu ne soit jamais bloqué à cause d’une recette introuvable. Au contraire, le jeu incite à l’expérimentation tout en donnant toujours les bonnes pistes (visuelles ou textuelles) pour trouver les bons ingrédients et les bons mélanges, et tout ça fonctionne de manière très fluide. Un système efficace qui a déjà fait ses preuves dans les jeux précédents, et qui s’affine encore ici. Je ne suis pas un grand fan du craft dans les jeux vidéo, mais les derniers Atelier (comme les Atelier Ryza) l’ont rendu particulièrement agréable, et très rémunérateur aussi, en découvrant de nouvelles recettes très fréquemment pour ne jamais avoir l’impression de stagner. L’ajout d’objets au chaudron est facile, les combinaisons facilement compréhensibles, même si le système de niveaux pour les objets peut être un peu difficile à appréhender au début, mais ça ne présente pas vraiment de difficulté tout au long de l’aventure, à moins de vouloir absolument des objets parfaits. En réalité, il y a suffisamment de profondeur dans ce système pour être accessible tout en offrant un petit challenge pour celles et ceux qui auraient envie d’obtenir les meilleurs objets, meilleures armes et armures.

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Et pour obtenir les différents ingrédients, il faut explorer le monde. Découpé en petites zones ouvertes, le jeu permet d’explorer librement la ville, y trouver des quêtes secondaires et parler à tout le monde, tout en explorant donjons, plaines et “chemins dimensionnels”, sortes de donjons générés aléatoirement avec des faux airs de Tartare de Persona 3. Toutes ces zones sont accessibles depuis une mappemonde avec voyage instantané, et se découpe ensuite en une poignée de zones reliées les unes aux autres où se trouve ennemis à tuer et plantes, coffres et objets à récupérer dans la nature au moyen des équipements d’exploration précédemment concoctés dans le chaudron magique. Les combats, au tour par tour et assez classiques, reposent sur un système de forces et faiblesses élémentaires. Trois personnages combattent en même temps, jusqu’à trois autres sont disponibles plus tard dans l’aventure en soutien pour remplacer ou effectuer des attaques à plusieurs (en remplissant une juge d’ultime). Le système est classique mais marche bien, on sent l’expertise de Gust en la matière, qui ne réinvente pas la roue et qui s’en tient à des systèmes déjà éprouvés. Quant à la cueillette des ingrédients, cela consiste toujours à s’approcher des plantes, minerais, papillons et autres joyeusetés et leur asséner un bon coup de hache/faux/filet pour en récupérer des objets du le niveau est aléatoire mais progresse au fil du renforcement de l’équipement et de l’avancée de l’histoire (il est plus probable d’avoir un rang “A” en fin de partie qu’au début). Là aussi, c’est fluide, on ne s’arrête pas pour récupérer les objets, et c’est même très gratifiant quand on y joue en détente avec un certain intérêt pour la chasse aux collectibles, notamment après avoir créé les principaux équipements nécessaires (au bout d’une poignée d’heures). Le seul souci, c’est qu’il n’est possible de porter que 500 ingrédients au maximum avant de devoir retourner à l’atelier pour tout stocker (automatiquement). Un vrai souci, dans le deuxième tiers du jeu, alors que les ingrédients sont extrêmement abondants et que l’on parcourt notamment les chemins dimensionnels desquels il est impossible de sortir pour vider notre sac avant de voir le boss de la zone sans recommencer du début.

La douceur du grand air

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Pour embellir l’aventure, le titre repose sur un monde plutôt attrayant. Joli, avec des personnages typés anime comme d’habitude dans les Atelier, on y trouve un univers coloré avec une belle diversité de lieux. Pas un mètre étalon en matière de graphismes, ça reste un jeu plaisant à l’oeil grâce à sa direction artistique cohérente et sa mise en scène qui a des bons moments, malgré beaucoup de dialogues à bulles statiques. Surtout, c’est le character design qui fonctionne bien, Rias et Slade sont charmant·es, les anciens héroïnes des Atelier qui reviennent ont leur propre style et personnalité, même si du côté du bestiaire le jeu souffre malheureusement de beaucoup de “color swap”, c’est-à-dire la répétition de mêmes ennemis en changeant uniquement la couleur au fil de la progression pour en montrer des versions identiques mais d’une autre couleur, et plus puissants. Les environnements eux, reposent souvent sur des textures assez grossières qui ont une génération de retard, mais s’en sortent grâce à leur variété et surtout en donnant le sentiment de toujours offrir quelque chose de nouveau à découvrir. Un point essentiel dans une telle aventure. 

Que l’on veuille une aventure paisible ou y jouer les apprenti·es sorcier·ères avec le chaudron, Atelier Resleriana: The Red Alchemist & The White Guardian capte parfaitement l’essence de la licence et l’articule astucieusement autour de la relation attachante entre ses deux protagonistes. Si sa narration a des limites, notamment côté antagonistes, elle n’en reste pas moins agréable à suivre, tandis que les différents systèmes de jeu (craft, combats, exploration) forment un ensemble cohérent et toujours très accessible. Loin des préjugés sur une licence qui n’a pas toujours été bien heureuse, ce nouvel épisode est une des très bonnes surprises de la fin d’année, avec des protagonistes dont les imperfections donnent un air très humain à leur histoire. C’est, également, une bonne porte d’entrée à la licence grâce à l’accessibilité de ses systèmes, malgré quelques références narratives au précédent épisode sur iOS/Android dont on peut assez assez largement se passer pour comprendre celui-ci. 

  • Atelier Resleriana: The Red Alchemist & The White Guardian est disponible depuis le 26 septembre sur PC, PlayStation 4, PlayStation 5 et Nintendo Switch.

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