Until Dawn (2024) | Le chant du cygne

par F-de-Lo

En 2015, Supermassive Games gagnait en popularité grâce à un survival horror que d’aucuns qualifient de « film interactif » : Until Dawn. Grand succès de la PS4, le jeu narratif permit au studio de déployer tout un univers, qu’il soit directement relié au jeu, ou non. Ainsi, les titres se succédèrent : on mentionnera notamment les nombreux opus de The Dark Pictures Anthology. Même s’il était sympathique de vivre une aventure frissonnante, chaque Halloween, avec ses amis (en ligne ou en local) ; force est de constater que Supermassive Games semblait privilégier la quantité à la qualité. Non seulement les jeux ne représentaient pas des prouesses techniques, mais chaque scénario était plus ou MOINS palpitant. Ce ne fut malheureusement pas The Quarry (2022) qui me réconcilia avec Supermassive Games, malgré la sympathie que je peux lui vouer. Cette année, le plus grand succès du studio, Until Dawn, revient avec un remaster développé par Ballistic Moon, et non par Supermassive Games. En dépit de mon amour pour le jeu initial, c’est un projet que je n’attendais absolument pas. Et pourtant, il est parvenu à attiser ma curiosité, au dernier moment. Ce pseudo remake d’Until Dawn vaut-il le détour ? 

Cette critique a été réalisée suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.

Souviens-toi, neuf ans plus tôt…

From dusk till dawn… © Until Dawn, 2024

Until Dawn est, à certains égards, le jeu d’une génération, comme en témoigne son amour pour différents slashers des années 90. L’histoire démarre dans la dernière maison sur la gauche… Je veux dire, dans un chalet, au fond de la montagne canadienne, où les sœurs Washington disparaissent, suite à une plaisanterie ayant mal tourné. Un an après les faits, leur frère Josh décide d’inviter tout le groupe d’amis présent lors du drame, afin d’essayer de cicatriser les plaies. Malheureusement, des événements de plus en plus étranges surviendront dans le chalet et ses alentours. Déjà, sur PS4, le jeu se caractérisait par son ambiance inspirée de Resident Evil (on dit « coucou » aux caméras fixes) et ses graphismes très réussis, notamment grâce à la motion capture réalisée à partir de comédiens en chair et en os. On retrouve, dans la distribution, des noms assez célèbres comme Hayden Panettiere (Heroes), Rami Malek (Mr. Robot) ou encore Peter Stormare (Le Monde Perdu), dans le rôle du Docteur dérangeant qui nous psychanalyse (le pauvre, il sera servi avec moi). Côté gameplay, le jeu propose des phases d’exploration où l’on peut interagir avec des objets et chercher des indices (comme les Totems, et pas ceux de Baboulinet). On compte aussi des phases d’action où mieux vaut ne pas rater les QTE ni bouger quand le jeu recommande l’immobilité (perso, je m’en tape, je pose la manette sur la table basse). Mais Until Dawn est avant tout un jeu à choix. La moindre décision, y compris dans les dialogues, peut avoir un impact sur l’avenir des huit personnages jouables (et périssables).

Have you SAW that ?

« Ca va couper, chérie. » © Until Dawn, 2024

Ce n’est un secret pour personne, les premiers chapitres ne sont pas ce qu’il y a de plus palpitant. L’histoire met un certain temps à démarrer, les dialogues (comme les personnages) sont stéréotypés et les premiers jumpscares sont aussi nombreux que ridicules. Mais l’ambiance s’installe lentement et sûrement. L’intrigue déploie plusieurs pistes en même temps, si bien que le suspense est à son comble. Est-ce un slasher traditionnel, dans lequel la bande de jeunes va se faire tuer par un psychopathe, où y a-t-il une part de paranormal ? L’histoire est fantastique, au sens viscéral du terme, si bien que l’on hésite longtemps entre des explications logiques et paranormales. Et même quand une piste irrationnelle commence à se dessiner, on se demande encore à quelle sauce l’on va être mangés. Certes, Until Dawn est un jeu imparfait, et pourtant il mérite d’être (re)découvert. J’ai tendance à fermer les yeux sur ses défauts (évidents surtout au début), au profit de ses nombreuses qualités. Reste à savoir s’il suffit de (re)plonger dans l’aventure sur PS4, ou si le remaster vaut le détour…

Une refonte qui va vous TERRIFIER

*Dois-je leur dire d’acheter Until Dawn ?* © Until Dawn, 2024

Until Dawn n’est plus une exclusivité Sony puisque ce remaster a été pensé pour la PS5, mais aussi le PC. J’ai presque envie de l’appeler Remake tant le chantier orchestré est plus important que celui que j’avais imaginé. Cette version est un plaisir pour la rétine. Non seulement les décors et les jeux de lumière ont été améliorés, mais la modélisation des personnages également, puisque certains acteurs de la première heure sont revenus interpréter des passages. Sans exagérer, en dépit de quelques bugs, le jeu est magnifique. Autre surprise à laquelle je ne m’attendais pas, la mise en scène et le montage sont retravaillés, ce qui rend le titre à la fois plus détaillé et cinématographique. Cela inclut des instants inédits ou revisités, comme la mauvaise farce faite à l’une des sœurs, durant le prologue. Bien sûr, tous les choix faits par ce remake ne sont pas heureux. Le filtre apportant du grain à l’écran n’est pas du tout à mon goût et peut, par chance, être retiré dans les paramètres. La bande originale a été retravaillée et je suis déçue que la chanson phare d’Until Dawn « O’Death » ait été évincée du générique. Enfin, j’aurais aimé que les personnages soient moins rigides qu’un tank, même si cela fait aussi partie du charme des Resident Evil originaux. Okay, j’avoue tout ma biche, j’ai joué en VF ; mais la synchronisation labiale est assez désastreuse, par moments. Until Dawn, version 2024, réserve pourtant d’autres surprises plus agréables, que je vous laisserai découvrir. Je pense notamment à une liste de trophées différente. Chaque titre de trophée rend d’ailleurs hommage à un film d’horreur (et les jeux de mots sont meilleurs que les miens). Par-dessus tout, le jeu propose une fin inédite, annonçant très clairement une suite…

Verdict

Faut-il se munir d’Until Dawn ou non ? Ce remaster n’est pas paresseux. Il est tout désigné pour les personnes n’ayant jamais fait l’original, ou pour celles et ceux l’ayant adoré à l’époque. Beaucoup d’autres joueurs resteront sur leur faim. Certes, le ravalement des graphismes et de la mise en scène est impressionnant ; mais l’histoire est sensiblement la même et il n’est pas indispensable de dépenser 70 euros (prix de lancement), pour une malheureuse fin inédite. En revanche, j’aurais tendance à conseiller ce remake, dès qu’il sera plus abordable. N’oublions pas qu’il a été développé par Ballistic Moon. C’est peut-être pour cela qu’il est si beau et rafraichissant, bien au-delà des dernières productions de Supermassive Games. Ce remaster va-t-il, par la force des choses, remettre le studio déchu au goût du jour, comme s’il s’était agi d’un chant du cygne ? Peut-être. Une adaptation cinématographique (dont le tournage vient de se terminer) devrait sortir l’année prochaine. On n’y retrouvera pas le casting original (ayant sans doute trop gagné en maturité), à l’exception de Peter Stormare. Une suite au jeu a par ailleurs été annoncée. Encore faut-il qu’elle soit développée par Supermassive Games, certes…

  • Until Dawn est disponible sur PC et PS5 depuis le 4 octobre 2024.

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