En 2013, Naughty Dog sortit un survival horror qui, sans révolutionner le genre, fit l’unanimité grâce à une mise en scène travaillée et une plume aussi bien taillée que la pointe affûtée d’une flèche. The Last of Us rencontra un tel succès qu’il fut remastérisé sur PlayStation 4, en 2014, avant qu’une suite ne voie le jour, en 2020. Après une Partie II aussi sujette aux polémiques qu’excellente, Naughty Dog s’attela au chantier du remake du jeu original. The Last of Us Part I sortit ainsi en exclusivité, sur PlayStation 5, le 2 septembre dernier.
Cette critique a été écrite suite à l’expédition d’une clé numérique par l’éditeur.
The Path (A New Beginning)
Les aventures d’Ellie et Joël fêtent bientôt leurs dix ans. Ce n’est pourtant qu’en 2020 que je fis ma rencontre avec eux. Deux années – que dis-je ? quelques semaines – furent largement suffisantes pour faire de The Last of Us l’une de mes sagas favorites. Prétendre que j’attendais le remake avec impatience serait mentir. J’étais curieuse, bien sûr, et sans doute espérais-je, secrètement, que le studio se permettrait de ré-imaginer ou d’étoffer certaines scènes du jeu culte. Dans tous les cas, relancer The Last of Us était la promesse d’une aventure aussi haletante que poignante, émotionnellement. Et dès le prologue, le ton était donné. Pour la énième fois, Joël perdait un être cher, sous mes yeux. S’il s’agissait déjà de l’un des prologues les plus percutants du jeu vidéo, les graphismes retravaillés de la version PS5 le rendent virtuose. Les expressions faciales parfaitement maîtrisées des personnages intensifient les émotions de la scène. Malgré les a priori que je pouvais avoir face au remake – d’autant que je connaissais le jeu par cœur – les dés furent jetés. Je compris que The Last of Us allait de nouveau me toucher en plein cœur.
The Way It Was
Vingt ans se sont écoulés depuis que la société s’est effondrée à cause du Cordyceps. Joël survit, en Zone de Quarantaine, en compagnie de Tess. Lors d’une mission particulière, ils découvrent qu’Ellie est immunisée face au virus. Grâce à l’adolescente, un espoir réside peut-être pour l’humanité. Au fur et à mesure que l’histoire progresse, The Last of Us Part I s’impose comme une copie conforme à l’original, tant au niveau des dialogues que de la mise en scène. Cela se vérifie jusqu’à l’emplacement des collectibles. Les graphismes n’en charment pas moins par leur réalisme et leur propension à rendre non seulement les décors, mais aussi les personnages, plus crédibles que jamais. D’ailleurs, un mode photo permet de les immortaliser. Joël et Ellie se lancent dans une odyssée périlleuse, à travers l’Amérique. Même s’ils croisent parfois la route d’autres survivants, ils doivent lutter, seuls, contre une horde d’infectés mais aussi de chasseurs sans scrupule. Si l’exploration reste fidèle à elle-même, les confrontations sont plus actualisées, puisqu’elles empruntent des éléments de gameplay à The Last of Us Part II. Ainsi, les vitres peuvent être brisées et certaines morts sont très graphiques, dépendamment de l’endroit où l’on tire. Les réactions des PNJ sont plus humaines, dans la mesure où ils sont capables de vous supplier, avant que vous ne leur tiriez une balle dans la tête. Si l’on pourrait se laisser apitoyer par quelque chasseur, on rechigne moins à l’idée d’anéantir les maudits rôdeurs qui se tapissent dans l’ombre, et qui sont plus mis en valeur que dans l’épisode original. Grâce à des graphismes mais aussi des animations et des comportements variés, (une fois encore empruntés à The Last of Us Part II), les différents stades de l’infection sont nettement plus reconnaissables.
Vanishing Grace
The Last of Us étant ce qu’il est, l’aventure demeure forte en émotions. Nous sommes subjugué(e)s tant par des passages macabres que par des instants de grâce, glorifiés par la musique de Gustavo Santaolalla. On s’attache à Ellie, forcément. On est déchiré(e)s face au comportement de Joël, qu’on trouve à la fois terrible et compréhensible. Le dernier arc et l’épilogue sont d’autant plus fatals et poignants que l’on connaît les répercussions qu’ils auront sur le futur des deux protagonistes. Mais malgré toutes les émotions ravivées et intensifiées par ce remake ; mérite-t-il vraiment d’être acquis ? Au prix fort, le jeu ne vaut pas moins de 80€. Si l’on omet la refonte graphique, les changements sont mineurs. Naughty Dog a sacrifié le mode multijoueurs en ligne, mais maintenu l’intégration du DLC « Left Behind », dans lequel nous faisons la rencontre de Riley, la meilleure amie d’Ellie. Terminer le jeu débloque du contenu annexe : des galeries, des skins de personnages, des modificateurs de jeu (comme des filtres) ou encore des coulisses. Notons que la liste de trophées a, quant à elle, été largement simplifiée. Il n’est plus nécessaire de terminer le jeu dans un mode de difficulté particulier, afin de décrocher le sacro-saint trophée Platine. Les Claqueurs n’auront malheureusement rien de plus inédit à se mettre sous la dent. Le remake est, comme je le disais, une copie conforme à l’original, au point que certains collectibles – toujours bugués – peinent à être comptabilisés pour les trophées.
I Know What You Are
On en vient à se demander si The Last of Us Part I est un remake fidèle ou paresseux. Au moins aura-t-il permis d’éviter une nouvelle période de crunch aux équipes de Naughty Dog, et de préparer le terrain pour la série HBO, prévue en 2023. Aussi somptueux ce remake soit-il, je ne peux décemment conseiller aux fans ne connaissant que trop bien le jeu, de se précipiter dessus. Il reste indéniablement un must-have pour les irréductibles n’ayant pas encore eu le privilège de vivre l’aventure de Joël et Ellie. Pour en savoir plus, retrouvez l’analyse de l’histoire de The Last of Us, sur Little Gamers.
- The Last of Us Part I est un jeu disponible sur PlayStation 5, depuis le 2 septembre 2022.