Mashle – Tomes 9 et 10 | Les origines de Mash

par Anthony F.

Mashle a été une des bonnes surprises de 2021, et a continué en 2022 à distribuer quelques bons moments de rigolade dans un pastiche de Harry Potter (mais l’autrice transphobe) qui a su créer son propre univers et dépasser, donc, ce « simple » statut de pastiche. Il y a eu des coups de mous aussi, souvent sauvés par un humour toujours salvateur, mais à l’approche du dénouement du manga, l’auteur ayant annoncé à la fin du tome 11 que le manga entrait dans son arc final, on reste curieux par la manière dont le manga se trouvera une fin. Si celle-ci n’est, à ce jour, toujours pas annoncée, c’est avec le sentiment d’un dénouement proche à venir que je me suis lancé dans les tomes 9 et 10 de Mashle.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’exemplaires par l’éditeur.

Origines, élus et maux de l’univers

MASHLE © 2020 by Hajime Komoto/SHUEISHA Inc.

Pour débuter le tome 9, on repart sur un arc à base de tournoi, cette fois-ci non pas interne à l’académie Easton mais en confrontant les deux autres académies de magie qui composent le monde magique de Mashle. Le statut d’élu divin, que convoitent tou·tes les étudiant·es, se joue sur l’épreuve qui oppose les trois académies. Un défi conséquent pour le héros puisqu’il va falloir les battre, jusqu’à l’épreuve ultime qui se déroule dans le tome 10 au Manoir Grief, où chacun s’affronte en espérant devenir l’élu divin. Sorte de manoir labyrinthique duquel il semble impossible de s’échapper. Mais ce qui nous intéresse plus clairement que cet énième tournoi (dont le principe narratif commence à lasser, pour être honnête), c’est la nouvelle dynamique qui s’installe : on sait désormais que Mash Burnedead est l’enfant de Innocent Zero, et il va devoir affronter Domina, un autre enfant du grand méchant, dans un combat qui devrait être le plus difficile de sa vie. Une nouvelle tendance pour le manga et le récit, qui prend enfin un peu plus de hauteur sur le quotidien de l’académie. D’autant que pendant ce temps-là, les citoyen·nes apprennent qu’un·e candidat·e pour devenir élu divin n’a pas de pouvoirs magiques, s’ensuit une révolte dans ce monde qui ne tolère pas celles et ceux qui n’ont pas de pouvoirs, faisant de Mash une cible facile.

Et ce qui fonctionne particulièrement c’est le groupe, les amis que Mash s’est créés en chemin, alors qu’ils en arrivent à un point où ils et elles sont pratiquement prêt·es à mourir pour le voir réussir, dans un moment où un adversaire de taille, plutôt bien écrit et raconté, arrive au tome 10. C’est pas un mal pour un manga qui, jusque là, peinait à offrir des antagonistes vraiment marquants et mémorables. Mais à l’heure où l’auteur commence à songer à la fin de son manga, il était certainement important de combler ces lacunes observées au fil du temps. Certes, Mashle est avant tout une comédie, un shonen bourré d’humour, à tel point qu’on lui a souvent pardonné son intrigue étriquée et son absence de grands moments. Mais après dix tomes, on en espère bien mieux.

L’humour en berne

D’autant plus que ces tomes 9 et 10 mettent souvent de côté la nature humoristique du manga. Le manga manquant à côté de consistance sur sa narration, la lassitude prend le pas sur la fraîcheur initiale de Mashle qui m’a tant conquis à l’époque. La faute à un énième tournoi sur une dynamique similaire, sans grande inventivité ni dans les combats ni les adversaires (interchangeables, sans grande personnalité), à l’exception de l’ennemi évoqué plus tôt qui n’arrive qu’au dixième tome. Un dixième tome qui, tout de même, donne un peu d’espoir pour la suite, tant il arrive à renouveler certains moments de mise en scène, notamment lors d’affrontements au sein de salles du manoir où le groupe peut acquérir les étoiles qui leur permettront d’arriver à la fin de l’épreuve, une avancée par niveau qui ressemble à un jeu vidéo et qui fonctionne bien. C’est aussi un tome qui ramène un tantinet d’humour, avec un adversaire dont la faculté est de débiter les pires jeux de mots pendant qu’il se bat. C’est con, mais ça fonctionne.

Difficile quand même d’être toujours aussi accroché à Mashle. Le manga m’a longtemps fait rire, et il le fait encore, mais l’absence de moments mémorables, d’antagonistes intéressants et d’un fil rouge plus imaginatif fait peu à peu tomber le manga dans la case de ceux qui peinent à tenir leur promesse initiale. Hajime Komoto a dépassé le simple pastiche avec un univers bien à lui, mais il lui manque encore l’essence qui fait les grands shonen : de grands enjeux. La quête de l’élu divin reste trop convenue, trop attendue, pour pouvoir se suffire à elle-même. Il lui manque des moments marquants, des antagonistes intrigants et des personnages plus fouillés. Si le groupe de potes qui entoure Mash est sympathique, c’est malheureusement souvent des personnages unidimensionnels qui ne servent que de fonction pour des vannes qui sont, certes, souvent bien placées.

  • Les tomes 9 et 10 de Mashle sont disponibles en librairie aux éditions Crunchyroll.

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