Le premier opus de Haunted House est sorti sur Atari 2600 en 1981. A l’époque, il ne s’agissait guère plus que des contours d’une maison obscure, où il fallait éclairer chaque recoin avec une allumette, en dirigeant un protagoniste représenté par des yeux. Fantômes, obscurité et ennemis étaient au rendez-vous, en quelques polygones simples mais efficaces. Quelques remakes plus tard, Atari ré-imagine Haunted House pour cet automne 2023, afin de faire redécouvrir ce classique des années 80, considéré comme l’un des premiers jeux survival horror.
Une maison familiale hantée
Lyn Graves se met en tête de partir dans la demeure de son oncle Zachary, récemment disparu dans sa propre maison. Accompagnée de plusieurs de ses amis, elle pénètre dans le manoir… qui se révèle bien vite hanté. A elle et ses camarades de trouver les urnes permettant de capturer l’entité qui a enlevé son oncle, et transformé la maison en une demeure lugubre et emplie de monstres !
Avec un scénario très simple, Haunted House ré-imagine donc son ancêtre, quelques quarante ans plus tard. La maison pixelisée se transforme en une demeure aux couleurs variées, avec un design assez enfantin dans ses graphismes, mais pourtant charmant : couloirs, chambres et salles immenses, détails de peintures, de tableaux, lumières ici et là… et pourtant, l’ambiance n’est pas vraiment à la fête. Les pièces de ce manoir aux trois étages sont enchevêtrées de pièges, d’escaliers bloqués, de toiles d’araignées, d’étranges statues et poupées. De quoi donner une ambiance effrayante, mais de façon mignonne, dans un jeu bon enfant ou presque, où une lampe-torche est votre alliée pour éclairer les recoins et faire disparaître les ennemis.
Chacun des trois étages possède ainsi une ambiance différente. Le sous-sol (où sont enfermés les amis de Lyn au début du jeu), fleure bon les égouts et marais, avec une eau verdâtre, des murs et des escaliers de pierres. Le hall d’entrée, immense, a encore une certaine splendeur malgré les murs délabrés, les toiles d’araignées, les plantes mortes et la lumière lugubre. Les autres étages correspondent un peu aux boss qu’on y trouvera, changeant légèrement son bestiaire de monstres au fur et à mesure. Au premier, on affrontera ainsi une sorcière, au second, un vampire, au troisième, un fantôme. Histoire de nous plonger davantage dans l’ambiance, certaines pièces ont plusieurs issues, nous forçant à essayer différents chemins pour nous emmener vers les boss. Et outre les monstres, il faut compter bien des pièges dans ces salles emplies de téléviseurs hantés, de sarcophages, de vieilles antiquités et autres objets lugubres…
Si l’on débute avec la jeune Lyn, on peut progressivement délivrer et jouer ses compagnons de route. Chacun possède des capacités différentes (plus de rapidité, de puissance de torche, plus de vies, etc.) mais il vaut en vérité mieux se concentrer sur un personnage seul, dont on pourra augmenter les capacités et la puissance au fur et à mesure du jeu. On peut en effet améliorer ses compétences soit en les achetant, grâce aux rubis trouvés dans les différents coffres du jeu, soit en communiquant avec un étrange œil surnaturel, qui nous permet d’augmenter une capacité.
Un rogue-lite plus retors qu’il n’en a l’air
Est-ce un écho à la difficulté des anciens jeux des années 80, qui étaient si courts que la dureté en était dosée pour faire durer les parties ? Derrière son apparence légère et colorée, Haunted House est plus retors qu’il n’y paraît. Chaque échec ramène le protagoniste joué dans le hall d’entrée, forçant à recommencer tout le chemin parcouru, sans objets autres que les collectibles et les diamants, monnaie d’échange pour améliorer ses capacités. Lors des premières tentatives pour parcourir le manoir, autant dire que cela arrive souvent, le temps d’augmenter en compétences ! Car chaque étage génère aléatoirement ses pièces, donnant à explorer des décors familiers mais créés de manière procédurale. On retrouvera les mêmes structures de salles, mais pas forcément les mêmes missions, ennemis ou sorties à l’intérieur. Pour déverrouiller une pièce et passer à la suivante, on peut avoir pour but de tuer tous les ennemis, trouver une statue magique afin de la remettre sur un socle, faire disparaître des chandeliers enchaînés, récupérer la clef volée par un raton laveur…
Des pièces plus exceptionnelles existent. Certaines contiennent le fameux œil mystique pour augmenter ses capacités, d’autres la majordome ou le cuisinier du manoir, un vendeur d’objets ou encore un coffre dont l’ouverture fait apparaître des ennemis ou un objet magique. Quand l’étage est parcouru et son boss correspondant vaincu, alors on peut accéder à l’étage supérieur et continuer la progression, jusqu’au combat final.
Et ce n’est pas si simple qu’il y paraît, l’aléatoire jouant beaucoup. Un parcours sera plus ou moins réussi si l’on prend son temps pour se la jouer infiltration, en récupérant des bons objets de défense (pièges pour ennemis, nourriture pour retrouver de la vue, costume fantôme d’invisibilité…), mais aussi selon les pièces générées. En plus des ennemis variables, une salle peut mettre en difficulté par ses pièges (pics, créatures cachées dans les tableaux) ou par son nombre d’ennemis, si on se retrouve encerclé. Chaque ennemi a son point faible et son attaque, et mieux vaut mémoriser rapidement leurs patterns si on veut en venir à bout rapidement. Il est dommage que par moments, la maniabilité de la lampe-torche se révèle un peu hasardeuse quand on essaye de les tuer.
De quoi inciter à la prudence, sous peine de revenir au tout début et de recommencer. Heureusement, la génération procédurale permet aussi d’éviter l’ennui total de la répétition, rendant les nouveaux essais de parcours un peu addictifs. Allez, chaque run prend une bonne dizaine de minutes, on recommence ! Enfin, presque… Après une centaine de tentatives pour parvenir au grenier du manoir, la lassitude et la frustration s’installent. Cela n’est pas aidé par quelques bugs, non rédhibitoires mais agaçants, qui surgissent souvent à la mort d’un personnage et obligent à relancer le jeu : disparition de la seule porte de la salle, protagoniste qui se déplace au ralenti ou qui traverse le décor, mort qui arrive pile entre l’ouverture d’une porte et l’attaque d’un ennemi… Quelques-uns ont été corrigés depuis le lancement du jeu mais persistent.
En plus de l’aspect rogue-lite, des petites quêtes permettent de rallonger la durée de vie du jeu : récolter assez de diamants pour rénover le hall d’entrée, ou, surtout pour les chasseurs de trophées, trouver les quelques… 180 chats de la majordome, 50 outils de cuisine du cuisinier ou les 20 cartouches de jeux Atari. Un défi qui paraît impossible quand au bout de 16 heures de jeu, on n’a trouvé aléatoirement que 5 chats, 7 accessoires de cuisine et une dizaine de jeux Atari.
Conclusion
Haunted House vaut-il la peine d’une partie ? Il est assez charmant dans son gameplay et dans ses jolis graphismes, permettant de le prendre en main rapidement, même si en venir à bout demande de la persévérance et de la patience. Malgré ses airs faussement enfantins, il n’est donc pas sûr qu’un enfant ou un adulte choisisse de persister le temps d’arriver jusqu’au boss final. Cela reste tout de même sympathique de pouvoir découvrir cette ré-imagination d’un classique Atari et de l’histoire du jeu vidéo, même s’il aurait clairement gagné à être moins retors et rallongé par ses quêtes de collectibles. Bien que le jeu ne soit pas compliqué à comprendre si on connaît un peu l’anglais, il faut noter l’absence de traduction française. Un joli hommage, un peu à l’ancienne, mais pas forcément indispensable.
- Haunted House est sorti le 12 octobre 2023 sur Playstation, Xbox Series, Steam et Nintendo Switch