DC Infinite #13 | Destins cosmiques

par Anthony F.

L’histoire de l’ère Infinite de DC se passe au niveau cosmique ce mois-ci. D’abord avec le quatrième tome de Superman Infinite de Phillip Kennedy Johnson où le célèbre héros continue sa quête de liberté pour le peuple du Warworld, puis avec le deuxième tome de Dark Crisis on Infinite Earths chapeauté par Joshua Williamson où le Multivers se trouve toujours menacé par les Grandes Ténèbres. Probablement pas le meilleur mois pour se lancer dans l’aventure, puisqu’on se trouve au milieu d’histoires plutôt chargées et complexes, mais des tomes forcément nécessaires pour dénouer les nœuds des précédents tomes de ces deux séries.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’exemplaires par l’éditeur.

Superman Infinite – Tome 4, un guerre sans fin

© 2023 DC Comics / Urban Comics

Superman sombre dans la violence du Warworld, dans cettee dernière partie de la grande confrontation contre Mongul qui a occupé Superman très loin de la Terre. Une excuse, à l’époque, pour donner plus de place à son fils Jon Kent qui a repris le rôle de Superman sur Terre, mais aussi un moyen de confronter Superman à ses propres valeurs et à celles auxquelles il est prêt de déroger pour mener sa mission à bien. Une mission sur les traces des Phaelosiens, une colonie scientifique de Krypton qui a été bannie quelques millénaires plus tôt, mais qui constituent aujourd’hui les rares héritier·e·s de la planète natale de Superman. Des témoins d’une ère passée que Superman cherche à sauver, et force est de constater que malgré ses prémices plutôt intéressants, cette guerre s’éternise. On fait face à un récit qui semble ne pas trop savoir comment se conclure, jusqu’à ce qu’il tombe finalement sur un dénouement où le fameux « tout ça pour ça ? » m’est resté en tête comme un vilain arrière-goût. Moins réussi que ses précédents tomes qui, déjà, n’étaient pas entièrement convaincants, ce quatrième tome a pour principal mérite de tirer un trait sur cette histoire en attendant de voir ce qui arrivera ensuite, avec l’espoir que Superman revienne sur Terre.

Néanmoins il était quand même pertinent de raconter Superman dans cette position : loin de tout, seul, isolé, alors que sa force de caractère et le symbole d’espoir qu’il incarnait autrefois n’évoque que peu de chose auprès de celles et ceux qu’il veut sauver. S’il parvient peu à peu à réinstituer un peu d’espoir dans les têtes d’enfants qui n’ont connu que le malheur sur le Warworld, il n’en reste pas moins défié sur le terrain de ses propres valeurs. Un combat presque spirituel que Riccardo Federici, pour le coup, met plutôt bien en scène grâce à une certaine douceur dans son trait, avec des dessins qui opposent une certaine élégance à la violence d’un récit sans pitié. Peut-être moins inspiré sur la toute fin du tome, il reste un atout considérable pour donner plus de vie et de beauté à l’histoire écrite par Phillip Kennedy Johnson.

Dark Crisis on Infinite Earths – Tome 2, la guerre des mondes

© 2023 DC Comics / Urban Comics

Cette nouvelle grande crise de l’univers DC trouve déjà sa conclusion. Compilée en deux tomes avec quelques tie-in (les récits annexes publiés en complément de la série principale), Dark Crisis on Infinite Earths a eu le bon goût, contrairement à l’histoire de Superman au-dessus, d’aller au bout des choses sans trop se perdre. Cette grande crise causée par Paria, avec une Justice League disparue et des jeunes héros et héroïnes qui prennent la relève a eu ses bons moments, que ce deuxième tome vient conclure en offrant un dénouement aux limites de l’épique. Pas irréprochable, la faute notamment à une inconséquence assez marquée pour une histoire qui manque d’impact, Dark Crisis on Infinite Earths a néanmoins le mérite dans ce deuxième tome de donner une certaine prestance au fils de Superman, Jon Kent, assumant enfin d’être l’égal de son père, mais aussi à Nightwing qui s’offre une scène assez touchante auprès de Batman, assumant lui aussi de ne plus être qu’un simple sidekick.

Pour ce qui est de l’histoire elle-même, les considérations autour des Grandes Ténèbres sont vite oubliées pour revenir à l’espoir déchu de Paria, personnage torturé depuis toujours dans l’univers DC. Cette conclusion s’intéresse surtout à des univers alternatifs où étaient emprisonnés des membres de la Justice League, finalement pas mort·e·s (incroyable !) et bien décidé·e·s à revenir sauver le multivers. Ces univers alternatifs sont d’ailleurs racontés en introduction de ce deuxième tome avec trois épisodes de la mini-série Dark Crisis : Worlds Without a Justice League, centrés sur Batman, Wonder Woman et Green Arrow, où on n’apprend finalement pas grand chose et qui manquent globalement d’ambition. Une ambition qu’on retrouve heureusement dans les chapitres principaux de Dark Crisis on Infinite Earths où Joshua Williamson abat toutes ses cartes avec un côté très hollywoodien dans une action effrénée, avec ses rebondissements sur le fil, son méchant un peu victime de lui-même et des super-héros et héroïnes qui reviennent pile poil au bon moment. Et c’est d’autant plus plaisant à lire que ces chapitres principaux font le boulot pour raconter cette histoire d’action qui, bien qu’elle ne restera pas dans les mémoires tant il lui manque encore de grands moments vraiment marquant, a le mérite de se lire avec plaisir grâce à son rythme soutenu. Un récit qui évite avec brio l’une des erreurs récurrentes des grands évènements DC de ces dernières années (comme l’insupportable Metal), qui est celui des murs de textes bardés d’explications alambiquées et pénibles. Dark Crisis on Infinite Earths est peut-être parfois un peu bas du front, mais c’est rigolo.

  • Superman Infinite T.4 et Dark Crisis on Infinite Earths T.2 sont tous les deux disponibles en librairie aux éditions Urban Comics.

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