Chainsaw Man – Tome 3 à 6 | De l’amour au bout de la chaîne

par Mystic-Falco

À partir de quel moment vous avez l’impression d’avoir à faire à une œuvre qui va au-delà de ce que vous pensiez ? Pour ma part, je me rends compte de cela quand à chaque fin de tome, je me jette sur le suivant pour connaître la suite de l’histoire et surtout essayer de comprendre et/ou de deviner où veut aller l’auteur dans son histoire.

Je vous ai déjà partagé mon avis dithyrambique sur les deux premiers tomes de Chainsaw Man, écrit et dessiné par Tatsuki Fujimoto et édité en France chez Kazé, il est temps de vous parler des tomes 3 à 6 de ce manga qui n’a de cesse de m’obséder. Et évidemment, au vu du traitement de la suite du manga, il y aura des spoilers, vous voilà prévenu.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par son éditeur.

La tronçonneuse au « cœur » du récit

Alors forcément, Denji est le personnage principal de ce récit, mais l’auteur nous montre bien plus que ça. Au point d’en faire un pivot dramatique important. Beaucoup de personnages s’en prennent au démon tronçonneuse sans que l’on sache vraiment pourquoi. Évidemment ceux-ci sont des antagonistes, mais en aucun cas ils ne donnent les réelles motivations pour lesquelles ils veulent tuer et/ou s’approprier le cœur et la tête de Denji.

Malgré tout, durant ces quatre tomes, ce n’est pas moins de six antagonistes qui s’attaquent au héros. Même si on ne sait pas vraiment pourquoi, on se doute rapidement qu’ils sont tous à la botte du démon ultime à chasser, à savoir le Démon-Flingue. Maintenant la véritable question que nous sommes en droit de nous poser, c’est pourquoi ? Pourquoi ce démon veut à tout prix la mort de Denji ? Serait-ce parce que c’est la seule entité capable de venir à bout de ce démon destructeur ?

Seule la suite nous le dira, mais cette façon dont Fujimoto écrit son personnage principal est vraiment intéressante, car il le met dans une position tellement importante, grande et puissante, qu’au vu de sa façon d’écrire un manga, il pourrait être capable de tuer son personnage principal pour avancer dans le récit, et proposer un nouvel arc. Car oui, si vous n’êtes pas encore au courant, Chainsaw Man se termine en 11 tomes, mais une suite est prévue, proposant alors un nouvel arc, sous un nouveau nom. C’est ce qui fait que je me pose autant de question sur Denji. L’importance du héros au cœur de son histoire, avec un but ultime à atteindre, une série qui se termine rapidement et pour autant se voit offrir une suite sous la forme d’un nouvel arc. Ok mon obsession à connaître la suite de cette histoire vient d’en prendre encore un coup.

Des arcs narratifs puissants, mais étonnamment courts ?

CHAINSAW MAN © 2018 by Tatsuki Fujimoto/SHUEISHA Inc.

Dans l’écriture de Fujimoto, outre son personnage principal, c’est aussi sa façon d’écrire des histoires que je trouve être aussi bien originale que déroutante. Il y a très peu de moments ou le lecteur a réellement le temps de se poser. Tout va toujours extrêmement vite, au point même où par moment j’ai l’impression que l’auteur s’ennuie dans son histoire et qu’il souhaite passer très vite à autre chose.

J’ai ressenti cela notamment avec la résolution de l’histoire qui a mit à mal la section 4, en assassinant quasiment tous les membres de l’équipe. Il y avait un enjeu fort, et impressionnant pour un shonen. Avec tout un tas de nouveaux questionnements notamment envers des personnages qui ne sont pas réellement morts. La vengeance envers le groupe ennemi promettait d’être forte et incroyable ! Mais non… En quelques pages seulement Denji arrive à vaincre Samouraï Sword, un démon avec le même aspect que le Chainsaw Man, seulement au lieu d’avoir des tronçonneuses, ce sont des sabres qui lui servent d’armes.

Et ce n’est pas la seule fois où la résolution d’une menace est réglée en quelques pages seulement… Je trouve ça assez dommage dans la construction dramatique de l’œuvre, car malgré toutes ses qualités, c’est ce qui lui fait le plus défaut. On sent une lassitude face à un petit arc narratif de la part de l’auteur, qui souhaite se débarrasser rapidement de ce dont il ne veut plus parler. Pour aller dans cette nouvelle idée qui lui est venue et qu’il souhaite à tout prix partager avec le lecteur.

Une histoire… d’amour ?!

En plus d’être un manga qui s’amuse avec les codes du shonen pour les détourner à chaque fois qu’il en a l’occasion, Fujimoto met en avant ses personnages, en créant des histoires, plus touchantes les unes que les autres.

Dans un manga qui promet de l’ultra violence, avoir des scènes émouvantes envers deux personnages, à la limite de la romance ça peut dérouter. Mais force est de constater que tout se tient malgré tout et ce pour une raison simple : les différents développements de chacun des personnages importants au récit.

Il ne faut pas oublier que la motivation première de Denji pour combattre les démons, et notamment vaincre le Démon-Flingue, c’est la promesse de Makima qui lui offrira ce qu’il souhaite s’il parvient à tuer l’antagoniste. Par ces mots, notre héros va commencer à éprouver des sentiments envers sa supérieure, et très vite la quête principale de Denji n’est plus vraiment vaincre des démons, mais trouver de la reconnaissance et de l’amour auprès des personnages qu’il va croiser.

Même si tout cela peut sembler quelque peu facile, voire brouillon par moment, cela reste logique au vu de l’enfance et l’adolescence qu’a subi notre héros. D’un point de vue psychologique, il est évident qu’il recherche un amour qu’il n’a jamais reçu, qui plus est un amour féminin auprès duquel on va le voir courir à plusieurs reprises.

C’est d’ailleurs toujours très intéressant de voir que lorsqu’il pourrait conclure une histoire avec un personnage féminin, il est à chaque fois ramené à la réalité, soit par son amour qu’il croit être véritable envers Makima, soit parce qu’il se fait avoir. Car oui, la véritable faiblesse de Denji est bien l’amour et sa naïveté envers ce sujet.

Au cœur de la série

Nous voici donc rendu à la moitié de l’œuvre. Un récit qui n’a de cesse de m’impressionner, et de m’obséder tant je souhaite en connaître la conclusion. Il y a tellement de points intéressants à aborder qu’il est plus important pour moi de vous parler de tous ceux-ci, plutôt que de l’histoire en elle-même. Je souhaite vous donner avant tout l’envie de vous jeter à corps perdu dans ce manga, plutôt que de vous spoiler purement et simplement les différents arcs narratifs, surtout au vu des différents rebondissements que nous offre l’œuvre.

Certes l’histoire ne va forcément là où je l’imaginais dans le premier article que j’ai consacré à Chainsaw Man, mais justement, est-ce que ce n’est pas pour le mieux ? Je répondrai à cette question dans le troisième et dernier article sur l’arc Chainsaw Man, regroupant donc les onze premiers tomes de la série.

  • Les tome 1 à 11 de Chainsaw Man sont disponibles en librairies. 

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