Pour beaucoup d’entre nous, l’enfance a été bercée par les histoires et les films d’animation Disney. À chaque génération ses classiques, ses coups de cœur, ses personnages fétiches. Mais il existe aussi une face plus sombre, plus discrète, celle des films qui savaient nous glacer le sang sans prévenir. Une ambiance un peu trop glauque, un thème un peu trop adulte… et soudain, le merveilleux devenait inquiétant. On a tous, quelque part, un souvenir de ce moment où Disney a réussi à nous faire vraiment peur. Et si le jeu du jour décidait justement de réveiller ces vieilles frayeurs ? C’est exactement la proposition de Little Sewing Machine avec Bye Sweet Carole, un titre qui flirte avec le conte sombre tout en prenant des allures de faux dessin animé pour enfants. Après quelques péripéties techniques — heureusement corrigées par plusieurs patchs —, je peux enfin vous parler de ce jeu qui, croyez-moi, ne laisse pas indifférent.
Ce test a été réalisé suite à l’envoi d’un code PlayStation 5 par l’éditeur.
Un conte pas de fée

© 2025 Little Sewing Machine. Created by Chris Darril. Published and licensed by Maximum Entertainment France SAS. Developed by Little Sewing Machine, in collaboration with Meangrip Game Studios and Dreams Uncorporated. All rights reserved.
L’histoire de Bye Sweet Carole nous ramène au début du vingtième siècle, entre les couloirs froids de l’orphelinat Bunny Hall et les paysages enchanteurs — en apparence — du monde de Corolla, un monde imaginaire créé par notre protagoniste et son amie. Lana Benton, notre héroïne, est déterminée à retrouver son amie Carole, mystérieusement disparue dans des circonstances qui n’ont rien de rassurant. Et comme si cela ne suffisait pas, l’ombre de M. Kyn plane sur les deux mondes : un personnage inquiétant, animé par le désir de s’emparer de Corolla et de notre réalité.
Je n’en dirai pas davantage, histoire de ne rien divulgâcher. Mais malgré ses faux airs de conte de fées, Bye Sweet Carole raconte une histoire autrement plus sombre et complexe qu’on pourrait l’imaginer. Souvenirs refoulés, mécanismes de protection mentale, traumas enfouis… Le jeu explore des thèmes délicats avec une frontalité surprenante. Ce n’est clairement pas une aventure que je mettrais entre toutes les mains : certaines scènes ou révélations peuvent être lourdes psychologiquement, même si la narration parvient à offrir des résolutions satisfaisantes.
Ce qui frappe, finalement, c’est à quel point le jeu cultive une noirceur inattendue. En voyant la bande-annonce, je m’attendais à une esthétique sombre, mais pas à une telle profondeur émotionnelle. Et c’est justement là que le jeu excelle : il ose raconter une histoire sérieuse, sans édulcorer ses thèmes ni les rendre safe à tout prix. Comme un écho inversé aux contes modernes de Disney, Bye Sweet Carole nous plonge dans un monde fantastique façonné par le besoin de fuir ses blessures… avant de nous rappeler que les affronter est le seul moyen de les dépasser. Une profondeur des plus agréables à découvrir tout au long de son aventure, jusqu’à un final vraiment agréable à découvrir et à vivre. Et cette noirceur narrative se retrouve aussi dans la direction artistique… ou plutôt, se cache derrière un vernis digne des plus beaux contes animés.
Quand Little Sewing Machine ressuscite l’âge d’or de Disney

© 2025 Little Sewing Machine. Created by Chris Darril. Published and licensed by Maximum Entertainment France SAS. Developed by Little Sewing Machine, in collaboration with Meangrip Game Studios and Dreams Uncorporated. All rights reserved.
S’il y a bien une chose qui saute aux yeux dès les premières images de Bye Sweet Carole, c’est son hommage total et assumé à ce qui a fait la magie de l’âge d’or des studios Disney : son esthétisme. Le jeu adopte un style 2D entièrement dessiné à la main, qui rappelle instantanément les grands classiques de l’animation. À travers ses décors et ses personnages, Bye Sweet Carole nous ramène non seulement dans son propre univers, mais aussi dans nos souvenirs d’enfance, ceux où une simple image suffisait à nous émerveiller. Et ceux qui ont connu Dragon’s Lair y verront même un clin d’œil supplémentaire… mais j’y reviendrai.
Visuellement, le jeu impressionne immédiatement. C’est beau, vraiment très beau. L’animation est impeccablement maîtrisée, chaque mouvement est pensé pour rappeler une fluidité presque cinématographique, et les effets spéciaux viennent parfaire ce tableau déjà splendide. On sent une véritable ambition artistique derrière chaque plan, comme si chaque image avait été façonnée avec un soin maniaque. Et je dois saluer le travail colossal réalisé pour maintenir cette qualité lorsque c’est le joueur, et non une cinématique, qui est aux commandes. Car rester fluide en pleine action, dans les couloirs de Bunny Hall comme dans les paysages de Corolla, c’est un défi que beaucoup auraient échoué à relever. Pas Bye Sweet Carole. Ici, chaque geste du joueur trouve une réponse animée, précise et élégante, offrant une continuité visuelle rare dans ce type de production.
Revenons donc à Dragon’s Lair. L’influence ne s’arrête pas à l’esthétique dessin animé, Dragon’s Lair ayant été chapoté par Don Bluth (un ancien animateur de chez Disney, qui a ensuite réalisé ses propres films d’animations comme Brisby et le Secret de NIMH ou encore Anastasia). On retrouve également un héritage dans la façon dont le gameplay utilise les QTE, ces moments où il faut réagir au quart de seconde pour éviter une issue fatale. Bien sûr, tout est ici bien mieux calibré, bien moins punitif, mais le parallèle est amusant et évident pour ceux qui ont connu l’époque. Une sorte de pont générationnel, entre le souvenir d’un jeu culte et cette interprétation moderne, plus accessible mais tout aussi inspirée.
L’écho tendre d’un aurevoir
Bye Sweet Carole est, à mes yeux, bien plus qu’un simple clin d’œil à l’âge d’or de l’animation. C’est une œuvre qui embrasse pleinement ses inspirations tout en affirmant une identité qui lui est propre. Avec son esthétique soignée, son animation d’une fluidité folle et cette mise en scène qui pioche autant chez les grands classiques Disney que chez des jeux cultes comme Dragon’s Lair, le studio Little Sewing Machine signe une aventure à la fois nostalgique et résolument moderne.
Et, évidemment, vous commencez à me connaître, ce qui m’a le plus touché, c’est son histoire. Une histoire qui n’hésite pas à plonger dans des zones d’ombre, à explorer des thèmes difficiles, sans jamais perdre cette beauté presque fragile qui la traverse. Je ne peux que vous encourager à vous laisser happer par Corolla, à vous perdre dans ses couleurs pastel teintées de noirceur, et bien sûr, à lever le voile sur les mystères qui rongent l’orphelinat de Bunny Hall. Une aventure aussi sombre que lumineuse, qui mérite clairement qu’on s’y attarde.
- Bye Sweet Carole est disponible sur toutes les plateformes, depuis le 9 octobre 2025.