Butterfly Beast II – Tome 1 & 2 | Une âme humaine

par Mystic-Falco

Nous nous étions quittés il y a plusieurs mois de cela, sur une fin douce-amère avec les deux tomes de Butterfly Beast. Ayant beaucoup apprécié ce personnage qui nous était présenté, Ochô, je souhaitais en connaître davantage sur celle-ci, son passé et surtout la suite et fin de son aventure. C’est donc avec ce Butterfly Beast II, toujours écrit et dessiné par Yuka Nagate, que tout se joue. Là où nous avions laissé Ochô, en femme forte, indépendante, froide et surtout méthodique, on ressent très vite un changement dans le personnage, et cela est dû à la dernière confrontation de cette tueuse lors des dernières pages de la première partie de cette histoire.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’exemplaires par l’éditeur.

De tueuse, à humaine

© 2012 NAGATE Yuka All rights reserved.

Le contraste entre la première et ce début de seconde partie est assez fort. La rencontre à la fin du deuxième tome de Butterfly Beast, avec celui qu’Ochô traquait depuis si longtemps, Kazuma, l’a profondément marqué. Elle fait beaucoup plus d’erreurs, elle est moins méthodique, et en vient même à se laisser charmer par un homme, alors qu’elle était froide, calculatrice et parvenait toujours à ses fins. On sent que cet homme a un impact important sur la vie d’Ochô, au point même qu’elle devient l’ombre d’elle-même, prête à se laisser surprendre, même par les ennemies les plus faibles.

Elle devient un personnage complètement affaibli, et là ou je tenais une comparaison avec des personnages psychotiques que j’apprécie énormément dans divers œuvres de fiction, ces fameux personnages gris, Ochô en devient beaucoup plus humaine, plus tempérée et surtout elle en vient à faire des erreurs. Non pas que ce soit un défaut, car cela apporte énormément de profondeur au personnage principal, qui en contrepartie la pousse à devenir aussi plus faible, plus à même de perdre des batailles, et se faire blesser, voir même se faire humilier par ses supérieurs.

Un profond changement de ton, alors que la première partie de l’histoire présentait une figure féminine forte, voir limite déifier le personnage. Le début de cette seconde partie elle, déconstruit complètement Ochô et va même la pousser plus bas que terre. Mais ce changement de ton n’était-il pas nécessaire ? Afin de montrer qu’après la chute, on se relève plus fort et l’on arrive à vaincre ses démons… Nous le saurons très vite dans la suite de l’histoire, mais c’est en essayant de comprendre le pourquoi de cette évolution de personnage, que j’en viens à croire cela.

Didactique et passionnant

Il est vraiment intéressant de voir la façon dont est décrite l’ère Édo. Très didactique, et ce en très peu de pages, Yuka Nagate arrive à retranscrire tous les tenants et aboutissants de cette époque, qui nous est forcément inconnue pour nous Européens. Entre temps de paix, et fomentation d’une guerre naissante, absolument tout est très bien expliqué. De même, les quartiers des plaisirs sont des endroits reconnus dans l’histoire japonaise, et je trouve intéressant de voir la façon dont nous est présenté ce quartier, sans tomber dans le cliché et dans vulgarité. L’autrice nous montre avant tout à quel point cet endroit est stratégique pour les efforts de guerre et notamment pour le gouvernement en place. Mais pas seulement, il est aussi le talon d’Achille de ce même gouvernement, où les shinobis peuvent venir attaquer afin de faire tomber ce château. Surtout, dans le cas de cette histoire, quand tout repose sur une seule et même personne, à savoir Ochô .

Qui plus est, son point faible, celui qui la rend la humaine, lui fait perdre tous ces moyens, vient semer les graines du chaos naissant à Yoshiwara (nom du quartier). C’est pour cela que j’ai trouvé ces deux tomes complètement exaltants, là où la première histoire montrait une Ochô, forte avec quelques faiblesses malgré tout, cette suite nous montre à quel point elle n’est « qu’humaine », au point même où un nouveau pivot dramatique vient la déstabiliser et la plonger complètement dans les tourmentes de l’abandon de soi.

Je l’ai déjà dis lors de ma première chronique et je le redis ici, je n’ai jamais vraiment été attiré par ce genre d’histoire, mais Butterfly Beast a ce « je ne sais quoi » de plus. Un côté terriblement envoûtant, au point même de sentir les parfums du quartier de Yoshiwara et de se laisser happer par cette histoire, rempli de rebondissements rudement bien écrits et développés.

  • Les tome 1 & 2 de Butterfly Beast II sont disponibles en librairie.

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