The Witcher – Tome 1 : Un grain de vérité | Tale as old as Time

by Aleksseli

Au fil des années, les pérégrinations de Geralt de Riv, sorceleur de son état, ont conquis une audience de plus en plus vaste et diversifiée. Saga littéraire de dark fantasy que l’ont doit à l’auteur polonais Andrzej Sapkowski, l’œuvre a été adaptée en séries tv, jeux vidéo (lesquels se sont appuyés sur l’univers et les personnages pour en prolonger l’histoire) mais aussi comics. C’est de l’un de ces derniers dont nous allons parler aujourd’hui. Alors aiguisons bien nos lames d’argent et d’acier, enfourchons notre fidèle Ablette et chevauchons vers cette aventure illustrée.

Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par son éditeur.

Geralt de Riv est un homme inquiétant, un mutant devenu le parfait assassin grâce à la magie et à un long entraînement. En ces temps obscurs, ogres, goules et vampires pullulent, et les magiciens sont des manipulateurs experts. Contre ces menaces, il faut un tueur à gages à la hauteur, et Geralt est plus qu’un guerrier ou un mage. C’est un sorceleur…
Dans ce premier tome, une rencontre macabre au détour d’une forêt mène Geralt à un château abandonné et à son curieux hôte : Nivellen, une créature à l’apparence monstrueuse mais aux manières des plus civilisées. Le temps d’un repas, Nivellen se livre sur son passé, sa famille, et sur le maléfice qui l’accable. Si le poids de ses fautes l’a condamné à cette apparence de bête – un châtiment cher aux contes de fée – pourrait-il aussi y avoir un grain de vérité dans ces légendes, un grain de vérité qui l’aiderait à conjurer le sort ?

© 2022 The Witcher – Jacek Rembis & Jonas Scharf / Dark Horse – Hi Comics

Contrairement aux précédents comics parus jusqu’alors, lesquels narraient des aventures inédites du célèbre Loup Blanc, nous avons droit ici à une adaptation d’un texte d’Andrzej Sapkowski. Faisant partie du recueil Le Dernier Vœu, Un grain de vérité jouit d’une grande popularité auprès des fans de la saga littéraire. Relecture habile de La Belle et la Bête, la nouvelle met en lumière tout le talent de l’auteur polonais pour se réapproprier les contes classiques et les diluer dans son univers si particulier où la beauté danse avec le macabre et l’humour froid avec la fatalité.

Signer cette adaptation en comics n’était donc pas tâche si aisée à réaliser pour le duo Jacek RembisJonas Scharf (Avengers, Power Rangers), lesquels n’ont pourtant pas reculé devant le challenge. Avec un refus de l’exposition statique et didactique, les auteurs nous font entrer dans l’univers du Sorceleur de manière directe et organique. Restant au plus près de l’œuvre d’origine, ils ont su conférer un dynamisme au récit, que ce soit dans le texte ou dans les dessins, avec une mise en scène qui ne se fige jamais plus que de raison. Chose que l’on appréciera notamment lors des nombreuses scènes dialoguées. Ils ont su aussi parfaitement retranscrire les caractéristiques des personnages. Que ce soit évidemment Geralt, sorceleur rompu à l’aventure, aux mystères et au small talk avec sa jument, mais aussi, et surtout, Nivellen, cet homme-bête intriguant sur lequel repose l’essentiel du récit.

Peut-être pourrait-on reprocher aux auteurs de trancher un peu trop, de-ci de-là, dans le texte initial, et qu’en voulant coûte que coûte garder ce dynamisme ils en oublient parfois de se ménager des plages de respirations. Le comics dépasse à peine la cinquantaine de pages et aurait sans doute gagné à prendre un peu plus son temps sur deux ou trois scènes, notamment lorsque cela concerne le troisième personnage de l’histoire (dont nous n’en dirons pas plus, au risque de gâcher un peu le plaisir de lecture et découverte). Un petit regret quand on voit comment le dessin de Jonas Scharf se marie bien au texte de Jacek Rembis. Le travail esthétique colle parfaitement à l’univers et rappelle par moments certaines illustrations qui faisaient office de cinématiques dans les jeux vidéo The Witcher 2 et The Witcher 3.

© 2022 The Witcher – Jacek Rembis & Jonas Scharf / Dark Horse – Hi Comics

Il faut aussi noter l’excellent travail sur les couleurs réalisé par José Villarrubia. Les planches sont agréables à l’œil, engageantes et, pour la plupart, réussies. Tout juste mettra-t-on un petit bémol pour celles dédiées aux scènes de combat sur lesquelles Scharf semble moins à son aise (mais elles représentent une portion très congrue de l’œuvre). Et s’il fallait vraiment chipoter on pourrait également relever que Geralt ne fait pas assez « mutant » et que son design s’écarte un peu de la description faite dans les livres (où il n’apparaît jamais comme un bel éphèbe). Au final, rien qui ne gâche le plaisir de lecture ; un plaisir renforcé par la très bonne édition signée Hi Comics.

Un grain de vérité est donc dans l’ensemble une adaptation fidèle et réussie, sans doute pas indispensable pour celleux qui connaissent le texte d’origine mais disposant néanmoins de beaux atouts pour ravir les fans de la saga qui n’auraient pas lu les livres et happer des novices en quête d’une petite aventure dark fantasy de qualité.

  • The Witcher tome 1 : Un grain de vérité, sorti le 20 avril 2022, est disponible en librairie.

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