Cela fait maintenant quelques semaines que l’on parle de Mashle sur Pod’culture, un manga arrivé cette année en VF aux éditions Kazé Manga qui a su nous convaincre et nous surprendre grâce à son humour. Parfois résumé à un simple pastiche de Harry Potter, le manga de Hajime Komoto a pourtant démontré au fil des tomes qu’il avait bien plus que ça à offrir, avec un récit qui a une âme et une vraie ambition narrative. Désormais arrivé au sixième tome, sorti le 8 décembre 2021, il est temps pour le manga d’aller encore plus loin et d’ouvrir son récit vers de nouveaux horizons, après l’avoir esquissé le tome précédent.
Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par l’éditeur.
Partiels de magie
A la fin du cinquième tome, le secret de Mash se révélait à tous. Si certaines personnes peinent à croire la rumeur qui se répand comme la poudre à l’académie de magie, d’autres sont stupéfaites d’apprendre qu’un humain sans pouvoir magique puisse être accepté comme élève. A tel point que des dissensions plus fortes qu’avant encore se créent, avec notamment certains élèves qui se mettent en tête de mettre des bâtons dans les roues d’un Mash toujours aussi désintéressé et sans véritable réaction devant des situations ubuesques. C’est alors qu’il prend part aux épreuves de sélections qui soumettent les élèves à de nouveaux combats bien compliqués, où certaine·e·s sont prêt·e·s à lui faire la peau pour rétablir l’ordre au sein d’une école où l’élitisme ambiant ne supporte pas l’idée de sa présence. Des assassin·e·s se lancent donc à sa recherche, conséquence directe des révélations sur son état, tandis qu’on voit apparaître en filigrane une nouvelle intrigue qui opposera Mash à des personnes qui complotent en secret, tandis que le directeur de l’académie semble toujours avoir un certain intérêt à le protéger.
C’est alors que prennent place ces épreuves de sélection, c’est-à-dire une sorte de grand tournoi auquel les shonen nous habituent depuis toujours, avec quelques oppositions géniales et une galerie de « méchants » qui ne cesse de se renouveler et qui atteint de nouveaux sommets à cette occasion. C’est très certainement la force de Mashle ces derniers temps qui, en reprenant à son compte un aspect plus classique des shonen, parvient à les sublimer en appuyant sur des éléments classiques néanmoins réalisés avec beaucoup de talent. Voir défiler des antagonistes à l’allure des plus originales n’a rien d’étonnant dans ce type de manga, toutefois Mashle le fait très bien, et c’est probablement tout ce qu’on lui demande à l’heure de réorienter son intrigue vers un nouvel arc.
Vers une nouvelle approche
On retrouve d’ailleurs le côté très « pouvoir de l’amitié » des shonen, mais c’est plutôt bien amené, puisque les relations qui se sont soudées dans les premiers tomes permettent désormais à Mash de progresser et de passer une étape dans son rapport aux autres. Le personnage évolue positivement, dépassant au fil du temps son côté désabusé pour aller vers plus d’empathie et un rapport à ses ami·e·s qui se veut plus fouillé. L’histoire passe d’ailleurs la vitesse supérieure dans la quête pour devenir l’élu divin, avec des factions qui se révèlent et un objectif qui devient plus clair. Quitte souvent à mettre l’humour de côté dans un tome qui pense avant tout à relancer un nouvel arc face à une nouvelle menace, se limitant à quelques pointes d’humour distillées ici et là sans nécessairement chercher à offrir autant de rires que dans les précédents chapitres. Mais n’est-ce pas là, peut-être, une évolution logique pour un manga qui a besoin de se renouveler pour tenir encore sur la durée, en multipliant les approches sans pour autant renier ce qui fait l’essence même de son histoire.
Hajime Komoto avait besoin de réinventer, en quelque sorte, Mashle pour mieux avancer vers un nouvel arc. Et c’est chose faite, en mettant l’humour de côté (sans que le tome en soit dénué) et en insistant sur un ton résolument plus dramatique, avec une intensité intéressante sur le tournoi qui oppose le héros à bon nombre de nouvelles menaces. Depuis le premier tome, on s’interroge constamment sur la capacité de Mashle à tenir dans le temps, tant l’oeuvre de Komoto puise toute sa force dans son humour et l’absurde de ses situations. Mais force est de constater que six tomes plus tard le manga parvient encore à nous accrocher, grâce à une capacité de renouvellement qui permet à son histoire de ne jamais manquer d’intérêt et de nouvelles idées. Plus que jamais, on peut considérer Mashle comme l’une des plus belles sorties manga de l’année 2021, avec l’espoir que la série puisse continuer sur cette voie.
- Le sixième tome de Mashle est disponible en librairie depuis le 8 décembre 2021.