Il y a plusieurs semaines de cela, je vous faisais part de mon amour pour l’art pictural avec mon avis sur le manga Blue Period. Il se trouve que j’ai été de nouveau touché par la sincérité d’une œuvre ayant le même sujet. Plus encore, trouver une raison à sa vie, au travers de l’art. Je pense que c’est ainsi que je pourrai résumer au mieux Le Mandala de Feu, par Chie Shimomoto, premier seinen de la nouvelle maison d’édition Mangetsu.
Cette critique a été rédigée suite à l’envoi d’un exemplaire en service presse par son éditeur. (Note : Mangetsu est le nouveau label manga de Bragelonne, maison d’édition dont le directeur Stéphane Marsan a été mis en cause dans de nombreux témoignages d’anciennes collaboratrices l’accusant de harcèlement sexuel, suivi d’un silence assourdissant de l’éditeur. Cette critique d’un manga de Mangetsu ne saurait en aucun cas être une caution aux agissements reprochés et s’accompagne, au nom de l’équipe de Pod’Culture, d’un soutien sans faille aux nombreuses femmes qui ont témoigné récemment dans un article de Mediapart et qu’il convient d’écouter, de soutenir et de croire.)
Le feu de la vie
Alors que je m’attendais à un simple récit historique sur un peintre légendaire de la période Sengoku et de la destitution du dernier Shogun du Japon, il s’est avéré que Le Mandala de Feu est bien plus que ça. Le titre est une tranche de vie du célèbre Tohaku Hasegawa, avec l’intelligence d’intervenir dans sa vie, au moment où celle-ci à véritablement commencé pour lui. Lorsqu’il a eu la révélation, lui permettant de devenir l’homme qu’il est devenu, le tout suite à un incendie.
Outre l’aspect historique du manga, ce qui frappe surtout c’est l’aspect psychologique et les apprentissages de la vie. Tel un artiste « maudit », Hasegawa a affronté de nombreux refus avant de voir son œuvre enfin reconnue. Comme si cela ne suffisait pas, une fois qu’il fût un peintre renommé dans le milieu, il a continué à subir des épreuves, mais cette fois d’un point de vue personnel, dont il a du batailler afin de s’en sortir. C’est dommage cependant que cet aspect ne soit pas plus poussé dans le manga. Malgré cela, il y a un véritable travail d’introspection qui, lors de la lecture, m’a fait remonter tout un tas de souvenirs douloureux, sur lesquels j’ai dû énormément travailler pour en apprendre les aspects positifs, et ainsi continuer d’avancer, comme a pu le faire Tohaku Hasegawa.
Alors oui, les questionnements et autres remises en questions que vit le personnage sont sans aucun doute romancés, afin que le lecteur éprouve plus de facilité à développer une empathie envers le protagoniste. Cependant, l’aspect historique et la véracité des événements s’occupent parfaitement bien de l’identification que l’on peut avoir envers lui. Le tout étant magnifié par des dessins somptueux de l’autrice. Que ce soit dans les scènes du quotidien, ou celles imaginées par les personnages lorsque ceux-ci sont touchés par une peinture, le rendu visuel est véritablement incroyable. Toutes les peintures représentées dans ce one shot sont superbes, et prouvent la grandeur du peintre dont on nous conte l’histoire.
Le Mandala de feu est une lecture des plus agréables à suivre. Aussi bien par la biographie qui y est écrite, que par le dessin qui lui rend hommage. Mais surtout pour l’aspect humain et la légère représentation de la dépression qui y est faite. Même si nous ne trouvons plus de lumière dans notre vie, le feu qui est en nous, peut être ravivé par les gens qui nous entourent et nous aiment.
- Le one shot de Le Mandala de Feu est disponible depuis le 2 juin en librairie.