D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été particulièrement attiré par l’horreur. Déjà enfant, je regardais en boucle des séries et des films horrifiques. Si mes souvenirs sont bons, j’ai commencé à baigner dans ce style d’histoire grâce à Tim Burton, et plus précisément grâce à son poème, qui a ensuite été adapté en film d’animation : « L’étrange Noël de Mr. Jack », réalisé par Henry Selick. Depuis lors, j’ai toujours adoré ce mélange d’horreur et de conte pour enfants. Alors évidemment, lorsque je suis tombé sur la bande annonce de Gloomy Eyes, développé par Fishing Cactus, et sorti le 12 septembre dernier, j’ai tout de suite été séduit.
Ce test a été réalisé suite à l’envoi d’un code PlayStation 5 par l’éditeur.
Un conte macabre au parfum de poésie
Avant tout, il faut savoir que Gloomy Eyes est l’adaptation d’un court-métrage en VR sorti en 2020, toujours disponible dans une version sans casque sur le site d’Arte. Si l’histoire du film diffère légèrement de celle du jeu paru en 2025, la trame générale demeure la même : Gloomy, un petit garçon zombie, rencontre Nina, une humaine dont il tombe éperdument amoureux. Mais cet amour est impossible, car l’oncle de la petite fille, un prêtre intransigeant, s’est juré d’éradiquer tous les zombies afin de protéger les vivants.
Pour accompagner cette histoire, les développeurs ont opté pour une formule solo-coop. Le joueur incarne tour à tour Gloomy et Nina, chacun ayant ses propres capacités : lui peut lancer des objets pour interagir avec le décor, elle peut activer des boutons déclenchant divers mécanismes. Ensemble, ils doivent résoudre de petites énigmes pour progresser d’un niveau à l’autre. Rien de très complexe : les puzzles confirment le côté cosy-game de l’expérience, même si quelques imprécisions de game design peuvent parfois brouiller la compréhension de ce qui nous est demandé. C’est notamment dû aux éléments de décors qui se détachent difficilement des éléments avec lesquels nous pouvons interagir.
Soyons honnêtes : le gameplay n’est pas le cœur de Gloomy Eyes. Les énigmes, plutôt simples, servent surtout de prétexte pour avancer dans l’aventure et profiter de son atmosphère unique. D’ailleurs, en en révélant davantage, je risquerais de vous spoiler les solutions et de gâcher la découverte. Mieux vaut donc laisser le plaisir de la surprise intact, et s’attarder plutôt sur ce qui fait la véritable force du jeu : son histoire et son esthétique envoûtante.
Stop Motion et poésie macabre
Si j’ai évoqué Tim Burton plus tôt, c’est parce que Gloomy Eyes s’inscrit dans la lignée directe de son imaginaire. Dès les premières minutes, le jeu affiche ses influences : bien qu’entièrement conçu en 3D, il imite l’esthétique du stop motion, ce procédé artisanal qui donne vie à des objets figés en les photographiant image par image. Résultat : une animation volontairement saccadée, mais pleine de charme, renforcée par un univers visuel rappelant la pâte à modeler. Impossible de ne pas y voir un hommage aux films d’animation burtoniens.
Mais c’est surtout dans son histoire que le jeu achève de convaincre. Le récit, aussi simple soit-il, réussit à marier horreur et poésie grâce à la relation touchante entre Gloomy et Nina. On se laisse porter par l’atmosphère, guidés par un narrateur à la voix envoûtante, qui raconte cette aventure comme un conte macabre. Et le détail qui tue : ce narrateur n’est autre que le fossoyeur, personnage récurrent que l’on croise dans chaque niveau et qui propose même un défi annexe pour débloquer un trophée.
En combinant cette direction artistique singulière, une narration immersive et une ambiance oscillant entre douceur et frisson, Gloomy Eyes réussit à créer une expérience unique. Un jeu idéal pour se laisser happer par un Halloween mélancolique, où l’amour et la mort dansent main dans la main.
Gloomy Eyes n’est pas un jeu qui cherche à briller par son gameplay, et c’est peut-être ce qui en fera décrocher certains. Mais ce n’est pas l’intérêt du jeu. Ce titre se savoure comme on regarde un court-métrage d’animation : avec curiosité, émotion et un léger frisson. Entre son esthétique, son ambiance poétique et ses inspirations burtoniennes assumées, il réussit à créer une petite bulle hors du temps. Une expérience courte, mais suffisamment intéressante pour marquer les esprits. Si vous cherchez un jeu à l’atmosphère douce-amère, parfait pour une soirée d’Halloween, Gloomy Eyes saura sans aucun doute trouver sa place dans votre cœur de joueur.
- Gloomy Eyes est disponible sur toutes les plateformes, depuis le 12 septembre 2025.