Après avoir découvert Tatsuki Fujimoto au travers de sa deuxième œuvre publiée, qu’est Chainsaw Man et dont vous pourrez retrouver mes critiques de l’intégralité de cette série sur le site, il est enfin temps pour moi de découvrir le premier succès du mangaka, à savoir Fire Punch, édité en France par Kazé.
Je dois bien le reconnaître, il est vraiment intéressant de revenir à la base de ce qu’a pu produire un auteur, afin de comprendre ses inspirations pour la suite de ses œuvres, et également, de le voir gagner en maturité dans ses propos, ses dessins et sa narration.
Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par son éditeur.
La vengeance est un plat qui se mange chaud
Pour remettre Fire Punch dans son contexte, l’histoire se déroule dans une nouvelle ère glaciaire ou quasiment l’intégralité de l’humanité a disparu, et pour les autres, peinent à survivre. Parmi ces survivants, certains possèdent des dons surnaturels, c’est d’ailleurs grâce à ces aptitudes que l’histoire se focalise sur Agni et sa sœur Luna. Tous deux capables de régénération, ils utilisent ce pouvoir pour nourrir les habitants de leur village. Bien que ce ne soit pas une vie rêvée, notamment au vu de la difficulté pour survivre, une escouade arrive dans le village et, par le biais d’un être au pouvoir surnaturel, annihile ce dernier. Tout est détruit et tué à travers les flammes de cet être. C’est sans compter la capacité de régénération extrêmement puissante d’Agni, qui lui permettra après huit ans, de se relever et de vouloir assouvir sa soif de vengeance pour le meurtre de sa petite sœur.
Et c’est là que ça bloque pour moi. Non pas que je ne puisse pas comprendre cette soif de vengeance, mais parce qu’Agni est basico-basique. Il a un rôle de vengeur et son personnage ne va pas plus loin que ça. Il n’a malheureusement pas d’autre trait de personnalité, autre que celle-ci. Tout comme avec Chainsaw Man, j’ai l’impression que Fujimoto a beaucoup de mal dans la création de son personnage principal et c’est encore plus flagrant dans Fire Punch. Durant ma lecture de ces deux premiers tomes, j’en suis venu à me dire : heureusement que l’histoire se tient en quelques tomes, parce que réussir à développer un récit, ou la seule motivation est la vengeance et rien d’autre, ça ne mène pas à grand chose. Cependant, et tout comme avec son œuvre précédente, l’auteur s’éclate avec la création de ses personnages secondaires.
Du « méta » et de la folie
Il n’y aucun doute la dessus, Tatsuki Fujimoto adore les personnages complètement timbrés. On sent qu’il prend du plaisir aussi bien à les écrire, qu’à leur faire réaliser des actes horribles. C’est ainsi que l’on fait la rencontre de Togata, une cinéphile, dont la seule envie et de faire d’Agni le héros de son film. Prête à tout pour accomplir ses envies, elle en vient à réaliser des actes terribles, juste pour que cela passe bien à la caméra. Mettre en scène Agni dans son désir de vengeance, est ce qui la maintient en vie.
Mais … Et si finalement cette caméra, c’était le point de vue du·de la lecteur·trice ? Togata veut certes, réaliser son film, mais ce qui l’intéresse avant tout, c’est de voir ces personnages agir pour accomplir leur destin et qu’elle puisse de nouveau revivre le plaisir de regarder un film. Ce qui est dans le fond, notre cas. On se délecte de chacune des pages d’un manga, pour comprendre et connaître la suite de l’histoire de ces personnages qui nous passionnent tant.
Je l’admets, entre la folie de ce personnage et ce côté « méta » c’est ce qui me pousse à vouloir connaître la fin de cette courte histoire. On sent les balbutiements de l’écriture de l’auteur. Il a une idée bien précise en tête, et derrière, il va broder son histoire autour de celle-ci. La création et la motivation de son personnage principal n’étant pas ce qui l’intéresse le plus (pour preuve, la motivation de Denji dans Chainsaw Man étant de toucher une poitrine), il va faire graviter autour de ce dernier, des protagonistes et des antagonistes bien plus intéressants, avec des motivations réelles et profondes.
- Les tome 1 à 8 de Fire Punch, sont édités par Kazé France et sont disponibles en librairies.