Nous connaissons tous la fameuse phrase ; « le cinéma est un art et une industrie ». Une citation on ne peut plus vraie lorsque l’on voit tous les moyens mis en place pour créer un film. Cependant, j’aime surtout retenir que c’est un art, qui provoque des émotions au travers des histoires, des personnages, des dialogues etc… Nous sommes sans doute beaucoup à voir le septième art de la sorte, malheureusement peu d’élus peuvent se targuer de pouvoir réaliser un film. Et dans le milieu de la pop-culture, beaucoup sont ceux qui ont utilisé d’autres médias pour pouvoir partager leurs histoires et leurs émotions. L’exemple le plus connu selon moi est Hideo Kojima et cela se ressent énormément au travers de ses œuvres vidéoludiques. Mais le monde du manga n’est pas en reste. Cela fait maintenant plusieurs mois que je vous parle de cet auteur que j’ai découvert grâce Chainsaw Man et à Fire Punch. Dans ce dernier, il mettait déjà en lumière une fascination pour le cinéma, avec un personnage excentrique voulant par-dessus tout réaliser le film parfait.
Lors de la pause qu’a pris Tatsuki Fujimoto entre la première et deuxième partie de Chainsaw Man, il en a profité pour écrire et dessiner des one-shot dont je vous ai déjà parlé. Il en restait cependant un qui n’était pas encore publié en France, et voila qui est chose faite, édité par Crunchyroll nous pouvons ainsi découvrir son amour ultime pour le cinéma avec Adieu Eri.
Cette critique a été écrite suite à l’envoi d’un exemplaire par son éditeur.
De l’amateurisme à l’amour familial
Yûta, le personnage principal de cette histoire est un cinéphile, son rêve et but ultimes étant de réaliser des films. Cependant tout ne va pas se passer comme prévu, car le premier métrage qu’il réalise est à la demande de sa mère mourante. Elle souhaite qu’il immortalise ses derniers instants, et la filme jusqu’à sa mort. Chose qu’il fera avec beaucoup d’attention et d’amour envers sa mère, au point d’en réaliser un court-métrage qui sera reçu d’une terrible façon et détruira les espoirs et les rêves du jeune homme, de devenir réalisateur. Dépité et au fond du trou, il décide d’en finir, c’est à ce moment précis qu’il fera la rencontre d’Eri. Une jeune femme, cinéphile tout comme lui, qui a adoré son court-métrage. Cette rencontre changera ainsi la vie de Yûta, et les deux jeunes gens vont s’inspirer l’un l’autre, pour réaliser un nouveau film.
Comme toutes les œuvres de Fujimoto, la frontière entre le réel et la fiction est toujours très floue, cependant il ressort d’Adieu Eri, une certaine mélancolie. Un amour certes pour le cinéma, mais avant tout un amour à la vie. Même si nos personnages sont très clairement dépressifs, il se dégage de ce manga des lueurs d’espoirs. Que ce soit dans le choix de réalisation d’un nouveau film, d’une rencontre qui change la vie, et surtout d’une amitié qui se crée, aussi belle et forte que ce que la vie peut nous offrir. Malgré les difficultés de celle-ci, Fujimoto s’amuse très clairement à nous montrer tous les aspects que peut nous réserver la vie. Par ailleurs, lui qui parait extrêmement fan de cinéma, le découpage des planches de ce nouveau manga ressemble à s’y méprendre à un storyboard. Il n’est clairement pas difficile pour le lecteur d’y voir des plans qui auraient pu être filmés. Ce qui crée une double lecture des plus appréciables pour un manga qui utilise ce sujet afin de nous offrir l’une des plus belles histoires de l’auteur.
J’ai été particulièrement touché par ce que voulait nous transmettre Fujimoto. Déjà pour le sujet qu’est le cinéma. Je suis moi-même un cinéphile averti, j’ai fait mes études dans ce sens, et selon mon point de vue, le cinéma est l’art ultime. Il peut rassembler toutes les formes d’art en une seule et même œuvre. Mais s’il n’y avait que ça, le manga n’aurait pas grand-chose à raconter de plus. C’est avant tout pour son histoire de vie, de mort, d’amour, de dépression, d’amitié, et d’optimisme qu’Adieu Eri m’a marqué. Cela fait maintenant plusieurs jours que j’ai fini ce manga, et son histoire me hante encore aujourd’hui. Le tout étant appuyé à cause de ses personnages auquel on peut s’identifier si facilement.
J’aurais voulu, tout comme Yûta, terminer cet article de façon explosive. En vous tirant les larmes, comme j’ai pu pleurer moi-même lors de ma lecture, tant les émotions que j’ai ressenti au travers de ce manga ont été fortes. Mais je me contenterai simplement de vous conseiller une nouvelle fois de vous plonger allègrement dans ce que peut créer Tatsuki Fujimoto. Tout n’est pas parfait, mais on ressent la sincérité, l’émotion et une frontière très fine entre fascination et déconcertation.
- Adieu Eri est disponible en librairie depuis le 18 janvier 2023.